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Protection des personnalités : la Cour des comptes dénonce des gaspillages

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Plusieurs personnalités politiques françaises sont protégées à grands frais par des gardes du corps alors qu'aucun danger ne les menace, affirme la Cour des comptes dans un pré-rapport révélé ce lundi.

PARIS (Reuters) - Des personnalités politiques françaises sont protégées à grands frais par des gardes du corps alors qu'aucun danger ne les menace, affirme la Cour des comptes dans un pré-rapport révélé lundi par des journaux.

Le Service de protection des hautes personnalités (SPHP), dépendant du ministère de l'Intérieur, offre, en France et à l'étranger, des protections de "confort" à des personnalités politiques et à d'anciens dirigeants et leurs épouses, estime l'institution citée notamment par le Figaro.

Le coût de ces protections est, en moyenne, de 71.879 euros par policier et par an. Les voyages à l'étranger font rapidement grimper la note.

En 2008, le coût en protection des voyages de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a frôlé les 95.000 euros.

L'ex-otage en Colombie, Ingrid Betancourt, a été protégée par le SPHP entre juillet 2008 et l'automne 2009 pour un total dépassant les 100.000 euros, notamment en raison d'un long voyage à New York.

Le ministère de l'Intérieur a précisé que ce rapport n'était pas définitif et qu'il l'expertisait.

"Depuis près d'un an, le ministre de l'Intérieur (Brice Hortefeux) a déjà pris un certain nombre de mesures consistant à alléger, voire supprimer la protection de certaines personnalités dont l'état des menaces ne semblait plus justifier de protection", a-t-on dit à Reuters.

PROTECTION À VIE

La Cour des comptes préconise de réduire la durée et le nombre de personnalités protégées.

L'ancien ministre socialiste et nouveau membre du Conseil constitutionnel Michel Charasse, les anciens candidats à l'élection présidentielle Ségolène Royal et François Bayrou ou la patronne du Medef Laurence Parisot sont protégés sans raison apparente.

Ségolène Royal a affirmé que sa protection était "tout à fait justifiée", précisant notamment avoir reçu récemment une balle de gros calibre par courrier.

"Depuis l'élection présidentielle, je ne peux plus sortir de façon anonyme, soit parce qu'il y a des manifestations d'affection excessives, soit parce qu'il y a de l'agressivité", a-t-elle expliqué sur RTL.

"J'ai reçu récemment une balle de gros calibre sous pli fermé. J'ai eu mon domicile mis à sac et sans vol, c'est-à-dire que c'était manifestement une procédure d'intimidation et de nuisance très forte", a-t-elle ajouté.

La décision de protéger ou non une personnalité dépend pourtant "d'une analyse précise des risques de menace qui pèsent sur elle", réactualisée régulièrement, selon le ministère.

Michel Charasse, dont les activités politiques passées et présentes ne justifient pas une protection policière, dispose d'une escorte permanente. Deux officiers de sécurité louent un appartement à proximité du sien dans le petit village de Puy-Guillaume (Puy-de-Dôme).

Les anciens ministres de l'Intérieur jouissent d'une protection à vie, que la France est le seul pays à accorder selon la Cour des comptes, de même que les anciens premiers ministres et anciennes épouses de président de la République.

Les protections de ministres sont parfois prolongées au-delà de leur mission sans raison apparente : l'ex-ministre de la Justice Rachida Dati a conservé ses gardes du corps jusqu'en mars dernier, neuf mois de plus que son bail au ministère.

Elle a donc été escortée lors d'un séjour d'un mois au Maroc, en août 2009.

Des économies pourraient aussi être faites sur la protection des personnalités étrangères en visite privée en France, juge la Cour des comptes. Ces missions ont coûté plus de 158.000 euros en 2008 et s'apparentent davantage à des services de conciergerie qu'à de la protection.

Ainsi, les soeurs d'un dirigeant africain installées en France bénéficieraient d'une escorte permanente.

Clément Guillou, édité par Gérard Bon

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