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Responsable voilée de l'Unef: la polémique divise la majorité

Alors que plusieurs ministres ont critiqué le choix de Maryam Pougetoux de porter le voile et celui de l'Unef de l'avoir choisie comme responsable, des députés de la majorité appellent au contraire à respecter la décision de la jeune femme et à éviter les amalgames.

"Moi je ne pense pas que le voile rime avec conservateur, obscurantiste ou autres, je crois qu’il faut écouter ce que les gens ont à dire. A partir du moment où c’est un choix, où c’est le choix de cette jeune femme, le plus féministe c’est de respecter son choix".

Après une semaine de polémique sur le voile affiché par Maryam Pougetoux, la présidente d'une section locale du syndicat étudiant Unef, le député Aurélien Taché s'exprimait ce lundi soir sur BFMTV. L'élu de La République en marche a été l'un des premiers membres de la majorité à défendre la jeune femme, à la tête de la section de Paris IV-Sorbonne. Son apparition voilée dans une interview à la télévision a provoqué une volée de critiques de la part notamment du gouvernement.

Elle dénonce les "propos violents" de Collomb

Marlène Schiappa s'est dite "interpellée" mercredi par son choix de porter le voile et celui du syndicat de gauche de la mettre en avant. Sur notre antenne vendredi, Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur, s'est même dit "choqué", y voyant du "prosélytisme". 

"C'est assez pathétique de la part d'un ministre de l'Intérieur d'avoir de tels propos, aussi violents. Sachant que Mon voile n'a aucune fonction politique", lui a répondu la jeune femme de 19 ans, qui a pris la parole dans un entretien à Buzzfeed. 

Parmi les élus de la majorité, les positions très dures des membres du gouvernement ont semblé faire au départ l'unanimité.

"C’est autorisé de porter le voile. Mais choisir un porte-parole qui porte le voile, ça veut renvoyer aussi un message politique très clair, qui pour nous ne correspond pas à ce qu’est l'Unef et donc nous nous interrogeons dessus", a ainsi déclaré le député de Paris Sylvain Maillard, interrogé sur BFMTV.

Un "procès de sale gueule"

Même son de cloche pour Aurore Bergé, la porte-parole du groupe LaREM à l'Assemblée.

"Ceux qui libèrent les femmes ne seront jamais ceux qui ne les acceptent dans l'espace public que si elles sont suffisamment couvertes. Ceux qui participent à cette banalisation dans l'espace public et politique sont complices", a-t-elle écrit sur son compte Twitter en relayant les propos de la secrétaire d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes. 

Bergé
Bergé © Capture Twitter

"Je ne vois pas l'islam politique"

Si la polémique ne désenfle pas, les voix dissonantes sont en revanche plus nombreuses, avec au premier rang celle d'Aurélien Taché, le "Monsieur laïcité" du parti majoritaire. Sur RMC ce lundi, il a estimé qu'un "procès de sale gueule" était fait à la jeune femme. Stanislas Guérini a lui aussi défendu le libre-arbitre de la jeune femme ce lundi, sur Franceinfo. "Je ne vois pas de l’islam politique", dans son voile a-t-il notamment déclaré.

"Il faut à la fois respecter strictement la loi de 1905 et mener une bataille culturelle pour dire à toutes les femmes: vous êtes libres de porter ou ne pas porter le voile, sans en faire la promotion (...). Je ne suis pas choqué que l’on puisse porter le voile", a ajouté le député LaREM de Paris.

"Il faut cesser de tout mélanger"

"Oui il faut lutter fermement contre l’islamisme. Et cesser de tout mélanger. Maryam a été élue présidente de l'Unef pour son projet étudiant, pour sa personnalité", a aussi estimé Fiona Lazaar, députée LaREM du Val-d'Oise. 

"Une femme ne se résume ni à son apparence, ni à son voile, ni à sa religion", a-t-elle écrit sur Twitter. 

Parmi les membres du gouvernement, seul Jean-Michel Blanquer s'était montré plus mesuré. Sur France Inter, il a rappelé vendredi que Maryam Pougetoux avait "le droit" d'être voilée. "C'est la beauté de notre pays et on doit se battre pour la liberté de tous de faire des choix", a ajouté le ministre de l'Education nationale, tout en qualifiant de "changement d'époque" le fait qu'une présidente de l'Unef porte le voile.

Charlie Vandekerkhove