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Quand Mounir Mahjoubi, desservi par son nom, envoyait son CV dans le vide

Mounir Mahjoubi a été nommé secrétaire d'Etat au numérique.

Mounir Mahjoubi a été nommé secrétaire d'Etat au numérique. - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Dans un entretien au Guardian, le secrétaire d'Etat en charge du Numérique revient sur son parcours et explique que les difficultés causées par son patronyme l'ont poussé à lancer sa propre entreprise.

A 33 ans, Mounir Mahjoubi est secrétaire d'Etat en charge du Numérique dans le gouvernement d'Edouard Philippe et est en passe de détrôner l'un des poids lourds du PS dans sa circonscription de Paris. Face à Jean-Christophe Cambadélis, réputé indéboulonnable dans la 16ème circonscription où il était élu depuis 1997, son cadet, investi par La République en marche, est arrivé dimanche en tête avec 38% des voix. Le premier secrétaire du PS, arrivé quatrième, a été éliminé dès le premier tour.

Avant son entrée au gouvernement, Mounir Mahjoubi a été notamment nommé à la tête du Conseil national du numérique par François Hollande. Avec sa maîtrise de droit, son master d'économie et de finance à Sciences-Po Paris, son année à Columbia, aux Etats-Unis, et son passage à Cambridge, en Angleterre, il a un CV bien rempli.

Un CV "dans lequel il manque les bons stages"

Des réussites qui ne l'ont pas empêché de connaître quelques difficultés, comme il le raconte dans un entretien au Guardian, publié ce mardi. Le plus jeune membre du gouvernement explique avoir notamment pâti de son patronyme à consonance arabe, ses envois de CV restant très souvent lettre morte.

"Il ne s'agit pas seulement des noms à consonance arabe. Ces noms sont souvent associés à un milieu ouvrier, et ça peut signifier un CV dans lequel il manque les bons stages parce que vous ne connaissez pas bien le système", explique le secrétaire d'Etat. "C'était mon cas", ajoute-t-il, et cela l'a convaincu de se lancer tout seul en montant sa propre entreprise. 

Découverte d'Internet

Les parents de Mounir Mahjoubi sont arrivés du Maroc dans les années 70, alors que sa mère avait 17 ans. "C'était une famille très populaire, ils sont arrivés sans qualifications", explique-t-il, avant de détailler les emplois occupés par le couple.

Dans cet entretien, le secrétaire d'Etat raconte aussi sa découverte d'internet, à l'âge de 12 ans, sur une publicité pour le Palais de la Découverte, qui proposait d'essayer gratuitement le réseau. Grâce à un abonnement annuel au musée, il s'y est rendu tous les week-ends. L'année suivante, il a remporté un prix lors d'un concours organisé par Sciences et Vie Junior. Grâce à l'argent remporté, il s'est acheté un ordinateur. 

"Je représente la diversité sur de nombreux fronts", se félicite Mounir Mahjoubi, "celui de l'âge, du digital, de l'entreprenariat et, après tout cela, oui, j'ai un nom arabe, un visage différent. Et si cela implique qu'un enfant puisse me regarder et dire "un jour je serai ministre", alors j'en suis très heureux", explique le secrétaire d'Etat. 

Charlie Vandekerkhove