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Régionales: la droite repart au combat, la gauche négocie

LE 1ER TOUR DES ÉLECTIONS RÉGIONALES

LE 1ER TOUR DES ÉLECTIONS RÉGIONALES - -

par Sophie Louet PARIS - La majorité récuse la thèse d'un vote sanction au lendemain du premier tour des élections régionales, soulignant le record...

par Sophie Louet

PARIS (Reuters) - La majorité récuse la thèse d'un vote sanction au lendemain du premier tour des élections régionales, soulignant le record d'abstention, à 53,65%, tandis que le PS, désormais premier parti de France, s'efforce de négocier ses alliances pour le second tour.

Sonnée par un score étique - 26,18% contre 29,38% au PS - la droite tentait de faire face lundi, repartant au combat avec des meetings tous azimuts pour ce qu'elle présente comme "une nouvelle élection".

Le Premier ministre François Fillon, qui reste en première ligne en espérant rallier une partie des abstentionnistes, est allé soutenir à Sèvres (Hauts-de-Seine) Valérie Pécresse.

"Ce n'est pas plié, on va jusqu'au bout", souligne-t-on dans l'entourage du chef du gouvernement. "L'arithmétique est une science, la dynamique en est une autre", assure-t-on.

La ministre de l'Enseignement supérieur a devancé avec 27,76% le président socialiste sortant Jean-Paul Huchon en Île-de-France (25,26%) mais elle est arithmétiquement désavantagée pour le second tour du 21 mars. Les Verts, notamment, ont obtenu 16,58%.

François Fillon était attendu à Besançon, en Franche-Comté, lundi soir pour y soutenir le secrétaire d'Etat à la Francophonie Alain Joyandet, premier d'une courte tête.

L'échec est sans appel pour l'exécutif : des vingt ministres partis au front, dont huit en position de tête de liste, aucun n'est en mesure de faire gagner son camp.

Les "ajustements gouvernementaux" qu'évoquait Nicolas Sarkozy dans Le Figaro Magazine pour l'après-régionales pourraient s'opérer à la mesure des performances ministérielles.

Pour autant, l'Elysée et Matignon refusent de donner une lecture nationale du scrutin qu'ils jugent brouillé par le faible taux de participation.

LA DROITE APPELLE À LA MOBILISATION GÉNÉRALE

Le ministre de l'Education Xavier Darcos, qui n'a réuni que 22,05% des suffrages en Aquitaine, rejette comme ses collègues du gouvernement la thèse du vote sanction défendue par le PS.

L'ancienne rivale socialiste de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, a parlé d'un "vote sanction sévère contre le système Sarkozy qui épuise la France".

Xavier Darcos perçoit lui "un retrait" de l'électorat à corriger au second tour en s'efforçant de le remobiliser.

"Quand on veut protester, on vote contre, on ne reste pas chez soi", a-t-il dit sur France Info en mettant l'abstention massive sur le compte des exécutifs sortants "qui n'ont pas su passionner pour les questions régionales".

Argumentaire repris par tous les candidats de la majorité et la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, est l'une des rares à se lancer dans une forme d'autocritique : "On n'a pas su mobiliser, on n'a pas été assez bons."

Pour Valérie Pécresse, le score de Jean-Paul Huchon en Île-de-France, première région de France, "montre une déception". "Le premier parti d'Île-de-France, c'est l'abstention", a-t-elle dit sur i>Télé.

"Le message pour nous il est simple : il faut absolument appeler à la mobilisation générale de nos électeurs qui ont voté pour Nicolas Sarkozy en 2007 et ne se sont pas déplacés cette fois-ci", a déclaré Jean-François Copé sur Canal+.

Nicolas Sarkozy, dont la stratégie unitaire de premier tour est mise à mal par ce scrutin, avait recueilli 31,18% des voix au premier tour de l'élection présidentielle de 2007.

"ÇA SE PASSE BIEN"

Le président du groupe UMP à l'Assemblée, qui n'hésite pas à faire valoir sa singularité face au chef de l'Etat, a toutefois estimé que la droite devait renouer avec ses fondamentaux.

"Sur le débat concernant l'identité, il faut aller aux solutions et pas simplement aux problèmes", a-t-il dit. Sur l'interdiction du port de la burqa, "il ne faudra pas mollir".

Un diagnostic qui n'est pas étranger au bon score du Front national (11,42%) qui revient jouer les trouble-fête et provoquera des triangulaires, traditionnellement fatales à la droite, dans douze régions.

Le FN ne donne pas de consigne de vote dans les régions où il n'est pas présent au second tour au motif que "la droite et la gauche mènent la même politique".

Dans ce contexte, le Parti socialiste joue la modestie.

L'heure est au "rassemblement de la gauche", a dit son premier secrétaire Martine Aubry. Des négociations se sont engagées dans les régions avec les Verts et le Front de gauche en vue d'accords de fusion.

Europe Ecologie, qui a conforté son statut de troisième force politique avec malgré tout un score en deçà de celui des européennes (12,18%), modère ses ambitions tout en mettant en garde le PS contre toute tentation hégémonique.

"Pour qu'il y ait un rassemblement, il faut un respect mutuel des uns et des autres", a prévenu l'eurodéputé Vert Daniel Cohn-Bendit sur Canal+.

Réponse du député socialiste Jean-Christophe Cambadélis sur i>Télé : "12% ou 14%, ça ne fait pas la majorité, il faut un peu de socialistes pour pouvoir l'emporter."

Les listes pour le second tour doivent être déposées en préfecture de région mardi avant 18h00 (17h00 GMT).

"Ça se passe bien", a déclaré à la presse Claude Bartolone, l'un des négociateurs du PS.

"Chacun a bien conscience que c'est aussi la préparation de la gauche pour les années qui viennent dont il est question", a-t-il dit, évoquant l'horizon présidentiel de 2012.

Avec le Service France, édité par Yves Clarisse