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Quatennens: pour Ruffin, Mélenchon a "confondu" les registres de "l'amitié" et de la "réaction politique"

Le député LFI François Ruffin lors d'un débat à l'Assemblée nationale, le 16 janvier 2022 à Paris

Le député LFI François Ruffin lors d'un débat à l'Assemblée nationale, le 16 janvier 2022 à Paris - Thomas COEX © 2019 AFP

Selon le député de la Somme, on attend d'un dirigeant comme Jean-Luc Mélenchon "qu'il défende" la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, "même quand ce sont les siens qui sont mis en cause".

A gauche, François Ruffin a une voix singulière. Le député de la Somme, qui siège avec les Insoumis à l'Assemblée nationale, s'est exprimé sur France Info mercredi. Comme souvent, il ne fait pas comme les autres. Que pense-t-il des violences conjugales qu'a reconnues Adrien Quatennens ?

L'élu a eu deux messages. Un "public", consistant à dire que "les violences au sein du couple sont intolérables quels que soient les conflits qui existent" ajoutant qu'il "apporte [s]on soutien aux femmes victimes en France et dans le monde". Puis, un autre message, privé cette fois-ci, pour adresser sa "fraternité" au député du Nord.

Jean-Luc Mélenchon a "confondu deux registres"

Jusqu'ici, rien de nouveau. D'autres députés insoumis avaient fait de même, prenant ainsi leurs distances avec Jean-Luc Mélenchon qui avait salué dans un premier temps le "courage" et la "dignité" d'Adrien Quatennens dans un tweet, sans avoir un mot pour la victime, Céline Quatennens."Ce sont ses mots, pas les miens", avait par exemple déclaré Clémentine Autain, députée La France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis.

Pour autant, François Ruffin prend moins de pincettes pour critiquer le chef. Selon lui, le leader insoumis a "confondu deux registres" : "l'amitié" et une "réaction politique".

"On attend qu'il défende ces principes [de lutte contre les violences] même quand ce sont les siens qui sont en cause", a jugé le député-journaliste.

D'après François Ruffin, Jean-Luc Mélenchon a perçu une "dissonance" dans ses propos et a "essayé de raccommoder ça". Quelques heures après son premier tweet, l'ancien candidat à la présidentielle en avait publié un second, pour préciser qu'il n'est pas "indifférent" à Céline Quatennens mais que celle-ci ne "souhaitait pas être citée". Et de préciser: "une gifle est inacceptable dans tous les cas". Sur France 2, dimanche, il a fait un mea culpa à sa façon : "Tout le monde peut faire mieux, moi aussi".

"Il dit "personne n'est parfait", c'est déjà un pas", a commenté François Ruffin.

"Couper des têtes"

L'amiénois est également revenu sur la gestion des cas de violences sexuelles et sexistes au sein des partis politiques. L'élu a mis en avant un une "révolution" qui se caractérise notamment par le fait que le "niveau éducatif des femmes est plus élevé que celui des hommes".

"Comme toute les révolutions, ça se fait en coupant des têtes et parfois en faisant des charrettes", a jugé le député, tout en reconnaissant que cela présentait le risque d'écarter des personnes innocentes.

Ces derniers jours, de nombreux élus du Rassemblement national (RN) et du parti Les Républicains (LR) ont répété que ce travail revenait à la justice et non aux partis politiques, accusant au passage la gauche de gérer ces cas en interne.

"Dans les partis, on ne doit pas attendre deux-trois ans que la justice ait fait son travail pour mettre en place une sanction et séparer l’agresseur [de] l’agressé", répond François Ruffin.

"Il faudrait qu’on ait une procédure, une charte nationale uniforme qui permette de [savoir] comment on va avancer en interne sur un certain nombre de choses", a-t-il avancé.
Baptiste Farge