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Politique

Royal s'invite à la table ronde agricole de Sarkozy

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Ségolène Royal s'est invitée ce jeudi à une table ronde sur les difficultés des agriculteurs présidée par Nicolas Sarkozy, provoquant un échange de piques enrobées d'une apparente courtoisie. Regardez les images ici.

L'adversaire malheureuse du chef de l'Etat français à la présidentielle de 2007 s'était plainte mercredi de ne pas avoir été invitée et avait averti qu'elle viendrait quand même à La Rochefoucauld (Charente) pour parler de la sécheresse.
Quand Jacques Chirac, le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, venait dans la région, "la courtoisie était de mise", avait-elle souligné, un rien acide. Elle a cependant assuré mercredi avoir finalement été invitée in extremis par le préfet de Charente.
"Il ne faut jamais oublier les principes républicains", a-t-elle dit à des journalistes. "Face à des crises et à une telle détresse des paysans français, il n'y a pas place pour la politique politicienne, ni pour des postures sectaires." "Ce n'est pas parce qu'on entre en période électorale qu'il faut tout politiser", a-t-elle ajouté.
En veste blanche et pantalon noir, elle a pris place au premier rang de l'assistance dans la salle omnisports de La Rochefoucauld et a écouté sagement Nicolas Sarkozy énumérer les mesures promises par le gouvernement pour les agriculteurs.

"Mme Royal, est-ce que vous souhaitez prendre la parole ?"

Interrogé plus tôt sur sa présence, Nicolas Sarkozy avait répondu à des journalistes, lors de la visite d'une ferme, qu'il gardait "un très bon souvenir" de leur débat télévisé de 2007, qui avait marqué un tournant de la campagne présidentielle. "Mme Royal, est-ce que vous souhaitez prendre la parole ?", lui a demandé le chef de l'Etat à la fin de la table ronde, déclenchant des huées qu'il a immédiatement fait cesser. "Si j'étais dans une situation inverse, je suis certain qu'avec votre tolérance bien connue vous me donneriez la parole aussi", a-t-il ajouté à l'adresse de son ancienne adversaire qui n'a pas raté l'occasion de prendre le micro.

Sarkozy contre la réquisition

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Ségolène Royal a défendu une initiative de sa région, qui a débloqué cinq millions d'euros pour verser des aides pouvant aller jusqu'à 2.000 ou 2.500 euros par exploitation aux agriculteurs de Poitou-Charentes victimes de la sécheresse. Elle a demandé l'interdiction du broyage des pailles par les céréaliers, le blocage des prix du fourrage et la réquisition d'une partie des céréales destinées à l'exportation pour fournir aux éleveurs de quoi nourrir leur bétail.

Nicolas Sarkozy a répondu sur le premier point que le gouvernement avait devancé sa demande en autorisant les préfets à prendre des arrêtés d'interdiction du broyage des pailles. Il a en revanche estimé que la conclusion de contrats de fourniture de fourrage à prix fixé était préférable à un blocage des prix : "On peut maintenir le blocage comme une menace mais je préfère la contractualisation."
Il a rejeté l'idée d'une réquisition de céréales, à quelques jours du G20 agricole du 22-23 juin sous présidence française, en invoquant un isque de flambée des prix mondiaux. "Comment pourrais-je dire aux autres de ne pas faire ce que nous ferions ?" a ajouté Nicolas Sarkozy, qui a rappelé que la France demandait au G20 d'interdire les décisions unilatérales de suspension des exportations de céréales.

Ségolène Royal a néanmoins estimé quelques minutes plus tard devant des journalistes que l'idée d'une réquisition partielle allait faire son chemin. Elle s'est par ailleurs félicitée d'avoir obtenu une "réponse positive" sur le broyage des pailles. "C'est au moins ça de gagné aujourd'hui", a-t-elle dit, tandis que le cortège du chef de l'Etat s'éloignait.

La Rédaction, avec BFMTV et Reuters