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Politique

Rentrée parlementaire à haut risque pour le gouvernement

Retraites, sécurité, immigration, collectivités locales, affaire Woerth-Bettencourt: les dossiers de la rentrée parlementaire 2010 représentent un cocktail explosif pour le gouvernement français et sa majorité. Après des vacances écourtées, députés et sén

Retraites, sécurité, immigration, collectivités locales, affaire Woerth-Bettencourt: les dossiers de la rentrée parlementaire 2010 représentent un cocktail explosif pour le gouvernement français et sa majorité. Après des vacances écourtées, députés et sén - -

par Emile Picy PARIS (Reuters) - Retraites, sécurité, immigration, collectivités locales, affaire Woerth-Bettencourt: les dossiers de la rentrée...

par Emile Picy

PARIS (Reuters) - Retraites, sécurité, immigration, collectivités locales, affaire Woerth-Bettencourt: les dossiers de la rentrée parlementaire 2010 représentent un cocktail explosif pour le gouvernement français et sa majorité.

Après des vacances écourtées, députés et sénateurs sont convoqués en session extraordinaire le 7 septembre pour reprendre leurs travaux interrompus à la mi-juillet sur fond de mauvais sondages pour Nicolas Sarkozy, de remaniement ministériel programmé et de rivalités à la tête de l'UMP.

Les députés engagent dès mardi en séance publique l'examen de la réforme des retraites, la plus importante du quinquennat du président alors que les syndicats soutenus par la gauche appellent le même jour à une journée de mobilisation.

Les débats en commission, fin juillet, ont été agités. Ils risquent de l'être encore plus dans l'hémicycle au moment où le ministre du Travail, Eric Woerth, qui présente cette réforme, reste soupçonné de conflit d'intérêt dans ses liens avec l'héritière de L'Oréal, Liliane Bettencourt.

Les députés devraient se prononcer le 15 septembre sur l'ensemble du projet de loi que le Sénat examinera à son tour en octobre, l'objectif du gouvernement étant de le faire adopter définitivement début novembre.

L'opposition, qui juge la réforme injuste et inefficace, a d'ores et déjà annoncé la couleur. "Nous allons faire preuve d'une grande détermination", a dit à Reuters Roland Muzeau, porte-parole des députés PC et apparentés.

Pour l'élu communiste, l'affaire Woerth-Bettencourt et la "scandaleuse" réforme des retraites "créent un climat aggravé durant l'été" qui, espère-t-il, devrait se traduire par une forte mobilisation dans la rue le 7 septembre.

RISQUE DE DÉBATS HOULEUX

Le président de l'Assemblée, l'UMP Bernard Accoyer, a dit à Reuters avoir "soigneusement préparé cette rentrée".

"Je pense que nous allons assister sur les retraites à un débat de qualité", ajoute-t-il, même s'il note un "échauffement politique" depuis le discours prononcé fin juillet par Nicolas Sarkozy à Grenoble sur l'immigration et la sécurité.

Le Sénat, de son côté, débattra du projet de loi d'orientation et de programmation de la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI 2) déjà voté à l'Assemblée.

Des amendements du gouvernement et de l'aile dure de la majorité sont attendus afin de concrétiser plusieurs mesures sécuritaires voulues par le président Sarkozy.

La haute assemblée débattra ensuite à partir du 14 septembre du texte interdisant le port du voile intégral voté par les députés en juillet. Paradoxalement, ce projet de loi, qui a fait couler beaucoup d'encre, devrait être adopté sans difficulté par les sénateurs, la gauche ayant décidé de ne pas voter contre.

Les députés examineront aussi en seconde lecture la réforme des collectivités que le Sénat a profondément remanié, notamment en rejetant le mode d'élection des futurs conseillers territoriaux. Là aussi, les débats s'annoncent délicats pour l'exécutif du fait de l'opposition des centristes.

Il faut compter également, à partir du 27 septembre, avec l'examen du projet de loi sur l'immigration par l'Assemblée nationale. Les débats risquent d'être houleux avec des sujets explosifs comme la réforme de la déchéance de la nationalité.

La gauche, les centristes mais aussi une partie de la droite sont très critiques sur ces mesures, d'autant plus que l'aile dure de l'UMP semble décidée à durcir encore le texte.

MAUVAISES NOUVELLES

Au-delà de cette rentrée, les prochains mois s'annoncent tout aussi périlleux pour le gouvernement et sa majorité, la session ordinaire 2010-2011 du Parlement, qui fait suite à cette session extraordinaire, s'ouvrant le 1er octobre.

Les débats sur le projet de loi de finances pour 2011, qui devrait être présenté fin septembre en conseil des ministres et débattu par les députés à partir de la mi-octobre, s'annoncent d'autant plus difficile que des efforts supplémentaires en matière de réduction des déficits publics sont importants.

L'Elysée a annoncé un "coup de rabot" de 10 milliards d'euros sur les niches fiscales et sociales et la prévision de croissance pour 2011 a été ramenée de 2,5% à 2% alors que de nombreux économistes jugent un taux de 1,5% plus vraisemblable.

Face à une opposition qui semble reprendre des couleurs, l'horizon parait obscurci pour l'exécutif et sa majorité qui disposent d'un délai assez court pour redresser la barre avant les prochains scrutins: les cantonales au printemps prochain, les sénatoriales à l'automne 2011 et l'élection présidentielle en avril-mai 2012, dans 18 mois.

Edité par Yves Clarisse