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Politique

Polémique sur le rapport administratif favorable à Woerth

Le ministre du Travail Eric Woerth s'est dit soulagé par le rapport de l'Inspection générale des finances concluant qu'il n'y avait pas d'indices d'une intervention de sa part dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt.

Le ministre du Travail Eric Woerth s'est dit soulagé par le rapport de l'Inspection générale des finances concluant qu'il n'y avait pas d'indices d'une intervention de sa part dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt. - -

Eric Woerth blanchi dans le dossier fiscal de Mme Bettencourt. Une conclusion bienvenue peu avant l'intervention télévisée du Chef de l'Etat. Un rapport de l’IGF qui manque d’indépendance, selon l'opposition.

Le gouvernement et l'opposition s'affrontent en France sur les conclusions à tirer d'un rapport sur le traitement par le fisc de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, au centre d'une tempête politico-judiciaire.

Woerth : « Je me sens déjà un peu mieux »

A quelques heures d'une intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, le ministre du travail Eric Woerth s'est dit soulagé lundi par le rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) publié dimanche concluant qu'il n'y avait pas d'indices d'une intervention de sa part dans le dossier fiscal Bettencourt, troisième fortune française et 17e fortune mondiale : « Je me sens déjà un peu mieux (...) C'est vrai que je suis énormément soulagé sur ce point-là, car enfin on me croit, quelqu'un dit la vérité ».
Eric Woerth exclut toujours de quitter pour l'instant ses fonctions, y compris celles de trésorier de l'UMP, mais n'exclut pas une démission de ce dernier poste dans l'avenir. « On va y réfléchir », a-t-il dit.
Il doit présenter ce mardi le projet de réforme du régime des retraites, crucial pour la fin du mandat de Nicolas Sarkozy.

« Ce rapport est un non-événement »

Le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon a répondu sur I-télé que ce rapport n'avait que peu de valeur à ses yeux, puisqu'il a été réalisé par un corps d'Etat lié directement au gouvernement : « Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est que ce ne soit pas l'administration fiscale qui fasse la clarté dans cette affaire, c'est que la justice fasse la clarté », a-t-il dit. Il demande à nouveau que le procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine) Philippe Courroye passe la main à un juge d'instruction.

Pas surpris par les conclusions du rapport de l’IGF qu’il juge être « un non-événement », le député socialiste du Rhône, Pierre-Alain Muet, porte-parole PS à la Commission des finances de l'Assemblée nationale, explique : « on imagine que, saisie par un ministre du Budget, pour exonérer son prédécesseur, c’est bien qu’il ne devait pas y avoir trop de traces écrites gênantes. Sans quoi, ce rapport n’aurait pas été lancé. »

Depuis un mois, des enregistrements clandestins de l'héritière de L'Oréal font peser des soupçons de complaisance fiscale sur Eric Woerth, ministre du Budget jusqu'en mars 2010, mais aussi de trafic d'influence et de financement politique illégal.

« L’IGF a une déontologie »

De son côté, le sénateur UMP de l'Oise, Philippe Marini, rapporteur général du budget, a « totalement confiance » en ce rapport, qui a selon, « abordé objectivement les pièces disponibles » et dont « il faut accepter les conclusions » : « L’IGF a une déontologie, souligne-t-il. Ce serait, pour elle et pour ses membres, un risque inimaginable, de ne pas dire la réalité des faits. »

L’épouse de Woerth entendue ?

L'épouse d'Eric Woerth avait été embauchée fin 2007 par le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, qui a reçu peu de temps après la Légion d'honneur des mains du ministre. Le fisc a signé un chèque de 30 millions d'euros au titre du bouclier fiscal en 2008 pour Liliane Bettencourt, qui était donatrice légale et officielle de l'UMP. Des témoins affirment que de l'argent liquide étaient par ailleurs remis en espèces par les Bettencourt à des hommes politiques. L'ex-comptable de Liliane Bettencourt a évoqué devant la police un versement en espèces de 150.000 euros à Eric Woerth en 2007 pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Trois enquêtes préliminaires sont conduites par le parquet de Nanterre et l'une devrait conduire à l'audition de Florence Woerth, dont le dossier professionnel a été saisi par la police vendredi, et peut-être de son mari.
Dans un entretien au Figaro, la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie rejette les critiques des syndicats de magistrats sur la procédure du procureur Courroye, mis en cause en raison de son statut et de ses liens personnels avec Nicolas Sarkozy : « Je ne saurais admettre que l'on attaque des magistrats », dit-elle. Mais elle admet par ailleurs que son ministère, donc potentiellement le reste du gouvernement et l'Elysée, est informé en direct de l'enquête : « Les informations sont transmises par la voie hiérarchique classique, le procureur fait un compte-rendu à son procureur général, ce dernier transmet ensuite au ministère ».

Les "fuites" rapides, notamment dans lefigaro.fr, des seuls fragments de procès-verbaux favorables à Nicolas Sarkozy la semaine dernière, ont suscité l'indignation de l'avocat de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, qui y voit une manœuvre du pouvoir. Un journaliste du Monde a expliqué publiquement avoir eu connaissance très rapidement "d'extraits soigneusement sélectionnés". Au Figaro, les journalistes qui ont rédigé les articles sur les premiers extraits ne sont pas les reporters judiciaires travaillant sur l'affaire.

La Rédaction, avec A. Manoli et Reuters