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Réforme des retraites : pour ou contre une hausse de la CSG ?

L’une des solutions proposées par le rapport Moreau est d’aligner le taux de prélèvement entre actifs et pensionnés puis d’augmenter la CSG.

L’une des solutions proposées par le rapport Moreau est d’aligner le taux de prélèvement entre actifs et pensionnés puis d’augmenter la CSG. - -

La réforme des retraites est attendue à l’automne pour combler un déficit de 14 milliards d’euros. Parmi les pistes évoquées, une hausse de la CSG. Les entreprises y voient une mesure « indolore » qui préserverait l’emploi. Mais selon l’économiste Henri Sterdiniak, elle ne ferait que prolonger la récession.

Une hausse de la CSG est-elle à craindre? C'est en tout cas une des solutions qu'il faut envisager selon Bruno Le Roux, le chef de file des députés PS. Car la réforme des retraites sera bien le grand rendez-vous social de cet automne. En 2012, le déficit s'est élevé à 14 milliards d'euros, et si rien n'est fait d'ici la fin de la décennie, ce sera 20 milliards d'euros minimum qu'il faudra trouver pour combler le déficit de l'ensemble des régimes de retraite.
Parmi les pistes explorées : le rallongement de la durée de cotisation, la retraite à points, mais aussi une hausse de la CSG, la contribution sociale généralisée qui touche tous les revenus, y compris deux du capital.
Si le gouvernement choisit cette mesure, elle s'appliquera à tout le monde à l’exception des retraités qui ont une très faible pension et des chômeurs qui sont soit en fin de droits, soit très peu indemnisés. Mais alors que les revenus des salariés sont ponctionnés à hauteurs de 7,5%, ceux des retraités ne le sont qu’entre 3,8 et 6,6%. L’une des solutions proposées par le rapport Moreau, remis au gouvernement début juillet, est donc d’aligner le taux de prélèvement entre actifs et pensionnés puis d’augmenter la CSG. Un point de hausse équivaudrait pour un salarié qui touche 2000 euros bruts par mois, à payer 120 euros supplémentaires par an.
Pour les détracteurs de cette solution, il s’agirait une fois encore de réduire le pouvoir d’achat, notamment des classes moyennes.

« On a toujours les mêmes solutions »

Philippe Pihet, en charge du dossier retraite à Force Ouvrière, estime que ce n’est pas une bonne solution. « Ça va impacter le pouvoir d’achat des salariés, des retraités et des chômeurs. Un des derniers moteurs de croissance qui restait était la consommation, et je ne vois pas comment elle va repartir avec une ponction supplémentaire sur le salaire net ». Il s’avoue « surpris » de la décision du patron des députés PS, qui s’aligne sur les arguments de l’ancienne majorité : « on a toujours les mêmes solutions », conclut-il.

« Une mesure relativement indolore »

Du côté des tenants de la hausse de la CSG, on souligne qu’une telle mesure n’entamerait la compétitivité des entreprises.
Jean-François Ribaud est président de la CGPME, le syndicat des petites et moyennes entreprises, il s’agit d’une mesure « relativement indolore, qui n’alourdirait pas la fiscalité des entreprises ». Il ajoute : « C’est une taxe relativement faible qui toucherait tout le monde. Un point de CSG, c’est environ 12 milliards d’euros, donc une hausse de 0,2 ou 0,3 points de CSG pendant cinq ans serait sans doute suffisante ». Pour Jean-François-Ribaud, cette solution protègerait les emplois.

« Le gain va être très faible »

Pour Henri Sterdiniak, économiste à l'OFCE, l'office français des conjonctures économiques, une hausse de la CSG ne ferait que ralentir la croissance, et « maintenir la France et la zone euro dans la récession ». Une telle mesure actuellement, « c’est prendre 7 milliards de plus sur les ménages l’année prochaine. Les ménages vont réduire leur consommation, ça va réduire l’activité, et comme tous les pays de la zone euro font la même chose, le gain va être très faible ». Pour le spécialiste, la priorité est de trouver « une stratégie de croissance pour relancer l’économie, et pas de réduire les systèmes de protection sociale ».

Claire Béziau, avec Claire Checcaglini