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Reiss remercie Sarkozy et rend hommage aux détenus iraniens

Clotilde Reiss en compagnie du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, dimanche à l'Elysée. Au lendemain de sa libération par les autorités iraniennes, l'universitaire française est arrivée dimanche à la mi-journée en France et s'est aussitôt r

Clotilde Reiss en compagnie du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, dimanche à l'Elysée. Au lendemain de sa libération par les autorités iraniennes, l'universitaire française est arrivée dimanche à la mi-journée en France et s'est aussitôt r - -

PARIS - Clotilde Reiss, qui a remercié dimanche Nicolas Sarkozy pour sa libération, a déclaré penser aux détenus iraniens. La jeune universitaire,...

PARIS, 16 mai (Reuters) - Au lendemain de sa libération par les autorités iraniennes, l'universitaire française Clotilde Reiss a regagné dimanche la France où elle a été reçue immédiatement par Nicolas Sarkozy.

Le président français, qui considérait la jeune femme de 24 ans comme l'une de ses "protégées", a remercié ses homologues brésilien, sénégalais et syrien pour leur "rôle actif" dans sa libération.

Clotilde Reiss, 24 ans, a remercié quant à elle le chef de l'Etat pour son "soutien" et pour avoir "défendu (s)on innocence" depuis son arrestation à Téhéran en juillet 2009.

Condamnée pour "espionnage" à deux peines de cinq ans de prison chacune, la jeune lectrice de l'université d'Ispahan a vu samedi sa peine commuée en une amende de 285.000 dollars (environ 230.000 euros).

Emprisonnée durant un mois et demi à la prison d'Evin, dans le nord de Téhéran, après son arrestation, Clotilde Reiss avait ensuite été assignée à résidence, en août 2009, à l'ambassade de France, dans la capitale iranienne.

Accompagnée de l'ambassadeur de France à Téhéran, Bernard Poletti, elle avait quitté Téhéran tôt dimanche à bord d'un vol régulier à destination de Dubaï, où l'attendait un appareil de la République française, un Falcon.

L'avion a atterri peu avant 13h25 sur la base aérienne de Villacoublay (Yvelines), près de Paris, où l'attendaient son père et ses deux frères.

"JE PENSE AUSSI AUX IRANIENS"

Clotilde Reiss et sa famille se sont ensuite rendues sans attendre dans une voiture aux vitres fumées à l'Elysée, où le conseiller diplomatique présidentiel, Jean-David Levitte, les a accueillies au pied du perron à 14h10.

Nicolas Sarkozy ne s'est montré à aucun moment.

Il s'est entretenu durant une quinzaine de minutes avec la jeune femme, en présence notamment de son épouse Carla Bruni-Sarkozy, du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et de l'ambassadeur de France en Iran, a-t-on précisé dans son entourage.

Clotilde Reiss, vêtue d'un tailleur-pantalon noir et d'un tee-shirt rayé noir et blanc, a ensuite fait une brève déclaration sur le perron du palais présidentiel.

"Je tiens à remercier tous les gens qui m'ont soutenue dans cette épreuve", a-t-elle dit, citant en premier lieu Nicolas Sarkozy. Elle a également exprimé ses remerciements aux Iraniens et à "tous les inconnus qui ont aussi manifesté leur solidarité à mon égard, Français et des gens du monde entier".

"Je pense aussi aux Iraniens", a-t-elle souligné.

"Je tiens notamment à rendre hommage aux codétenus qui étaient avec moi pendant un mois et demi à Evin, qui m'ont traitée comme leur soeur", a-t-elle poursuivi, citant particulièrement deux détenus "exécutés en janvier 2010".

La jeune femme a ensuite quitté l'Elysée.

Dans un communiqué publié entre-temps, Nicolas Sarkozy remerciait les présidents brésilien Luiz Inacio "Lula" da Silva, actuellement à Téhéran, sénégalais Addoulaye Wade, et syrien Bachar el Assad pour leur médiation.

Abdoulaye Wade a accusé sur RTL l'Elysée d'avoir compromis la libération de Clotilde Reiss il y a six mois.

AUCUN "MARCHANDAGE"

Bernard Kouchner a assuré que cet heureux dénouement n'avait fait l'objet d'aucune contrepartie de la part de Paris, notamment s'agissant du sort de deux Iraniens détenus en France.

La libération de Clotilde Reiss intervient de fait dans une suite de coïncidences judiciaires.

Le 5 mai, la justice française a refusé de livrer à Washington un ingénieur iranien, Majid Kakavand, à qui les Etats-Unis reprochent des achats jugés frauduleux de matériels électroniques militaires. Il a pu regagner l'Iran.

Un autre Iranien détenu en France, Ali Vakili Rad, condamné en 1994 à perpétuité pour le meurtre en 1991 de l'ancien Premier ministre du Chah, Chapour Bakhtiar, a formulé une demande de libération conditionnelle. Le tribunal d'application des peines de Paris, qui a reporté plusieurs fois sa décision sur ce dossier, a indiqué qu'il statuerait mardi prochain.

"Cette succession de décisions judiciaires - et en France, on n'influence pas des décisions des juges - n'a rien à voir avec un marchandage éventuel, un marchandage allégué, rien à voir", a dit le chef de la diplomatie française sur Radio J.

Un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehman, a déclaré à l'agence FNA qu'il n'y avait "aucun lien" entre la libération de Clotilde Reiss et celle de Majid Kakavand.

Le 22 septembre dernier, lors d'un entretien sur France 2, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait lié le sort de Clotilde Reiss à la libération d'Iraniens détenus en France.

Clotilde Reiss était accusée de participation à un complot occidental visant à déstabiliser le gouvernement iranien après l'élection présidentielle du 12 juin qui a vu la réélection de Mahmoud Ahmadinejad pour un second mandat. Il lui était aussi reproché d'avoir envoyé des photos des manifestations et un "rapport" à Paris sur les événements.

Interpellée alors qu'elle se préparait à prendre un avion pour la France, elle avait fait des "aveux" le 9 août lors d'une première audience jugée truquée par Paris, à laquelle seuls les médias officiels avaient été autorisés à assister.

Sophie Louet et Yann Le Guernigou, avec Antony Paone à Villacoublay et le bureau de Téhéran