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Primaire à droite: qui pâtit le plus du décollage de Fillon?

François Fillon, ancien Premier ministre, candidat à la primaire de la droite.

François Fillon, ancien Premier ministre, candidat à la primaire de la droite. - CHARLY TRIBALLEAU / AFP

A six jours du premier tour de la primaire de la droite, le candidat Fillon réalise une percée dans les sondages. Comment expliquer cette soudaine ascension? Eléments de réponse avec le politologue Eddy Fougier.

ll a en l’intime conviction et l’a répété dans les colonnes du JDD ce dimanche, François Fillon affirme qu'il sera au second tour de la primaire de la droite.

Les derniers sondages lui donnent raison: selon un sondage Harris Interactive publié ce lundi, François Fillon est crédité de 17% d’intentions de votes, soit une hausse de trois points en quinze jours. Même tendance dans un sondage Odoxa publié vendredi, où l’ancien Premier ministre s’élève à 23%, enregistrant une hausse de 9 points. Il est le candidat qui réalise les hausses les plus fortes dans les différentes consultations.

Pour Eddy Fougier, politologue et chercheur associé à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques) un deuxième tour de la primaire opposant Nicolas Sarkozy et son ancien Premier ministre est envisageable.

"Il était autour des moyens candidats comme Bruno Le Maire, maintenant il rejoint les grands", observe le politologue.

La subite ascension du député de Paris, à six jours du premier tour de la primaire de la droite, est due à plusieurs éléments:

>>Une logique stratégique des électeurs

Pour Eddy Fougier, les électeurs ont "une logique stratégique", et cherchent à répondre à une question: qui est le meilleur pour battre Nicolas Sarkozy dans un premier temps, puis Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.

Si les vents étaient jusqu'ici favorables au maire de Bordeaux, ils paraissent maintenant tourner en faveur de François Fillon. Or, ces voix qui s’allient à François Fillon ne sont autres que celles destinées initialement à Alain Juppé, analyse Eddy Fougier.

"Avant, le seul plan anti-Sarkozy c’était Alain Juppé, mais les gens sont aussi enthousiastes avec lui qu’avec Hillary Clinton, là vous avez une deuxième option pour faire barrage à Sarkozy, sans les défauts de Juppé".

Une tendance apparue à la suite des débats télévisés de la primaire de la droite, où François Fillon s’est montré calme et maîtrisant ses dossiers, notamment économiques.

>>Le programme de François Fillon

Les idées économiques de l'ancien ministre de l’Education sont d’inspiration thatchérienne. Avec une suppression de l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune), une baisse de 40 milliards d’euros des charges et d’impôts sur les entreprises et un abandon des frais de notaires sur les transactions immobilières, François Fillon est "celui qui va le plus loin et est le plus cohérent" juge Eddy Fougier. Un programme libéral, capable de capter l’électorat de droite.

Le politologue estime aussi qu'il est le candidat qui a le plus travaillé. Depuis deux ans, l’ancien Premier ministre travaille son image de présidentiable sur le terrain et présente ses idées, loin des médias. Un labeur qui semble aujourd’hui porter ses fruits.

>>Le juste milieu entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy

Dans une dichotomie entre "Nicolas Sarkozy qui fait peur et Alain Juppé qui rassure", la personnalité calme de François Fillon paraît s’imposer. Les électeurs aspirent au changement et "François Fillon est celui qui peut faire bouger les choses, sans craindre la guerre civile", analyse Eddy Fougier.

De plus, François Fillon n’a pas les deux défauts que reprochent les électeurs de droite à Alain Juppé: le soutien du centriste François Bayrou et le fait d’être un Hollande bis. C’est à dire un Président dont l’unique mandat se déroulerait calmement, sans vague ni changement majeur.

"François Fillon, c’est les avantages de Nicolas Sarkozy, sans les inconvénients", conclut Eddy Fougier.

A six jours du premier tour, les sondages "qui ne valent pas tripette", selon les mots de François Fillon, lui semblent favorables. Bien sûr la prudence s'impose, en politique rien n'est jamais joué et "il y a un effet Trump", met en garde le chercheur: il faut apprendre à se méfier des sondages.

Le nom du vainqueur de la primaire à droite sera connu le 27 novembre prochain, au terme du second tour. 

Marine Henriot