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Pour Buzyn, ses propos polémiques au "Monde" n'étaient "pas une interview, encore moins une déclaration"

Mi-mars, le quotidien avait contacté l'ex-ministre de la Santé. Elle avait exprimé son inquiétude face à la crise sanitaire, dans des déclarations qui lui avaient valu de nombreuses critiques.

L'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn était interrogée par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale ce mardi, au sujet de la gestion de la crise sanitaire du Covid-19. Elle a été interrogée sur un article du Monde, qui avait fait beaucoup de bruit à sa parution mi-mars. Agnès Buzyn y déclarait son inquiétude face à la crise du coronavirus à venir - crise qu'elle avait identifiée dès janvier - mais aussi face à la tenue du premier tour des élections municipales.

Ces propos lui avaient valu de nombreuses critiques, donnant l'impression que le gouvernement était au courant de la crise à venir dès début 2020, mais qu'il n'avait rien fait pour l'empêcher, par exemple en maintenant la tenue du premier tour des municipales.

"Ces verbatims ne m'ont jamais été soumis"

"Sur l'article du Monde, d'abord ce n'est ni une interview et encore moins une déclaration", souligne Agnès Buzyn devant la commission parlementaire. Au moment où une journaliste l'appelle, elle explique être alors dans des problématiques de fusions de listes, au lendemain du premier tour des municipales.

"Je suis intimement persuadée que le deuxième tour ne peut pas se tenir d'ailleurs, j'arrête ma campagne et je bataille parce que je ne suis pas favorable à ce qu'on continue les tractations politiques et je demande qu'on arrête. C'est à ce moment-là que je suis appelée", raconte Agnès Buzyn, "ce n'est pas une interview, sinon j'aurais relu ces propos, ces verbatims ne m'ont jamais été soumis, et encore moins une déclaration".

Des propos rapidement contredits par Ariane Chemin, la journaliste du Monde qui avait relayé les propos d'Agnès Buzyn. Dans un tweet, la journaliste assure avoir "sollicité Mme Buzyn par écrit". "C'est elle qui m'a proposé de la rappeler", écrit Ariane Chemin. Si elle reconnaît qu'il "ne s’agit nullement en effet d’une interview Q/R (questions/réponses), elle explique que "Mme Buzyn était dûment prévenue de la publication de l’article le lendemain et n’a pas demandé de relecture de ses propos".

"Cet article laisse penser que je n'ai pas préparé"

Pendant son audition, Agnès Buzyn déclare aussi ne pas être présente devant les députés "pour interpréter ces propos", mais elle est relancée par le député Eric Ciotti (LR), rapporteur pour cette commission, qui lui demande si les déclarations qui lui sont attribuées par le quotidien sont bien les siennes.

"J'avais passé une journée épouvantable, j'étais très fatiguée, on m'accusait sur les réseaux sociaux de n'avoir rien vu, et c'est tout le contraire", martèle Agnès Buzyn, "je me suis battue pendant un mois, alors que je défendais la loi de bioéthique au Sénat cette semaine là, que j'avais la loi sur les retraites, que j'avais la grève des hôpitaux..."

"Ce que j'ai dit au Monde ce jour-là, c'était 'arrêtez de dire que je n'ai rien vu, j'ai tout vu. J'ai tout vu, j'ai préparé.'", explique Agnès Buzyn. "Cet article laisse penser que je n'ai pas préparé. C'est pour ça que je voulais m'expliquer devant la représentation nationale, parce que j'ai pressenti, j'ai senti un danger, bien avant les autres."

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV