Quand Fillon déclare ouverte la chasse aux taupes

La chasse aux taupes est bel et bien ouverte au gouvernement. Et l'on ne vise plus seulement les conseillers de l’ombre. Malheur aussi aux « ministres taupes ». Le vrai Far West.

Et le taupier en chef - car c’est comme ça que l’on nomme les chasseurs de taupes - c’est François Fillon lui-même. C’est bien simple, les députés UMP réunis hier mardi en fin de matinée à l’Assemblée nationale pour la traditionnelle réunion de groupe, en présence du Premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement, n’en sont toujours pas revenus. Le Premier ministre a en effet tiré à vue sur… Michèle Alliot-Marie, sa ministre de la Justice, assise dans la même salle !

En effet, dans l’affaire des fuites dans la presse, François Fillon ne se contentera pas d’un lampiste. Il ne lui suffit pas d’avoir eu la peau du conseiller pénal de la garde des Sceaux, David Sénat, soupçonné d’avoir fait passer à un journaliste du Monde les PV d’audition de Patrice de Maistre dans l’affaire Bettencourt. François Fillon, le nouveau dur de la droite, veut que les têtes tombent : « Il faut remettre les choses à l’endroit », dit-il « les fuites répétées émanant du cabinet du garde des Sceaux sont contraires à la législation ». Les fuites répétées… bigre ! Ça fait mauvais genre.

Dans les coulisses du gouvernement, hier, chacun y allait de son décryptage. « Fillon veut torpiller la candidature de MAM à Matignon », disent les uns. « MAM est soupçonnée d’abriter au sein de son cabinet des hauts fonctionnaires hostiles à Nicolas Sarkozy. Et le rôle de MAM dans l’affaire Clearstream a toujours été ambigu », rappellent les autres.
Selon les participants à cette réunion, Michèle Alliot-Marie, elle, n’a pas bougé, elle n’a pas réagi, elle n’a pas cillé. Droite comme un piquet. Droite comme la Justice.

MAM n'est pas la seule cible de Fillon

Hier, certains participants à la réunion ont aussi relevé la pique envoyée à Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur. François Fillon a déploré la circulaire qui ciblait spécifiquement les Roms et qui fait depuis hier l’objet d’une procédure de l’Europe contre la France. Attaque de François Fillon : « Une circulaire maladroite signée par un haut fonctionnaire décalé ». « Décalé » ? Mais il s’agit carrément du directeur de cabinet de Brice Hortefeux, Michel Bart, son principal collaborateur. Un ministre de l’Intérieur qui n’a pas pris de vacances, on le rappelle, et qui était forcément au courant de cette circulaire.

Des taupes chez Hortefeux aussi !

Dans le cabinet de Brice Hortefeux il y a donc des hauts fonctionnaires décalés. Et des taupes. Ce matin dans Le Canard Enchainé, on trouve la copie d’un mail envoyé par le cabinet du ministre de l’Intérieur à celui d’Eric Besson. Une convocation par courriel, envoyée le 3 aout à 11h21, à Lucien Guidicelli, conseiller d'Eric Besson. Avec un double à sa secrétaire, pour la fameuse réunion d’où est sortie la circulaire aux préfets du 5 août, ciblant expressément l'évacuation de campements de Roms.
Tiens, c’est curieux. Eric Besson avait indiqué lundi n’être pas au courant de la circulaire. Il s’était donc désolidarisé du ministre de l’Intérieur. Et deux jours plus tard, Le Canard Enchainé a la preuve que le cabinet d’Eric Besson était au courant de ce qui se tramait…

Heureusement les taupes veillent pour rétablir la vérité. Ce n’est plus un gouvernement, ce n’est plus une taupinière, c’est une pétaudière. C’est le Far West.