Quid du préfet « désavoué » par Sarkozy ?
Le préfet de la région Centre et du Loiret, Bernard Fragneau, a demandé ce week-end au ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, à « être relevé au plus tôt de ses fonctions ». En cause : le retour soudain de Najlae Lhimer, cette lycéenne marocaine sans papiers, expulsée en février dernier. Appliquant les directives du gouvernement, Bernard Fragneau avait délivré un arrêté de reconduite à la frontière pour cette jeune fille de 19 ans. Quelques jours après son expulsion, pour la Journée de la femme, Nicolas Sarkozy a demandé le retour immédiat de Najlae en France, avec un visa. Le préfet estime avoir été « désavoué » par le Président de la République.
Ni la préfecture, ni le ministère de l'Intérieur ne souhaitent faire de commentaire pour l'instant. Le ministère a simplement rappelé que « les décisions concernant les préfets sont prises en Conseil des ministres ». Le sort de Bernard Fragneau pourrait donc être décidé dès ce mercredi.
« Je regrette la décision du Préfet »
S'il comprend la décision de Bernard Fragneau, Jean-Pierre Door, député UMP du Loiret, la « regrette, à titre personnel » : « il a pris la position que doit prendre un préfet. Le Président de la République a pris une décision qui lui incombe à titre tout à fait personnel, dans le cadre, je le rappelle, de la Journée internationale de la Femme. Le préfet doit avoir cette impression d'avoir été désavoué par le Chef de l'Etat. »
Ségolène Petit, militante RESF Loiret :
« Dénoncer l'incohérence de ces procédures »
Ségolène Petit est militante au sein du réseau Education sans frontières (RESF) du Loiret, qui défend les sans-papiers scolarisés et avait organisé l'accueil de Najlae Lhimer au Maroc. Le 2 mars dernier, elle avait été reçue par le préfet dans son bureau pour aborder le cas de la jeune fille. Soutenant le choix de départ de Bernard Fragneau, elle « dénonce l'incohérence de ces procédures » : « on lui demande de faire en sorte que le quota d'expulsions soit respecté. Donc, il expulse [Najlae Lhimer]. Et après, quand ça fait trop de bruit, on lui dit qu'il doit faire marche arrière, ou que ce qu'il a fait n'est pas bien. Donc il y a vraiment une incohérence et sa démission peut interroger. »