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Régionales: Ségolène Royal creuse son sillon loin de Paris

Repliée sur sa région de Poitou-Charentes, son fief depuis 2004, Ségolène Royal boucle sa campagne pour les élections régionales au plus près du terrain, loin de Paris et du Parti socialiste. A trois jours du premier tour du scrutin régional, dimanche, pa

Repliée sur sa région de Poitou-Charentes, son fief depuis 2004, Ségolène Royal boucle sa campagne pour les élections régionales au plus près du terrain, loin de Paris et du Parti socialiste. A trois jours du premier tour du scrutin régional, dimanche, pa - -

par Laure Bretton PRANZAC, Charentes - Repliée sur sa région de Poitou-Charentes, son fief depuis 2004, Ségolène Royal boucle sa campagne pour les...

par Laure Bretton

PRANZAC, Charentes (Reuters) - Repliée sur sa région de Poitou-Charentes, son fief depuis 2004, Ségolène Royal boucle sa campagne pour les élections régionales au plus près du terrain, loin de Paris et du Parti socialiste.

Depuis des semaines, l'ancienne candidate à l'Elysée joue au chat et à la souris avec la presse.

"Vous avez réussi à (me) trouver", fait mine de s'étonner la présidente de région, en lice pour un second mandat, en découvrant des journalistes sur la petite exploitation laitière qu'elle vient de visiter en Charente.

A trois jours du premier tour du scrutin régional, dimanche, pas question de prêter le flanc aux accusations de la droite qui assure aux électeurs que Ségolène Royal veut se servir du Poitou comme d'un nouveau tremplin présidentiel.

"Nous avons une star nationale voire mondiale", ironise Dominique Bussereau, chargé par Nicolas Sarkozy de barrer la route à celle qui incarna la "vague rose" des régionales de 2004.

"Elle a fait la 'Une" de 11 hebdomadaires et pas tous politiques. Ce serait bien si elle en faisait quelque chose (...) Une région, ce n'est pas simplement des charentaises, des préservatifs et des gadgets", dit le secrétaire d'Etat aux Transports, que les sondages donnent perdant.

Devant la presse réunie dans un restaurant d'autoroute des Deux-Sèvres, il relativise sa défaite annoncée. Les sondages donnent la gauche gagnante à 60/40 ailleurs, mais nous c'est 56/44 donc y'a pas de complexes!"

A Pranzac, près d'Angoulême, Ségolène Royal écoute une douzaine d'agricultrices productrices de lait "au bout du rouleau" avant de rencontrer des ouvrières d'une papeterie sauvée par le conseil régional.

"On va vous aider: ça ne remplacera pas la PAC (Politique agricole commune-NDLR), mais je suis convaincue que vous allez retrouver du revenu", assure la candidate, entourée de ses co-listiers autour d'une grande table de ferme.

"SURTOUT DE LA COM'"

En une heure, tout le credo "ségoléniste" défile, adapté à la crise du lait: emplois verts et non délocalisables, revitalisation des territoires, meilleur partage de la valeur ajoutée, bourses tremplin pour venir en aide aux chômeurs.

Dans les six ans qui viennent, Ségolène Royal veut faire du Poitou-Charentes la "première région écologique d'Europe" et, "la sauvegarde de l'agriculture, ce n'est pas contradictoire", lance-t-elle à son auditoire, qui tique.

"C'est pas un mal d'avoir Ségolène à la région", dit Jacky, syndicaliste agricole, mais "quand elle a écrit zéro pesticides dans son programme, elle a beaucoup baissé chez nous".

Le discours sur "l'excellence environnementale" de la présidente sortante agace aussi fortement ses anciens alliés écologistes, qui se présentent contre elle au premier tour.

"C'est surtout de la com'", déplore la tête de liste Europe Ecologie, Françoise Coutant, qui veut "plus que du saupoudrage" et qui dénonce "l'hyper-présidentialisation" de la région pendant l'ère Royal.

"Sur son tract de campagne de six pages, elle a mis 18 photos d'elle", se désole la maire-adjointe d'Angoulême, qui explique cependant qu'une alliance avec la candidate socialiste ne devrait pas poser de problème majeur pour le deuxième tour.

Si les sondages prédisent une réélection facile à Ségolène Royal, présidentiable en puissance, elle se doit de réaliser le meilleur score possible pour émerger de la nouvelle "vague rose" annoncée et se donner le droit de rebondir.

Depuis l'automne, elle a déserté la scène nationale, laissant le champ libre à Martine Aubry, premier secrétaire du PS qui se démultiplie dans la campagne des régionales.

En 2004, Ségolène Royal avait battu la candidate adoubée par le Premier ministre en place, Jean-Pierre Raffarin. "Cette fois, sa victoire sera moins symbolique même si elle va garder un statut particulier", estime Jérôme Fourquet de l'institut de sondages Ifop.

"La légitimité à la hausse, c'est celle de Martine Aubry", poursuit l'analyste, "et en politique, quand on n'avance pas, on recule".

Edité par Yves Clarisse