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Qui est Jean-François Jalkh, le nouveau numéro un du FN?

Jean-François Jalkh, le 2 juin 2007 à Paris.

Jean-François Jalkh, le 2 juin 2007 à Paris. - MIGUEL MEDINA / AFP

Le nouveau patron du FN a pris l'intérim du parti depuis la mise en retrait de Marine Le Pen, le temps de la campagne présidentielle. C'est un personnage peu connu du grand public mais controversé.

C'est une énième polémique dont le Front national se serait sans doute passé, en pleine campagne pour l'entre-deux tours de la présidentielle. Marine Le Pen a annoncé lundi soir qu'elle se mettait momentanément en congé de la présidence du parti d'extrême droite. Une manière, selon elle, de faciliter sa mission de rassemblement des Français en vue du 7 mai. Comme le prévoient les statuts du parti, la direction revient à Jean-François Jalkh, en sa qualité de vice-président.

Depuis mardi, ce personnage-clé mais peu connu du grand public, notamment parce que ses apparitions médiatiques sont très rares, est au cœur d'une polémique. Dans des captures d'écran d'un dossier publié en 2005 dans la revue Le Temps des savoirs, on découvre que l'eurodéputé a tenu des propos troublants sur le négationnisme et les chambres à gaz. Le journaliste de La Croix Laurent de Boissieu est l'un des premiers à avoir publié ces captures d'écran sur Twitter.

"Le sérieux et la rigueur" d'un révisionniste

Dans cet ouvrage, des propos de l'eurodéputé datant du 14 avril 2000 sont rapportés. Jean-François Jalkh était alors interrogé par Magali Boumaza, dans le cadre d'un article sur le Font national de la jeunesse (FNJ). Dans cet entretien, il estime "qu'on doit pouvoir discuter" des chambres à gaz, et explique qu'il a été amené à lire "des ouvrages de gens qui sont des négationnistes ou des révisionnistes".

"Je crois qu'on ne peut pas avoir de position sur le sujet sans avoir lu le pour, le contre", ajoute-t-il. 

"Honnêtement, moi, je ne suis pas négationniste, mais je dis moi, quelque chose qui m'a énormément surpris, dans les travaux d'un négationniste ou d'un révisionniste sérieux, ce qui justement m'a surpris c'est le sérieux et la rigueur, je dirais, de l'argumentation", déclare Jean-François Jalkh.

Doutes sur l'utilisation du Zyklon B dans les chambres à gaz

Ensuite, évoquant Robert Faurisson, qui incarne l'idéologie négationniste depuis les années 70, il tient des propos dont on ne sait pas s'ils sont les siens ou ceux de Robert Faurisson, rapportés. 

"Il dit: Moi je vous demande, je pose un certain nombre de questions sur le plan technique (...) je pose concrètement un certain nombre de questions, par exemple, sur l'utilisation chimique, je m'intéresse à un spécialiste de la chimie et je lui demande sur l'utilisation d'un gaz, par exemple, qu'on appelle le Zykon B (sic), moi je considère que d'un point de vue technique il est impossible, je dis bien impossible de l'utiliser dans des (...) exterminations de masse. Pourquoi? Parce qu'il faut plusieurs jours avant de décontaminer un local qui a été... où l'on a utilisé du Zyklon B". 

Ces propos, relayés sur le réseau social, ont été condamnées notamment par Xavier Bertrand mardi.

"La nomination de Jean-François Jalkh à la présidence du FN montre le hideux visage de ce parti. Comment s'abstenir au second tour de la présidentielle?", écrit le président LR de la Région des Hauts-de-France. 

Commémoration de la mort de Pétain en 1991

Le principal intéressé a démenti ces propos auprès de Laurent de Boissieu par téléphone, tandis que la chercheuse Magali Boumaza les a confirmés auprès de Libération et de Buzzfeed notamment.

J'ai rencontré Monsieur Jalkh en avril 2000 au siège du Front national. Les propos en question représentent trois minutes d'un entretien qui a duré trois heures", explique-t-elle au quotidien, ajoutant qu'elle dispose de tous les enregistrements de l'interview. "Les propos ont été retranscrits tels qu'ils ont été prononcés", précise-t-elle à Buzzfeed.

Sur BFMTV et RMC ce mercredi, Jean-Jacques Bourdin a interrogé David Rachline, le directeur de campagne de Marine Le Pen, à propos de cette interview, et d'une autre affaire. Comme en témoigne une brève du Monde datant de 1991 et disponible dans la version abonnés, Jean-François Jalkh a assisté cette année-là à une cérémonie commémorant la mort du maréchal Pétain à l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, place forte parisienne du catholicisme intégriste, occupée par la fraternité Saint-Pie-X, où la messe est donnée en latin. 

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- © Capture d'écran Le Monde.

"Il n'a jamais été mis en cause depuis 30 ans"

"Est-ce qu'il a commémoré en 1991 la mort de Philippe Pétain?" a demandé Jean-Jacques Bourdin. "Non, c’est une atteinte à son honneur que de faire croire le contraire", a répondu David Rachline.

"C’est un homme qui n’a jamais été mis en cause depuis 30 ans, il a démenti évidemment les propos qu’on lui prête, il le conteste, il a déposé une plainte, parce que cette affaire est évidemment montée de toutes pièces", a-t-il ajouté. 

Membre historique du Front national, Jean-François Jalkh y a milité depuis sa création en 1974, a rejoint le Comité central en 1981, puis le Bureau exécutif en 2010, comme le précise le site du FN. Il est élu député FN en 1986 grâce au scrutin proportionnel et est eurodéputé depuis 2014.

Très proche de Jean-Marie Le Pen avant d'être fidèle à sa fille, c'est lui qui a organisé en 2011 le congrès de la succession à l'ancien président, et qui en 2015 a présidé la réunion qui décidé de l'exclusion de Jean-Marie Le Pen, de laquelle Marine Le Pen était absente, comme le rappelle Libération. Vice-président du Front national depuis 2012, il est en charge des élections et des contentieux électoraux. Si Marine Le Pen échoue au second tour de la présidentielle, son intérim devrait prendre fin le 7 mai. 

Charlie Vandekerkhove