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Politique

Royal au Zenith : « Madone » ou « Club Dorothée » ?

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En organisant un « rassemblement pour le fraternité », Ségolène Royal en a profité pour renouveler le genre du discours politique. Réactions.

Beaucoup de socialistes n'ont retenu qu'une chose du week-end, c'est le one-woman show de Ségolène Royal lors de son rassemblement pour la fraternité (avec Trust, Hervé Vilard, Cali...) au Zénith samedi soir. Ses amis la trouvent plus que jamais formidable, à l'écoute des Français. Ses adversaires, dans et en dehors du PS, critiquent le fond (la posture de victime a du mal à passer de même que la personnalisation) et la forme (le jean, la tunique, les cheveux bouclés, le prompteur à l'américaine).

Style ou secte
« C'était énorme », confiait une de ses proches après la soirée, « elle a enfin trouvé son style » renchérissait un autre, « elle au moins elle sait parler aux gens ». Ses adversaires socialistes au contraire sont atterrés : selon un militant « elle ridiculise nos idées », tandis que Henri Emmanuelli dénonce « un genre de cérémonie entre le show business et le rassemblement de secte ». Bertrand Delanoë a estimé qu'il n'avait « pas besoin d'aller au Zénith pour être fraternel », pendant que Martine Aubry se contentait d'un « Chacun son style » laconique.

Intuitive et généreuse
Dominique Besnehard, « l'agent des stars », s'est engagé auprès de Ségolène Royal et a, en grande partie, organisé ce « rassemblement pour le fraternité ». A ceux qui accusent Ségolène Royal d'avoir fait un « show people », il répond : « Ségolène est l'une des personnes les plus intuitives que j'ai rencontrée, elle a un rapport fort avec les gens, elle sent qu'il y a un vrai problème, que les gens sont moroses... Il faut au contraire savoir qu'il y a des énergies, qu'il y a une jeunesse, et ne pas se dire « Voilà, il n'y a rien à faire, attendons ». En tout cas, il y avait quelque chose de très œcuménique, de très généreux et surtout absolument fraternel, c'est ce qu'on voulait ».

Une opération de communication
Pour Christian Delporte, historien des médias, « ce qui est le plus frappant, c'est dans la forme. La mise en scène de la politique n'est qu'un élément du spectacle où Ségolène Royal se transforme de Madone en rock star télévangéliste et tout se situe finalement sous le registre affectif et l'attachement à la personne même de Ségolène Royal. Ce qui est frappant, au-delà de la transformation de son look, c'est son attitude. On l'a connue dans ses meetings présidentiels derrière un pupitre, incapable d'esquisser le moindre geste, et là c'est tout le contraire. Je crois qu'au Zénith c'était d'abord une opération de communication ».

Antisarkozysme et victimisation
Du côté de l'UMP, la porte-parole Chantal Brunel estime que « Sur le look, sur la forme et dans le style, c'était plutôt sympathique. Dans le fond, j'ai trouvé ça plutôt creux. Elle a toujours les mêmes recettes, c'est l'antisarkozysme primaire et la victimisation. La musique et le décor ont changé, les paroles sont les mêmes. Il y a une chose qui m'a un peu choquée, c'est qu'aujourd'hui la politique n'est pas un show. Il est quand même assez étonnant qu'une responsable politique de ce niveau s'exprime d'une manière aussi légère dans un moment aussi grave. Ca pourrait faire penser au Club Dorothée ! »

La rédaction et Annabel Roger