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Politique

Réforme du code du travail: les explications d'Emmanuel Macron

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- - Illustration - Emmanuel Macron - TIZIANA FABI / AFP

Emmanuel Macron a accordé son premier grand entretien à la presse nationale depuis son entrée en fonction. Dans une interview accordée au Point, à paraître ce jeudi, il tire un premier bilan de son action.

Emmanuel Macron a accordé son premier grand entretien en répondant aux questions de trois journalistes du Point. Dans cet interview dans le numéro à paraître jeudi, le chef de l'Etat revient sur les premiers mois de son action. Durant cette entrevue longue de deux heures et demie, le président de la République lance notamment: "Nous avons tourné la page de trois décennies d'inefficacité pour nous engager sur la voie de la reconstruction qui permettra la réconciliation."

La réforme du Code du travail est "un moyen"

Si la semaine dernière, il assurait que les Français "détestaient les réformes", il précise sa position sur le sujet: "La France est un pays qui n'accepte les changements que si on les lui explique les yeux dans les yeux". Il est d'ailleurs entré plus avant dans les réformes qu'il porte. S'agissant ainsi de la hausse de la CSG, il justifie: "Les pauvres d'aujourd'hui sont souvent moins les retraités que les jeunes".

Il aborde longuement sa volonté de mettre en place une réforme du Code du travail, alors que les ordonnances gouvernementales doivent être annoncées ce jeudi. Selon lui, le temps presse: "Il faut la réaliser tout de suite, car cela met du temps à se décliner dans les comportements et à produire ainsi tous ses résultats. On ne change pas une société par une loi ou un décret. Cela prend entre dix-huit et vingt-quatre mois pour infuser."

Toutefois, Emmanuel Macron recadre l'objet même de l'initiative, assurant que la réforme du Code du travail n'est pas une fin en soi. "Le but de l'action n'est pas de réformer le Code du travail ou de réduire les déficits publics, de transformer la gestion de l'Etat ou de réformer la fiscalité. Ce sont des moyens, des instruments, pour parvenir à autre chose : la libération des énergies", dit-il. De ce premier objectif découle le suivant:

"Et, par cette libération, en finir avec notre imposture de ces dernières années : celle d'un pays dur aux faibles mais qui se gargarise d'égalité et de fraternité, d'un pays corseté par les règles et les rentes qui se croit un pays de liberté, d'un pays inégalitaire mais qui ne fait pas sa place au mérite, d'un pays à la fois inefficace et injuste, injuste parce qu'inefficace, inefficace parce qu'injuste. C'est cela qui est en cause dans les réformes. C'est cela que personne ne doit perdre de vue", pose le président de la République qui avance que la France est la seule grande économie de l'Union européenne qui a échoué à vaincre le chômage de masse.

Macron répond à Hollande et Mélenchon

Il livre sa vision globale de la situation actuelle du monde du travail: "Nous vivons un mouvement inéluctable de transformation du travail, car nous sommes entrés dans une économie de l'innovation, des compétences et du numérique." Pour répondre à ce "défi mondial", il propose d'effectuer une "révolution copernicienne", dans laquelle vient s'inclure cette réforme du Code du travail. Interrogé sur l'écho que trouve l'opposition qui combat la politique économique et sociale qu'il envisage, il répond: "Je respecte toutes les oppositions. Mais notez que Jean-Luc Mélenchon n'apporte aucune solution pour les vrais sacrifiés du système. C'est quand vous réformez le marché du travail et du logement que vous faites une politique pour la jeunesse."

Un autre de ses détracteurs, celui-ci plus récent, en prend aussi pour son grade: François Hollande qui, le 22 août, l'avait mis en garde contre "les sacrifices inutiles" demandés aux Français. "J'ai du respect pour François Hollande. Je pense qu'il y a eu de bonnes mesures économiques et sociales lors du précédent quinquennat, et j'espère y avoir contribué. Mais il serait étrange que l'impossibilité qui a été la sienne de défendre son bilan devant les Français puisse motiver une tentation, durant les années qui viennent, de le justifier devant les journalistes", rétorque Emmanuel Macron.

Robin Verner