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Politique

Quand Chérèque charge Sarkozy

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Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque accuse Nicolas Sarkozy d’avoir proposé une loi d’amnistie sur l’affaire de l’UIMM.

Dans un livre à paraître le mercredi 3 septembre (« Si on me cherche... »), le secrétaire général de la CFDT François Chérèque affirme que Nicolas Sarkozy aurait envisagé une loi d'amnistie pour les bénéficiaires des financements occultes de l'UIMM (Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie). Des propos que le chef de l'Etat aurait tenus à François Chérèque lors d'un entretien le 26 octobre 2007.

On est alors en plein scandale, un mois après la révélation des retraits en liquide des caisses de l'UIMM. Et pourtant le Président de la République aurait déclaré : « bien entendu, il faudra en passer par une loi d'amnistie, comme ça a été le cas pour les hommes politiques avant la loi sur le financement public des partis ». François Chérèque y est fermement opposé mais il a le sentiment que le Président lui tend une perche, au cas où un membre de la CFDT aurait dérapé. D'ailleurs, Raymond Soubie, le conseiller social du chef de l'Etat, présent lors de l'entretien, laisse entendre qu'un militant du syndicat serait en effet impliqué. Mais François Chérèque, inflexible, s'en remet au travail de la justice. « Ils étaient estomaqués » précise le leader syndical. Du côté de l'Elysée, un démenti formel a rapidement répondu à ces accusations : « Il n'y a jamais eu ni projet, ni intention de loi d'amnistie ».

Pourquoi Nicolas Sarkozy aurait-il fait une telle proposition ?

Eric Decouty, journaliste à l'hebdomadaire Marianne, avait été le premier à révéler l'affaire de l'UIMM le 25 octobre 2007 dans le Figaro. Invité sur RMC pour réagir aux accusations de François Chérèque, il a précisé qu'il n'était « pas du tout surpris » par les propos de François Chérèque. Pour lui, « cela confirme un certain nombre d'éléments sur le rôle de Nicolas Sarkozy dans cette affaire. François Chérèque dit qu'un mois après les révélations, Nicolas Sarkozy lui dit « Bon allez, endossez la responsabilité d'une loi d'amnistie, demandez une loi d'amnistie générale et moi je m'en occupe, je fais ça pour vous ». Et il dit aussi : « On sait qu'il y a des gens de la CFDT qui sont mouillés dans l'histoire ». Or, François Chérèque ne tombe pas dans le panneau et il dit « La justice passera » ».

« Cela veut dire que Nicolas Sarkozy connaît bien ce dossier et s'il y a une personnalité politique qui n'a pas du tout envie de le voir prospérer, c'est bien lui. En effet, en 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances, est saisi du dossier de l'UIMM. A l'époque, il est parfaitement informé du fait que Gautier-Sauvagnac, le patron de l'UIMM, a retiré de l'argent liquide depuis 2002. La cellule d'enquête de Bercy lui a remis un rapport très précis lui demandant s'il fallait le transmettre à la justice. Nicolas Sarkozy donne alors consigne de ne rien faire. Et c'est comme ça que les retraits ont continué pendant deux ans. Nicolas Sarkozy n'a donc pas du tout envie que les choses se développent ».

« D'autre part, rappelle Eric Decouty, la proposition faite à Chérèque laisse entendre que les syndicats sont les seuls bénéficiaires des retraits de Gautier-Sauvagnac. Or, on sait aujourd'hui de façon imprécise mais convaincante que les syndicats ont sans doute touché de l'argent de l'UIMM mais les politiques aussi. Nicolas Sarkozy essaie de faire endosser une sorte d'amnistie générale aux syndicats, dont les politiques aussi vont bénéficier. Car les politiques, et Nicolas Sarkozy a peut-être des informations précises sur le sujet, n'ont pas envie que l'affaire se développe judiciairement. [...] Aujourd'hui, personne n'a envie de parler et que la vérité soit connue. Dans les milieux syndicaux, dans les milieux politiques, peut-être également dans quelques milieux journalistiques, personne n'a envie que l'on sache où l'argent est allé ».

La rédaction et Aurélia Manoli