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Rocard : « Ne pas faire paniquer les gens »

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La "Contribution Climat Energie", ou "taxe carbone" fait débat. Michel Rocard, auteur du rapport sur le sujet, tente de rassurer les Français, inquiets pour leur pouvoir d'achat.

Jusqu'à 300 euros par an pour un ménage français sur 2. C'est ce que devrait coûter la "Contribution Climat Energie" dès 2010. C'est en tous cas le chiffre avancé il y a peu par Michel Rocard, auteur du rapport sur le sujet. Une estimation qui a contribué à ranimer le débat sur cette "taxe carbone" et sur laquelle l'ancien Premier ministre revient aujourd'hui : « C'est une évaluation probabiliste derrière laquelle nous n'avons pas de calcul scientifique, de ce que pourrait coûter, pour un ménage moyen... C'est un chiffre qui ne vaut pas grand-chose. » Rappelons que cette taxe carbone s'élèverait à 32 euros pour chaque tonne de CO2 émise dès l'an prochain, pour atteindre 100 euros en 2030 et ne serait que partiellement compensée.
Revenant également sur l'intitulé de son projet, Michel Rocard ajoute : « Appelons-la "Contribution climat énergie". Parce qu'on va garder le nom de "taxe carbone" pour ce qui concerne l'ajustement aux frontières. Mieux vaut ne pas se mélanger les pédales et l'appeler "Contribution climat énergie", d'autant qu'il faudra peut-être dans l'avenir en étendre le champ à d'autres gaz que le gaz carbonique, comme le méthane et le protoxyde d'azote, qui sont aussi des gaz à effet de serre. »

« Laissez tomber cette idée de fracas fiscal »

Alors que certains voient en cette taxe carbone une véritable "usine à gaz", tant les cas de consommation de carbone sont différents et multiples, Michel Rocard défend son projet : « Il ne faut pas faire paniquer les gens. Ce qui est une usine à gaz c'est l'organisation de la société moderne. On a besoin de faire changer les comportements et de dissuader la production excessive d'énergie. [...] Et il y aura des compensations bien évidemment. Le problème est de pousser les gens à changer de comportement énergétique, et pas de les martyriser, ni de manger leur pouvoir d'achat.
Laissez tomber cette idée que nous sommes dans le fracas fiscal. Il faut bien comprendre que si on se met à affoler le monde, pour le plaisir de parler, on rend la taxe insupportable. Mais c'est vrai qu'il faut accélérer, si nous ne voulons pas que la planète devienne une poêle à frire, dans 7, 8, 9 générations. Il y a là une urgence ; tout le monde est d'accord là-dessus. Et parce que le traitement fiscal est plus efficace que des subventions distinctes et dont on mesure mal l'effet aujourd'hui. »

« Aller vite mais rester attentifs aux problèmes »

La Contribution climat énergie en vigueur dès janvier 2010 ? C'est ce que souhaite Michel Rocard, qui précise : « Je souhaite qu'elle entre en vigueur dans les conditions les plus incontestables et les meilleures, pour être bien comprise et bien acceptée. Et c'est long à faire. Mon souhait est que cela aille aussi vite que possible. Parce qu'il y a une urgence sur le fond. Mais pas au prix de la précipitation administrative et de l'inattention aux problèmes sérieux : à savoir, l'agriculture, les ménages ruraux - banlieusards lointains, ou à horaires atypiques, ou qui se chauffent au gaz... »

La rédaction-Bourdin & Co