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Politique

Sarkozy à quitte ou double avec la Chine

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La Chine menace la France de représailles économiques si, comme prévu, Nicolas Sarkozy rencontre officiellement le Dalaï-lama ce samedi à Gdansk.

Pékin est très irrité par la rencontre prévue demain entre Nicolas Sarkozy et le Dalaï-lama à Gdansk pour le 25e anniversaire du prix Nobel de la Paix de Lech Walesa. Pour preuve, la participation de la Chine à un sommet avec l'Union Européenne présidée par Nicolas Sarkozy a été reportée.
La Chine qui, par la voix de son porte parole des Affaires étrangères déclarait : « qu'il ne pouvait y a voir de bonne atmosphère dans les relations commerciales, s'il n'y avait pas de bonne relations bilatérales. » Sous-entendu gare aux contrats de 20 milliards signés en novembre 2007 si le président français s'obstinait à vouloir rencontrer le symbole de la résistance tibétaine qu'est le Dalaï-lama.

Une première diplomatique qui déplait à Pékin

La pression est sur l'Etat français et Nicolas Sarkozy en premier lieu. Vrai que jamais un chef d'Etat français en exercice n'a échangé officiellement avec le Dalaï-lama. Seul François Mitterrand en 1993 l'avait rencontré, mais sans protocole et en toute confidentialité. Et c'est donc cette première toute symbolique, qui déplait énormément à Pékin. Philippe Cohen, spécialiste de la Chine décrypte la situation : « Pour Les Chinois, les 20 milliards de contrats que Nicolas Sarkozy avait signé voici un an, contenaient implicitement l'engagement de ne pas faire d'histoires, premièrement par rapport aux JO de Pékin et deuxièmement de laisser la Chine régler ses affaires intérieures, c'est à dire la question du Tibet du Dalaï-lama. Pour les Chinois, le fait que Nicolas Sarkozy rencontre le Dalaï-lama constitue un manquement à sa parole et donc il peut y avoir des répercutions : il y a peut-être, dans ces contrats, des clauses de confirmation qui pourraient être annulées par les dirigeants chinois. »

150 Airbus en suspens et Carrefour menacé

Ainsi EADS a déjà annoncé la semaine dernière qu'une commande chinoise de 150 Airbus avait été reportée. Et la rue chinoise se met au diapason de ses dirigeants. Comme en mars 2008, plusieurs blogs chinois appellent au boycott des produits français. Sur certains sites, le message est sans équivoque : « Sarkozy a mis la Chine en colère. On va boycotter Carrefour et tous les produits français. »
André Chieng est le représentant du Medef à Pékin. A son avis il faut distinguer ce boycott des consommateurs chinois et celui, plus délicat, des autorités chinoises : « Le fait d'aller acheter chez Carrefour ou pas, c'est une décision personnelle qui est prise par chaque chinois. L'effet n'en sera pas, à mon avis, trop important. Pour les achats d'avions, de trains, de centrales, c'est une décision qui peut-être politique. Mais elle ne l'est jamais entièrement. Les chinois tiennent toujours compte des intérêts économiques... Il faut bien voir que quand il y a une rupture, celle-ci est dommageable aux deux parties. Si la chine rompt avec la France, la France risque d'en souffrir plus que la Chine. »

La rédaction