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Rigueur dans la dépense mais pas rigueur économique, dit Fillon

Interrogé sur son utilisation la semaine dernière au Japon pour la première fois dans le contexte actuel du mot "rigueur", François Fillon a répondu que la France gérait sa dépense publique avec rigueur mais ne menait pas une politique économique de rigue

Interrogé sur son utilisation la semaine dernière au Japon pour la première fois dans le contexte actuel du mot "rigueur", François Fillon a répondu que la France gérait sa dépense publique avec rigueur mais ne menait pas une politique économique de rigue - -

PARIS (Reuters) - La France gère sa dépense publique avec rigueur mais ne mène pas une politique économique de rigueur, a déclaré lundi François...

PARIS (Reuters) - La France gère sa dépense publique avec rigueur mais ne mène pas une politique économique de rigueur, a déclaré lundi François Fillon.

Le Premier ministre était interrogé sur son utilisation la semaine dernière au Japon pour la première fois dans le contexte actuel du mot "rigueur", que l'exécutif, en particulier le président Nicolas Sarkozy, évite d'employer, le jugeant trop négatif.

"Oui, nous menons une politique de rigueur s'agissant de la dépense", a dit François Fillon en Nouvelle-Calédonie, selon une transcription transmise à la presse par Matignon.

"Non, nous ne menons pas une politique économique de rigueur, parce que nous n'avons pas choisi de baisser les salaires des fonctionnaires, comme l'ont fait beaucoup d'autres pays européens, nous n'avons pas choisi d'augmenter la TVA de deux points comme le font nos amis britanniques", a-t-il ajouté.

"C'est la raison pour laquelle je ne qualifie pas de politique de rigueur l'ensemble de notre politique économique et financière", a poursuivi François Fillon.

La France s'est engagée à réduire son déficit public de 8% du produit intérieur brut fin 2010 à 6% en 2011, 4,6% en 2012 et 3% en 2013. Cet effort d'environ 100 milliards d'euros en trois ans sur les dépenses et les recettes est sans équivalent en France depuis au moins un demi-siècle.

"RILANCE", "RIGOUREUX", "RIGUEUR"

Le 4 juillet, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait ouvert une brèche sémantique en inventant le néologisme de "rilance", mot-valise réunissant relance et rigueur.

Mais lors de son interview du 12 juillet sur France 2, Nicolas Sarkozy avait une nouvelle fois refusé de parler de "rigueur", lui préférant le mot "rigoureux".

"Le mot 'rigueur' est connoté en France. Ce qui ne me fait pas peur, c'est le mot 'rigoureux'", avait-il alors dit.

"Le mot 'rigueur' cela veut dire baisser les salaires: je ne le ferai pas. Augmenter les impôts, je ne le ferai pas. Le mot 'rigoureux', ça veut dire qu'on revient à l'équilibre: je le ferai", avait ajouté le chef de l'Etat.

François Fillon a brisé le tabou vendredi lors d'une conférence à Tokyo, devant un aréopage de responsables économiques et politiques.

"Dans tous les budgets de l'Etat, le seul qui n'est pas soumis à la rigueur c'est le budget de l'Enseignement supérieur et de la Recherche", avait dit le Premier ministre.

Lundi, lors de leur dernier point de presse hebdomadaire avant les vacances d'été, les porte-parole de l'UMP, principal parti de la majorité, ont cependant repris presque mot pour mot l'analyse du président de la République.

"Si on n'a pas employé le mot rigueur c'est parce que quand on parle de politique économique employer le mot rigueur ça a un sens, c'est une augmentation généralisée des impôts et une baisse généralisée des salaires", a dit Frédéric Lefebvre. "Or ce n'est absolument pas la politique actuelle du gouvernement."

"Il n'y a pas une feuille de papier à cigarette entre les propos de M. Fillon et ce que nous avons toujours défendu", a assuré son adjoint, Dominique Paillé.

Jean-Baptiste Vey et Emmanuel Jarry, édité par Gilles Trequesser