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Politique

Primaire à gauche: qui dit quoi sur la PMA?

Les candidats de la primaire à gauche ne défendent pas tous l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux célibataires.

Les candidats de la primaire à gauche ne défendent pas tous l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux célibataires. - LIONEL BONAVENTURE / AFP

L'ouverture de la PMA à toutes les femmes était un engagement de campagne de François Hollande en 2012. A l'aune de la prochaine présidentielle, les candidats de la primaire à gauche sont divisés sur le sujet. Certains le portent sans ambiguïté, d'autres temporisent.

Au sein du gouvernement, la ministre des Droits de femmes, Laurence Rossignol, est l'une des seules à réclamer depuis des mois l'ouverture de la PMA (procréation médicale assistée) à toutes les femmes. En avril dernier, elle prédisait que la gauche s'engagerait en 2017 pour porter cet engagement pris par François Hollande lors de sa campagne de 2012 et jamais honoré. Figurant parmi les promesses du candidat, la proposition devait accompagner celle de l'ouverture du mariage aux couples de même sexe.

D'après les promesses de François Hollande puis du gouvernement, elle aurait dû au départ être étudiée dans le cadre de la loi Famille. Puis de manière indépendante. Puis plus du tout. Actuellement autorisée aux seuls couples hétérosexuels pacsés ou mariés, avec un diagnostic de stérilité ou de maladie grave susceptible d'être transmise à l'enfant, la procréation médicale assistée recouvre plusieurs pratiques. Des traitements hormonaux, la fécondation in vitro et l'insémination artificielle avec donneur anonyme ou connu, et le don anonyme d'embryon.

A à peine plus de trois mois de la présidentielle et à quelques jours seulement de la primaire à gauche, force est de constater que tous les candidats ne se sont pas emparés de la question. Parmi les sept prétendants à la primaire, certains portent le projet d'ouverture de la PMA à toutes les femmes dont les célibataires, d'autres aux couples lesbiens seulement. D'autres enfin promettent d'aborder la question, non sans une certaine frilosité. Tour d'horizon.

Pinel, Hamon et de Rugy pour une égalité totale

Parmi les sept candidats socialistes et écologistes, Sylvia Pinel, Benoît Hamon et François de Rugy affichent la position la plus favorable. Tous trois proposent d'ouvrir la PMA à toutes les femmes, célibataires ou lesbiennes, Cette idée figure noir sur blanc dans le programme de Benoît Hamon et François de Rugy, et dans celui du Parti radical de gauche, dont Sylvia Pinel est la présidente. Cette dernière souhaite également faciliter l'adoption par les couples homosexuels et les célibataires. 

"Il y a une hypocrisie sur ce sujet et une inégalité entre les femmes. Elle est réservée uniquement aux couples hétérosexuels alors que les célibataires ou les homosexuelles sont obligées de s'exiler", dénonçait-elle sur France 2 le 22 décembre. 

L'ancien ministre de l'Education, lui, a eu l'occasion d'aborder le sujet avant son annonce de candidature. Dans une interview au site Yagg, réalisée à la veille de la Marche des fiertés 2016, il estimait que "c'était une erreur de ne pas ouvrir la PMA". François de Rugy détaille quant à lui ce sujet dans son projet pour 2017 (pages 48).

"Pour des projets parentaux facilités pour toutes, ouverture de la PMA à toutes les femmes. Aujourd’hui ouverte aux femmes en couple hétérosexuel en situation de stérilité, la procréation médicalement assistée avec donneur anonyme sera disponible pour tous les couples, y compris les couples de femmes. Aucune discrimination ne sera établie pour sa prise en charge par les assurances sociales", peut-on lire dans le document. 

Bennahmias, Peillon et Montebourg plus nuancés

Vincent Peillon a inscrit lui aussi le sujet dans son programme. "Je garantirai l’égalité des droits en ouvrant aux couples de femmes l’accès à la procréation médicalement assistée", écrit-il, la proposition ne concernant pas cette fois les femmes célibataires. 

Jean-Luc Bennahmias n'a pas évoqué la question récemment et n'en dit rien dans son programme. Mais il y faisait référence sur son blog lorsqu'il était député européen (jusqu'en 2014).

"Il est incroyable de refuser la PMA, qui, je le rappelle, n’a rien à voir avec la question, autrement plus complexe, des mères porteuses. Je regrette qu’on recule sur la PMA; par contre je voterais contre les mères porteuses si le sujet était mis à l’ordre du jour", déclarait-il à l'époque.

Arnaud Montebourg lui, a été interrogé récemment, à l'occasion d'un chat avec des lecteurs de Libération. La proposition semble avoir été ajoutée à son programme dernièrement, plusieurs programmateurs publiés avant le mois de janvier précisaient qu'il n'avait pas pris position sur la question.

"Oui je suis favorable à l’ouverture des couples de femmes à la PMA", écrit-il simplement. Dans la vidéo de Libération, pas plus de détails, le candidat passe rapidement à la question suivante. 

Valls frileux

Enfin, sur cette question, Manuel Valls est plus disert qu'Arnaud Montebourg à l'écrit. Mais dans le fond, il fait preuve d'au moins autant de frilosité sur la question que le gouvernement dont il est issu.

"Le président de la République doit aussi être celui qui assume d’ouvrir certains débats qui traversent et parfois fracturent notre société. Je pense notamment aux grands enjeux bioéthiques qui restent devant nous, autour notamment de la question de la PMA...", écrit-il dans son programme

Dans Libération, interrogé à son tour ce mardi, il déclare: "Je suis favorable à titre personnel à ce que l’on avance sur la PMA pour les couples homosexuels (…). Elle touche des sujets éthiques, complexes et délicats, car cela concerne immédiatement la filiation. Je propose que l’on se donne le temps de la réflexion. J’assume d’ouvrir ce débat malgré les lobbys", déclare-t-il. 

Sur la GPA, de Rugy est seul

Quant à la GPA (gestation pour autrui), elle ne divise pas vraiment les candidats de la primaire à gauche. Comme l'écrit Jean-Luc Bennahmias, elle n'a pas de lien avec la PMA, puisqu'elle désigne le recours aux mères porteuses, pas compris dans la procréation médicale assistée. Le sujet est en fait lié à la PMA depuis que les opposants au mariage pour tous l'ont fait émerger durant leurs manifestations, alors qu'elle n'était pas près d'être légiférée. Tous les candidats sauf un sont contre. Seul François de Rugy y est favorable, dans une version "éthique".

"La gestation pour autrui sera reconnue d’ici la fin du quinquennat, dans des conditions d’encadrement strict garantissant un choix éclairé de la femme porteuse de l’enfant, et excluant toute transaction de nature commerciale", peut-on lire dans son programme.
Charlie Vandekerkhove