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Régionales: l'UMP espère éviter une déroute totale dimanche

L'UMP aborde tendue et fébrile le deuxième tour des régionales, où son seul espoir réaliste paraît de garder l'Alsace. Les derniers sondages laissent présager un duel très serré en Alsace, où droite et gauche seraient au coude-à-coude. /Photo prise le 14

L'UMP aborde tendue et fébrile le deuxième tour des régionales, où son seul espoir réaliste paraît de garder l'Alsace. Les derniers sondages laissent présager un duel très serré en Alsace, où droite et gauche seraient au coude-à-coude. /Photo prise le 14 - -

par Yann Le Guernigou PARIS - L'UMP aborde tendue et fébrile le deuxième tour des régionales, où son seul espoir réaliste paraît de garder...

par Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - L'UMP aborde tendue et fébrile le deuxième tour des régionales, où son seul espoir réaliste paraît de garder l'Alsace, ce qui permettrait à Nicolas Sarkozy et à son gouvernement d'atténuer l'impact de la déroute annoncée.

Sortis du premier tour avec le score le plus faible de la droite parlementaire sous la Ve République (26,02%), le parti du chef de l'Etat a multiplié depuis les appels à la mobilisation de son électorat, majoritaire chez les abstentionnistes.

Il a également esquissé des gestes en direction des électeurs du Front national, du MoDem et même des écologistes pour tenter d'infléchir, à défaut de l'inverser, un rapport de force très défavorable avec la gauche et les Verts.

Les déclarations de ces dernières 24 heures du président et de son Premier ministre sur la sécurité, un thème fédérateur à droite, à l'occasion de la mort d'un policier, ressemblent à un ultime effort pour faire bouger les lignes.

Le problème est que "les seconds tours ont tendance à confirmer, voire amplifier les résultats du premier", dit Brice Teinturier, directeur adjoint de l'institut TNS-Sofres.

Mais plus que l'évolution de l'écart entre les deux camps, qui dépassait 20 points au premier tour, l'opinion se focalisera dimanche sur les régions gagnées ou perdues.

L'enjeu risque de tourner autour de la seule Alsace en France métropolitaine pour l'UMP, la gauche, qui s'y présentera unie au deuxième tour, ayant largement pris les devants en Corse, la seule autre région conservée par la droite en 2004.

CUMUL DE FACTEURS NÉGATIFS

"Si l'Alsace passe à gauche, ce sera un désaveu fort, si elle est conservée par la droite, ce sera une défaite quand même majeure" pour l'exécutif et la majorité, déclare François Miquet-Marty, directeur de l'institut Viavoice.

"Il y a un tel cumul de facteurs négatifs, comme l'ancrage à gauche des régions, le différentiel de voix PS-UMP du premier tour que la conservation de l'Alsace, voire le gain de la Guyane ne constitueraient qu'une atténuation du désastre", ajoute-t-il.

Les derniers sondages laissent présager un duel très serré en Alsace, où droite et gauche seraient au coude-à-coude.

L'UMP, qui a exclu de son vocabulaire le mot défaite depuis dimanche dernier, veut croire que, outre l'Alsace, une victoire est possible dans certaines des neuf autres régions où elle est arrivée en tête dimanche dernier.

S'agissant de la France métropolitaine, "je ne vois pas lesquelles", indique Brice Teinturier.

Le maintien du Front national en Champagne-Ardenne ou Franche-Comté, des régions jugées à l'origine comme gagnables par la droite, ajouté aux alliances bouclées généralement sans peine entre le PS et Europe Ecologie, ont de fait sérieusement hypothéqué ses chances.

Un report des voix du FN vers l'UMP paraît en outre du domaine de l'improbable. "Il n'y a pas de raison qu'il se reporte sur l'UMP, son vote est nourri par une forte contestation de la démocratie pour les uns et le sentiment pour les autres que, même avec Sarkozy, ça ne marche pas. Un passage à l'UMP paraît très compliqué", juge François Miquet-Marty.

Quant aux électeurs du MoDem ou d'Europe Ecologie au premier tour, l'analyste ne voit qu'une "fraction très minoritaire" d'entre eux se tourner vers l'UMP.

FACTEURS D'ABSTENTION TRÈS LOURDS

Il prédit une mobilisation "marginale" des abstentionnistes, "parce que les facteurs d'abstention sont très lourds".

L'Outre-mer pourrait alors offrir une planche de salut à la majorité, en position favorable en Guyane et qui nourrit quelques espoirs à La Réunion, où la gauche se présente divisée.

Une victoire n'y aurait cependant pas le retentissement d'un succès en métropole et ne calmerait pas les critiques.

Pour le député chiraquien François Baroin, il ne sert à rien de nier l'évidence de la "claque" du premier tour. Il met en cause la politique d'ouverture à gauche de Nicolas Sarkozy, qui "fait de grands courants d'air électoraux à droite".

"Le coeur de notre électorat nous dit une chose, c'est qu'il faut être mobilisés", répond le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand. "Pour être mobilisés, il faut être rassemblés."

"Que ceux qui pensent qu'il vaut mieux la stratégie de la division que celle de l'union, la stratégie de la fermeture plutôt que celle de l'ouverture n'hésitent pas à le revendiquer", renchérit Brice Hortefeux. Pour le ministre de l'Intérieur, "le match n'est pas encore joué".

Avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse