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Politique

Sarkozy au Vatican pour reconquérir les catholiques

Nicolas Sarkozy rencontre vendredi le pape Benoît XVI pour tenter de tourner la page des polémiques avec l'Eglise sur sa politique à l'égard des Roms et d'enrayer le "désamour" de l'électorat catholique à son égard. Il s'agira de leur troisième entrevue d

Nicolas Sarkozy rencontre vendredi le pape Benoît XVI pour tenter de tourner la page des polémiques avec l'Eglise sur sa politique à l'égard des Roms et d'enrayer le "désamour" de l'électorat catholique à son égard. Il s'agira de leur troisième entrevue d - -

par Yann Le Guernigou PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy rencontre vendredi le pape Benoît XVI pour tenter de tourner la page des polémiques avec...

par Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy rencontre vendredi le pape Benoît XVI pour tenter de tourner la page des polémiques avec l'Eglise sur sa politique à l'égard des Roms et d'enrayer le "désamour" de l'électorat catholique à son égard.

Il s'agira de leur troisième entrevue depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007 et le délai d'un mois - particulièrement court, selon les canons du Vatican - dans lequel elle a été organisée montre que le pape y attache aussi de l'importance.

"Les souhaits de l'un et de l'autre (le président et le pape-NDLR) se sont rejoints", déclarait le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, le mois dernier au quotidien La Croix.

De part et d'autre, on s'est employé à calmer le jeu après un mois d'août marqué par de vives critiques de plusieurs évêques français contre le démantèlement de tous les camps de Roms décidé par le chef de l'Etat fin juillet à Grenoble.

Dans ce contexte, une intervention du pape le 22 août appelant, en français et devant des pèlerins français, à "accueillir les légitimes diversités humaines" avait été vue par beaucoup comme une condamnation de la situation en France.

Au plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy se devait de réagir pour ne pas s'aliéner davantage un électorat catholique qui avait majoritairement voté pour lui en 2007.

Avant la visite au Vatican, un passage à la basilique de Vézelay, où il a de nouveau célébré "l'héritage chrétien" de la France, et la publicité faite autour de la diffusion à l'Elysée du film "Des hommes et des dieux" sur les moines de Tibéhirine ont été autant de signes adressés à ces électeurs.

ÉLECTORAT DÉBOUSSOLÉ

Chef de file des catholiques au sein de l'UMP, l'ancienne ministre Christine Boutin n'a pas hésité à parler de l'existence d'un "désamour" entre les catholiques et le chef de l'Etat.

"Cet électorat est très déboussolé. Quand je dis cela, je pense aux catholiques de droite - que je connais bien - comme aux catholiques de gauche", déclarait-elle récemment.

Une partie d'entre eux vivent mal les dernières mesures sécuritaires et le durcissement des lois sur l'immigration, comme en témoigne la pétition adressée récemment aux députés par un collectif de 45 associations chrétiennes, dont le Secours Catholique, dénonçant le texte examiné par le Parlement.

Coordinateur du collectif, Jean Haffner, qui est aussi responsable du département Etrangers, Roms et gens du voyage au Secours catholique, a déclaré à l'hebdomadaire La Vie qu'il attendait que Benoît XVI rappelle à Nicolas Sarkozy que "la France n'est pas seulement la fille aînée de l'Eglise, elle est aussi la patrie des droits de l'Homme."

"Les choix que nous accomplissons peuvent avoir des conséquences désastreuses dans d'autres pays qui seraient tentés de suivre notre exemple", a-t-il dit.

UN MÉCONTENT SUR DEUX

Les catholiques pratiquants, qui représentent autour de 15% de l'électorat, ont à l'inverse peu réagi à ces développements.

Directeur adjoint du département opinion de l'Ifop, Jérôme Fourquet note que chez ces derniers, la véritable rupture de tendance est intervenue à l'automne 2009 et a fait suite à des événements ayant porté atteinte à des valeurs sensibles.

Il cite ainsi la tentative de nomination de Jean Sarkozy à la tête du quartier d'affaires de la Défense, qui a provoqué des accusations de népotisme, ou la polémique sur le double salaire d'Henri Proglio à la présidence d'EDF et Veolia, qui a été vu comme symptomatique du rapport à l'argent sous Nicolas Sarkozy.

La controverse sur les écrits passés du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a quant à elle semé le trouble dans un électorat sensible sur les questions d'homosexualité.

"En un an, on est passé de 62-63% de soutien dans cet électorat à 50%. Un mécontent sur deux pour une population très à droite, ce n'est pas rien", souligne l'analyste.

Mais il ajoute que le recul de la cote de Nicolas Sarkozy ne s'est pas accentué depuis le début de l'été dans cette catégorie de la population.

"La surreprésentation chez les catholiques pratiquants des personnes âgées, plus sensibles aux questions de sécurité, explique peut- être cette situation", dit-il, en soulignant que les déclarations du pape et des évêques n'ont apparemment pas modifié la donne.

Dans ces conditions, "on peut s'interroger sur l'impact immédiat d'une simple visite au Vatican", déclare Jérôme Fourquet. "Ce qui s'est passé l'automne dernier est assez profond et sera difficile à gommer. En fin de compte, c'est sur un projet de société que les catholiques se détermineront."

Edité par Yves Clarisse