BFMTV
Politique

Régionales: l'heure de la déception pour Europe Écologie-Les Verts

Le numéro un d'EELV et candidat en Ile-de-France, Julien Bayou avant un débat télévisé à Paris le 14 juin 2021

Le numéro un d'EELV et candidat en Ile-de-France, Julien Bayou avant un débat télévisé à Paris le 14 juin 2021 - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Europe Écologie-Les Verts n'a conquis aucun conseil régional. De surcroît, ses tentatives d'union ont échoué en rase campagne électorale. Si ses dirigeants veulent croire à une dynamique, le scrutin de dimanche indique plutôt le tassement.

On dira que c'est une affaire de perspective. Sur les plateaux télé de la soirée électorale de dimanche, où la gauche peinait à ne pas se réjouir trop ouvertement de son relatif succès remporté par dessus un taux d'abstention surpassant une nouvelle fois les 65% des inscrits, les dirigeants écologistes étaient résolus à voir le verre à moitié plein. Saluant sur France 2 le tour de piste d'Europe Ecologie-Les Verts, le maire de Grenoble, et présidentiable, Éric Piolle, enchaînait même sur les départementales: "Nous allons tripler ou quadrupler notre nombre de conseillers départementaux." "Nous sommes la seule force progressant en voix", s'est-il ensuite vanté.

Lundi matin, auprès de France Inter, le député européen écologiste David Cormand a adopté le même triomphalisme de bon aloi... où l'on sentait tout de même percer une forme d'inquiétude: "On aurait préféré gagner des régions, mais au premier tour on est la seule force politique à progresser en nombre de voix, par rapport à 2015."

La veille, à l'issue du second tour en Île-de-France, Julien Bayou, secrétaire national d'EELV, a lui aussi soutenu mordicus: "L'écologie est la seule force en dynamique". Pourtant, deux ans après leur belle performance des européennes, le vent qui gonflait les voiles écolos semble retomber un peu.

Aux Verts, les mains vides

Tout d'abord, sur les cinq conseils régionaux pris - ou plutôt conservés - par la gauche, tous seront dominés par le Parti socialiste (Alain Rousset garde la Nouvelle Aquitaine, Carole Delga l'Occitanie, François Bonneau le Centre-Val de Loire, Marie-Guite Dufay la Bourgogne-Franche-Comté et Loïg Chesnais-Girard maintient la Bretagne dans l'orbite PS), et aucun par une tête de liste EELV.

Et surtout pas par Julien Bayou, justement, dont le score au second tour francilien (33,68% contre les 45,92% de la droite de Valérie Pécresse) est d'autant plus décevant qu'il est celui d'une union de la gauche qui fonde tous les espoirs nationaux de sa force politique et qui fait moins bien que le total des listes de cette sensibilité au premier tour.

Au rayon des amertumes, on peut encore relever le piètre résultat de Matthieu Orphelin, député ex-LaREM aujourd'hui en rupture de ban et porteur d'une candidature écologiste appuyée par la France insoumise mais aussi par le Parti socialiste depuis le ralliement de Guillaume Garot à l'issue de la première phase du scrutin: 34,6%. Là encore d'ailleurs, l'union du second tour est plus pâlotte que la désunion du premier.

"Le plafond vert"

Le résumé, peut-être lapidaire, n'en est pas moins incontestable. Le Parti socialiste n'a pas gagné de région - à l'exception notable de la Réunion - mais a souvent amené à bon port les attelages qu'il menait, tandis qu'EELV a planté les siens. C'est l'enseignement qu'Olivier Faure, député élu en Seine-et-Marne et premier secrétaire du PS, a tiré de cette équipée électorale ce lundi matin sur les ondes de RMC:

"Quand l’accord se réalise, il y a un plafond de verre ou même un plafond vert qui fait que les socialistes sont aujourd’hui les plus crédibles pour conduire ces rassemblements." "Et ce qu’on peut noter c’est qu’hier soir quand on conduit ces rassemblements, il y a une dynamique et on crée la victoire", a-t-il ajouté.

"Aujourd’hui, ils (les écologistes, NDLR) n’ont pas atteint la crédibilité nécessaire pour pouvoir concourir de manière victorieuse à une échéance de cette nature. Ça ne veut pas dire qu’ils sont disqualifiés. Je souhaite qu’on puisse rassembler ce bloc écologique et social", a prolongé Olivier Faure, qui a poussé une dernière fois son avantage: "Mais aujourd’hui la force motrice de ce bloc est la force socialiste. C’est à nous de faire cet effort pour rassembler."

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV