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Présidentielle: les trois choix possibles de Manuel Valls

Manuel Valls et Emmanuel Macron, le 9 mars 2016.

Manuel Valls et Emmanuel Macron, le 9 mars 2016. - Alain Jocard - AFP

Manuel Valls a réuni ce mardi ses partisans à l'Assemblée nationale. Ce rassemblement des parlementaires fidèles à l'ancien Premier ministre devait lui permettre de clarifier sa position dans l'optique de la présidentielle. Alors qu'un ralliement à Emmanuel Macron est pressenti, Manuel Valls annoncera sa décision ce mercredi à 8h30 sur BFMTV et RMC au micro de Jean-Jacques Bourdin.

Ce mardi après-midi, la questure de l'Assemblée a accueilli une (nouvelle) réunion au sommet entre Manuel Valls et 80 parlementaires qui lui sont fidèles. Les deux premiers rassemblements de ce type au Palais-Bourbon avaient vu le candidat malheureux de la primaire à gauche s'éloigner du vainqueur, dénonçant une "dérive" à l'œuvre dans la campagne de Benoît Hamon. Lors de la prise de parole de ce mardi, il a à nouveau critiqué la campagne de Benoît Hamon sans appeler ses partisans à s'engager auprès d'Emmanuel Macron. Il annoncera sa décision ce mercredi matin au micro de Jean-Jacques Bourdin à 8h30 sur BFMTV et RMC. 

Un ralliement à Emmanuel Macron ne saurait tarder

L'idée d'un soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron est dans les esprits. Il est même très probable. Soucieux de peser dans une éventuelle majorité macroniste en fédérant autour de lui les parlementaires les plus sociaux-démocrates du Parti socialiste, Manuel Valls pourrait trouver plus habile de s'engager aux côtés d'Emmanuel Macron avant même le premier tour de la présidentielle. Ses proches comme Malek Boutih, député élu dans l'Essonne, ou le maire d'Evry Francis Chouat, poussent en ce sens. Mais selon l'éditorialiste politique, Laurent Neumann, présent sur notre plateau ce mardi, ce point d evue ne fait pas l'unanimité autour de lui: "Manuel Valls voudrait que tout le monde agisse groupé. Il y a ceux qui disent: 'Il faut y aller maintenant!' Et ceux qui disent ‘Attendons un peu de voir si dans les sondages François Fillon remonte et Emmanuel Macron décroche un peu’.

A noter cependant que plusieurs points pourraient rendre la chose délicate à supporter et doivent encore être éclaircis. Tout d'abord, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, même si on a du mal à l'imaginer mettre sa menace à exécution dans le cas de l'ancien patron de la majorité, a dit sa volonté d'exclure les élus socialistes qui choisiraient de se tourner vers Emmanuel Macron.

De plus, Emmanuel Macron lui-même n'a pas l'air très enthousiaste à l'idée d'accueillir un soutien d'autant plus encombrant qu'il est marqué du sceau du quinquennat finissant. Interrogé le 14 mars à Lille sur l'éventualité d'un ralliement de Manuel Valls, Emmanuel Macron avait sèchement fait observer qu'il n'avait pas "fondé une maison d'hôtes", manière de dire qu'accueillir l'ancien Premier ministre dans son camp risquait de faire passer son clan pour une auberge espagnole. Laurent Neumann a cependant remarqué que s'il était qualifié pour le second tour de la présidentielle, Emmanuel Macron aurait "besoin de tout le monde" à commencer par les "vallsistes"...comme au moment de constituer une majorité parlementaire s'il venait à remporter la présidentielle. 

Un front commun d'entre-deux tours contre Marine Le Pen

La perspective du score important de Marine Le Pen à la présidentielle joue un rôle majeur dans la détermination de Manuel Valls. Ce mardi, il a expliqué à ses soutiens, comme l'a rapporté l'un d'entre eux, qu'il faudrait prendre "ses responsabilités" au Front national. Le journaliste Antoine Heulard, dépêché ce mardi à l'Assemblée nationale, a évoqué l'analyse politique faite par l'ancien chef de gouvernement devant ses troupes: "Il pense que Marine Le Pen et François Fillon sont sous-estimés dans les sondages. Il n’exclue pas un second tour entre la droite et l’extrême droite."

L'argument du vote utile pour faire barrage à Marine Le Pen pourrait donc être mis en avant par l'ex-Premier ministre pour justifier une volonté de finalement épauler le candidat d' "En marche!" dans la campagne présidentielle. 

Manuel Valls n'en finit plus de blâmer la campagne de Benoît Hamon

L'hypothèse d'un ralliement à Benoît Hamon semble donc définitivement enterrée pour celui qui a déjà au préalable refusé de le parrainer et a signé, il y a quelques jours, une tribune au vitriol dans le JDD, dans laquelle Manuel Valls déclarait notamment:

"Comme beaucoup, je ne crois pas que l'avenir de la France passe par une sortie du nucléaire, par l'abandon des règles et des interdits – je pense bien sûr à la légalisation du cannabis –, par le dénigrement de cette valeur qu'est le travail, par une fuite en avant avec le gonflement de notre dette, qui n'est que la promesse de hausses d'impôts."

Ce mardi, devant ses soutiens rassemblés, il a à nouveau dit pis que pendre de l'orientation de la campagne du candidat désigné par le Parti socialiste et ses alliés. Manuel Valls a ainsi fustigé l'"erreur de campagne" de Benoît Hamon, dont la stratégie "consiste à courir après Mélenchon et taper Macron".

R.V.