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Pourquoi le PS ne soutient pas Ségolène Royal au Sénat

Ségolène Royal en 2017 à la sortie de l'Elysée

Ségolène Royal en 2017 à la sortie de l'Elysée - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

L'ancienne candidate PS à la présidentielle n'a pas décroché l'investiture pour être sénatrice des Français de l'étranger. Sa liste jugée trop à droite lui aura coûté la confiance de son parti.

Une fin de non-recevoir en bonne et due forme. Alors que Ségolène Royal s’attendait à être investie comme candidate socialiste pour l’élection des sénateurs des Français de l’étranger, le parti à la rose lui a refusé sa confiance.

Sans aucun mandat ou poste depuis qu’elle a été démise bruyamment de son mandat d'ambassadrice des pôles arctique et antarctique, l’ancienne candidate à la présidentielle décide en février dernier de tenter sa chance aux sénatoriales.

Une liste qui veut ratisser large

"Cela faisait un moment que j'y pensais et il y a une opportunité", confie-t-elle alors à plusieurs élus de la chambre haute. La sénatrice socialiste des Français de l'étranger, Claudine Lepage, a en effet décidé de ne pas rempiler - une belle occasion pour l'ex ministre qui manque rarement une occasion de raconter son goût pour l'international ou son enfance à Dakar.

"Je vais conduire une 'liste citoyenne' qui transcende les clivages droite-gauche", explique alors l’ancienne présidente de la Région Poitou-Charentes à plusieurs journaux.

Si Ségolène Royal précise ne pas demander l’investiture du PS, elle aimerait néanmoins vouloir être "rattachée au groupe socialiste au Sénat". Le timing semble bien choisi.

Alors que les élections des Français de l'étranger auraient dû avoir lieu en septembre dernier, tout comme le reste des élections sénatoriales, elles ont été décalées pour cause de Covid à septembre 2021. Cela laisse donc 6 mois à l'ancienne aspirante à l'Élysée pour faire campagne.

Un intérêt pour le Sénat qui étonne

Mais à peine annoncée, la nouvelle fait grincer des dents au Palais du Luxembourg. Le groupe socialiste, second en terme de nombre d'élus au Sénat, ne se voit pas accueillir Ségolène Royal dans ses rangs.

L'un des piliers du groupe annonce clairement la couleur à BFMTV.com: "notre groupe fonctionne bien, en bonne intelligence. On n’avait pas envie d’avoir un coup d’éclat par jour alors qu’Anne Hidalgo se prépare pour sa campagne."

Il faut dire que la candidature de Ségolène Royal n’a pas que des atouts pour les parlementaires. "Dans la réforme des institutions, moi, cela ne m'aurait pas gênée de supprimer le Sénat", lance-t-elle en 2005. Une sortie restée dans les mémoires rue de Vaugirard. Certains ne manquent pas non plus de rappeler que l’ancienne ministre avait un temps envisagé de se lancer dans la course pour 2022…

"Ça a été une grande nouvelle de savoir que le Sénat l’intéressait. Et puis plusieurs sénateurs sont des anciens ministres de François Hollande: Patrick Kanner, Laurence Rossignol… Elle ne leur a pas laissé que des bons souvenirs", avance un collaborateur du groupe socialiste.

L’été passe et plusieurs autres candidatures socialistes locales se profilent pour demander l’investiture.

Payer sa cotisation au PS n'aura pas été suffisant

Dimanche dernier, Patrick Kanner, le patron des sénateurs PS, informe sur France 3 que Ségolène Royal vient de reprendre sa carte du parti, plusieurs années après l'avoir quitté. Un signe de sa volonté d’apaisement et de son souhait d'être finalement investie par le parti. Pas suffisant. Le lendemain, la commission d’investiture annonce lui avoir préféré Yan Chantrel, élu socialiste à l’Assemblée des Français de l’étranger.

"Cette nomination s’est faite à l’avis unanime de la commission d’investiture. Nous avons préféré un candidat clairement à gauche", justifie à BFMTV.com la secrétaire nationale, Corinne Narassiguin. "Honnêtement, la façon dont elle a constitué sa liste, en allant chercher des soutiens à droite, voire très à droite, nous interroge."

Parmi ses colistiers, Charles de Loppinot, représentant de l’antenne des Républicains sur l’île Maurice.

Ségolène Royal elle, déclare au Figaro ne "pas avoir été 'informée' de cette décision par la direction" et assure maintenir sa candidature. "Ce ne sont pas les ordres des appareils partisans qui font l'élection, surtout de façon aussi désinvolte à dix jours de l'élection alors qu'avec mon équipe nous travaillons depuis un an", juge l’ancienne ministre.

Marie-Pierre Bourgeois