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Politique

Prélèvement à la source: les doutes de Macron la veille de l'annonce de sa mise en place

Emmanuel Macron à l'Elysée le 5 septembre 2018

Emmanuel Macron à l'Elysée le 5 septembre 2018 - LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

L'essayiste Alain Minc, opposé au prélèvement à la source, a expliqué au JDD comment il s'est employé pour tenter de convaincre Emmanuel Macron d'abandonner le projet.

C'est officiel depuis le 4 septembre: le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu sera effectif dès le 1er janvier 2019. Mais avant l'annonce d'Edouard Philippe, les tergiversations ont été nombreuses au sein du gouvernement, et notamment chez Emmanuel Macron. Comme le révèle le JDD ce dimanche, le président a longuement hésité sur sa mise en oeuvre, jusqu'à la dernière minute. 

"Macron avait opté pour l'arrêt de la réforme"

C'est l'essayiste Alain Minc, fervent opposant à la réforme, qui pensait avoir convaincu Emmanuel Macron d'abandonner le projet. Il explique à l'hebdomadaire s'être mis aux textos, forme de communication privilégiée du président, pour tenter de le faire flancher. Le tout dans la transparence, en prévenant Matignon et Bercy de son initiative. 

"La veille au soir, Macron avait opté pour l'arrêt de la réforme", aurait-il déclaré à un ténor de la droite. "Mais Philippe et Darmanin en avaient fait une affaire personnelle, et il n'a pas voulu prendre le risque d'un affrontement avec eux dans la foulée de la démission de Nicolas Hulot. C'est la première cicatrice dans la relation Philippe-Macron", analyse-t-il.

"Il y a une liste incommensurable de batailles que j'ai perdues"

Ce fameux 3 septembre, le chef de l'Etat, qui était en déplacement à Laval, a même confié à des élus son angoisse de voir la réforme "brûler un capital politique". De plus, le JDD précise que deux cadors du gouvernement, le Secrétaire d’État auprès du Premier ministre Christophe Castaner, et Jean-Yves le Drian, ministre des Affaires étrangères, s'étaient également montrés hostiles au prélèvement à la source durant l'été. 

Tous les facteurs étaient donc réunis pour qu'Alain Minc remporte la victoire. Mais en vain, l'annonce d'Edouard Philippe le 4 septembre a mis un terme à ses espoirs. L'intellectuel n'a pas pour autant la défaite amer:

"Il y a une liste incommensurable de batailles que j'ai perdues avec Emmanuel Macron ; le prélèvement à la source est seulement l'une d'entre elles! C'est la règle du jeu entre nous, vous savez…", conclut-il au JDD.

C. P.