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Meeting à Paris, réadhésions, nouveau livre... Comment Éric Zemmour veut se relancer

Eric Zemmour le 15 octobre 2022 à Paris

Eric Zemmour le 15 octobre 2022 à Paris - Bertrand GAY/AFP

Le patron de Reconquête joue son va-tout ce dimanche, avec un nouveau rassemblement un an après son grand meeting à Villepinte. Si l'ambiance est très morose dans les rangs du mouvement, certains s'accrochent à l'espoir de sa candidature aux européennes en 2024.

Éric Zemmour joue désormais sa survie politique. Défait à la présidentielle puis aux législatives, le polémiste fête ce ce dimanche la première année de son parti Reconquête avec un meeting parisien. Neuf mois après son dernier grand rassemblement dans la course à l'Élysée, l'ancien journaliste du Figaro met les petits plats dans les grands au Palais des sports.

"Nous aurons une nouvelle scénographie, des lumières, de l'espace scénique avec toujours notre esthétique", promet Olivier Ubéda, l'ordonnateur des raouts pendant la campagne présidentielle, auprès de BFMTV.com.

Un raout pour conjurer la "grosse déprime"

Le mouvement assure que la salle et ses 4000 places assises prévues seront pleines, moyennant 10 euros par personne. On reste cependant très loin des 10.000 participants rassemblés à Villepinte, il y a un an jour par jour, pour le premier grand meeting de campagne du candidat. Il avait émaillé d'incidents violents, quelques jours à peine après la déclaration de candidature à la présidentielle du sexégénaire.

Avec ce nouveau rassemblement, Éric Zemmour et son camp veulent retrouver un peu de force, après des derniers mois très compliqués, entre plusieurs départs de ses lieutenants et un score de 7% au premier tour de la présidentielle, très loin des espérances de son équipe.

"C'était la belle époque, on y croyait", avance un ancien cadre de la campagne, qui a pris ses distances avec le mouvement. "Ça a l'air un peu fou aujourd'hui mais on se voyait bien affronter Macron au second tour."

"Maintenant, c'est plutôt la grosse déprime", résume-t-il.

Faire réadhérer les militants

Seconde urgence pour Reconquête: réussir sa campagne de réadhésion. Lors de la présidentielle, un peu moins de 100.000 personnes avaient pris leur carte. Le mouvement veut désormais convaincre 50.000 d'entre elles de renouveler leur cotisation.

Pour atteindre cet objectif, le parti, un temps plus discret sur les réseaux sociaux, a remis le paquet sur les vidéos et vient de lancer une campagne de démarchage téléphonique. "Je passe environ 90% de mon temps à bosser sur ce sujet", assure Stanislas Rigault, président de Génération Z et salarié du parti.

Les personnalités du mouvement comme Marion Maréchal, Guillaume Peltier ou Nicolas Bay sont également appelés à mouiller la chemise et à se rendre dans plusieurs fédérations avant le 31 décembre pour aller à la rencontre des militants et les convaincre.

"On va pas se mentir", résume l'eurodéputé Gilbert Collard, ex-RN un temps président d'honneur de Reconquête:

"Soit on arrive à faire réadhérer les gens et ça veut dire que l'aventure politique continue. Soit, il y a une désaffection grave et il faudra en tirer les conséquences."

Réussir la sortie de son livre

Autre étape capitale des prochains mois: le futur livre d'Éric Zemmour dont la sortie est prévue pour la fin du mois de février ou le début du mois de mars, probablement suivie d'une conférence par semaine pendant plusieurs mois dans l'Hexagone.

Avec un objectif clair: faire au moins aussi bien que les chiffres de vente de son dernier opuscule La France n'a pas dit son dernier mot, cinquième ouvrage le plus vendu en 2021, et refaire une tournée sur le même modèle. Ces meetings-conférences lui avaient alors servi de rampe de lancement pour 2022.

Beaucoup au sein du parti attendent également un ouvrage sérieux, qui dépasse "les petites anecdotes de ses conversations", tance un ancien candidat aux législatives. Sa tribune dans Le Figaro fin novembre dans laquelle il a dévoilé ses échanges avec Éric Ciotti et Nicolas Sarkozy a déplu à certains, qui l'ont jugée "pas au niveau".

"J'espère qu'on ne sera pas dans les punchlines et dans les règlements de compte", s'agace le responsable d'une fédération locale.

"On doit pouvoir voir où on veut aller", exhorte-t-il. On ne peut pas rester dans le constat. Il faut donner une direction maintenant."

Les chiffres de vente seront particulièrement scrutés, après que de nombreux candidats aux législatives ont fini sous la barre des 5% qui ouvre accès au remboursement public des frais de campagne et que certains militants disent avoir réalisé des dépenses de leur poche durant la période électorale. Quant aux fédérations, elles n'ont souvent pas de local ni de budget.

"Le parti a de l'argent et on est beaucoup à ne pas très bien comprendre à quoi il sert, à part salarier des intimes de Zemmour, grince un membre du mouvement qui réfléchit à ne pas reprendre sa carte. "Si son livre bat encore des records, ça peut péter sérieusement."

Trouver une tête d'affiche pour les européennes

Dernier gros morceau pour Reconquête: la préparation des européennes en mars 2024. Officiellement, personne n'y pense.

"C'est à la fois demain et très loin pour nous. On n'en est pas du tout là", jure Stanislas Rigault.

Officieusement, dans un mouvement qui n'a pas réussi à faire entrée un seul député à l'Assemblée nationale - à commencer par Éric Zemmour qui a été éliminé dès le premier tour dans le Var -, tous les regards sont tournés vers cette échéance électorale.

Avec un scrutin à un seul tour, le parti juge avoir des chances de faire entrer des élus au Parlement européen. Question: qui pour prendre la tête de liste ? Certains plaident pour Marion Maréchal, à l'instar de Gilbert Collard. "Elle n'a pas été abîmée par la campagne, elle est très connue et je pense qu'elle a envie", défend ainsi l'avocat.

Occuper l'espace jusqu'en 2027

Autre avantage: en cas de faible score, sa défaite aurait l'avantage de protéger le patron du parti. D'autres poussent pourtant pour qu'Éric Zemmour y aille afin d'occuper l'espace médiatique trois ans avant la présidentielle. "Un chef, c'est fait pour cheffer et monter en première ligne", juge l'un des proches des candidats.

"S'il n'y va pas, ça donnera vraiment l'impression qu'il n'a plus envie et ça nous priverait d'une belle fenêtre médiatique avant la présidentielle", poursuit cette source.

Problème: en cas de défaite, l'horizon 2027 s'éloignerait irrémédiablement. La pression sur les épaules d'Éric Zemmour ne risque pas de redescendre dans les prochains mois.

Marie-Pierre Bourgeois