BFMTV
Politique

Pourquoi des poids lourds du PS rallient Macron

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le 10 mai 2016.

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le 10 mai 2016. - Bertrand Guay - AFP

Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, s'apprête à rallier Emmanuel Macron dans l'optique de la présidentielle, et non Benoît Hamon, candidat officiel de la majorité sortante. Il imite ainsi d'autres personnalités du Parti socialiste. Les raisons de soutenir la campagne du leader d'"En marche!" sont plurielles.

Rien n’a encore été officialisé, mais Jean-Yves Le Drian, s'apprête à annoncer son ralliement à Emmanuel Macron. Si le soutien du ministre de la Défense est une prise de choix pour l’ex-ministre de l’Economie et désormais candidat à la présidentielle, Jean-Yves Le Drian n’est pas la première figure du Parti socialiste à rejoindre En Marche!, loin de là.

Depuis le ralliement précoce du sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, ou celui du député élu dans le Finistère, Richard Ferrand, de nombreuses personnalités et parlementaires de cette famille de la gauche ont fait ce pas. Dernièrement, l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, le sénateur de la Côte-d’Or et ancien ministre de l’Agriculture, François Patriat, ont suivi cette trajectoire.

Une clarification idéologique

François Miquet-Marty, président du cabinet d’études ViaVoice, fait la cartographie de ces ralliements: "Quand on regarde la galaxie de ces ralliements, on voit qu’il y a des strates très différenciées. Il y a les ralliements de la première heure, comme Gérard Collomb, qui s’expliquent par des raisons purement idéologiques." 

A côté de ces personnalités suivant une ligne sociale-démocrate très nette, l’analyste a identifié une famille voisine: "Il y a aussi les ralliements, comme celui de Bertrand Delanoë, qui mettent en avant le progressisme du candidat." Le spécialiste évoque aussi des "prises de distance" dues à des "incompréhensions" avec la campagne de Benoît Hamon, dont témoigne, par exemple, l’interview ce mardi de Claude Bartolone dans Le Monde.

Vote utile et rancune tenace

"On note aussi des ralliements plus stratégiques pour s’opposer à l’extrême droite. C’est le cas pour Christophe Caresche, entre autres. Une partie de la gauche reste traumatisée par le scrutin de 2002", observe François Miquet-Marty qui ajoute un dernier courant de soutiens, plus pragmatiques: "Un trouble existe dans cette sensibilité socialiste héritière du hollandisme et elle se cherche un avenir."

Pourtant, Jean-Yves Le Drian, s’il venait à passer dans l’opposition, ne lâcherait pas la proie pour l’ombre. Il se retrouverait simplement président du Conseil régional de Bretagne à plein temps. "Certes, mais l’histoire récente, les clivages du dernier quinquennat jouent beaucoup. Benoît Hamon est perçu comme un de ceux qui ont fragilisé l’exécutif.

Depuis, il existe des rapports de forces difficiles à surmonter en si peu de temps", développe le président de ViaVoice. Ce dernier conclut qu’à travers ces ralliements, on assiste à une "querelles de légitimités", où la logique de cohérence s’entrechoque avec le sacre de la primaire. "C’est un problème très profond et qui n’est pas soluble rationnellement", pose François Miquet-Marty. Une chose est sûre: dans les hautes sphères du PS, la discipline de parti est mise à mal.

Robin Verner