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Politique

Sarkozy enterre l'IUFM

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Exit l’IUFM. Bientôt, les enseignants rejoindront les bancs des universités "classiques", avant de prolonger d'un an leur formation. En échange, Nicolas Sarkozy promet d'augmenter les débutants.

Dès 2010, les enseignants ne passeront plus par la case des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres. Nicolas Sarkozy l’a annoncé lundi 2 juin, devant les cadres de l'éducation et de l'enseignement supérieur réunis à l'Elysée. Pour devenir enseignant, il faudra décrocher un master 2, c'est à dire un bac + 5.

Aujourd'hui : les professeurs entrent en IUFM à bac + 3, après un concours. Leur formation d'un an est ensuite partagée entre cours théorique et stage dans les classes.
Après la réforme voulue par Nicolas Sarkozy : en dernière année de master, après 4 ans et demi d'université classique, les candidats à l'enseignement passent deux concours, en janvier et en juin, entre lesquels ils sont envoyés en stage. S’ils réussissent, ils sont titularisés. La rentrée suivante, ils ont une classe, et bénéficie pendant un an du suivi d'un collègue du même établissement.

Nicolas Sarkozy supprime donc l’IUFM et allonge d'un an la formation des enseignants. En contrepartie, il promet une meilleure rémunération des débutants. Tandis que les universités se réjouissent de cette proposition du chef de l'Etat, les syndicats d’étudiants et d’enseignants sont inquiets et dénoncent « une vision gestionnaire du système éducatif », estimant qu'il s'agit « d'économiser quelque 30 000 emplois de stagiaires ».

Nicolas termine dans quelques semaines sa formation à l'IUFM de Versailles. Il n’est pas partisan de cette réforme : « Je pense qu’il ne faut pas supprimer l’IUFM. C’est important qu’il y ait des instituts spécialisés pour la formation des profs. N’importe qui peut arriver avec un master 2, en histoire, en langues bien sûr, mais ce n’est pas ça qui compte. Ce qui est important, c’est d’avoir une formation sur la psychologie de l’enfant, sur la pédagogie, des choses vraiment spécifiques à l’enseignement. On ne devient pas enseignant comme ça, en claquant des doigts, juste avec un super diplôme. Donc, à la limite, je préfère avoir une bonne formation et être moins bien payé. »

Pour ne pas lâcher les nouveaux professeurs dans un milieu totalement inconnu, la réforme prévoit un système de tutorat pendant un an auprès d'un enseignant du même établissement. Pour Serge Goursaut, directeur de l'IUFM de Versailles, ce tutorat est loin d'être suffisant : « Enseignant, c’est un métier. Et donc, c’est un métier qui s’apprend. Il y a des techniques, des notions de psychologie, de sociologie, qu’il est bon de connaître. Lorsqu’on met quelqu’un dans la piscine pour lui apprendre à nager, c’est bien d’avoir quelqu’un sur le bord qui lui donne des conseils pour qu’il ne se noie pas, mais c’est encore mieux s’il y a eu avant le maître-nageur qui lui a expliqué comment nager. Voilà, c’est un peu ça. C’est bien qu’il y ait un accompagnement d’un tuteur proche, qui est dans le même établissement ; c’est parfait, je n’ai rien contre. Mais je crois que c’est encore plus efficace si l’on a appris avant les rudiments de ce métier. »

Juliette VINCENT, avec Céline MARTELET