Photos choc sur les paquets de cigarettes : faut-il aller plus loin ?

Poumons noirs, dents pourries, tumeur de la gorge... Dès ce mercredi, ces images peu réjouissantes sont obligatoires au dos de tous les paquets de cigarettes en France. Une mesure dissuasive suffisante ? A vous d’en juger, photos à l’appui.

Une fois les derniers stocks d'anciens paquets écoulés, impossible d'échapper aux 14 images choc (voir diaporama ci-dessous) choisies par le ministère de la Santé pour dissuader les 13,5 millions de fumeurs en France, où le tabac tue chaque année 60 000 personnes. Les coordonnées de "Tabac Info Service" figurent également sur les paquets.
Les fabricants de cigarettes ont cependant gagné sur un point : la photo ne figure que sur un côté du paquet, au dos, et ne dépassera pas 40% de la surface.
Avec ces images choc, la France rejoint une vingtaine de pays à travers le monde (Canada, Belgique…) Mais pour certains, ces mesures ne vont pas assez loin…

« C’est pas du tout les mesures les plus efficaces »

Pour Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité National Contre le Tabagisme, les photos chocs ne sont pas assez grandes : « C’est pas du tout les mesures les plus efficaces. D’autres pays ont adopté des surfaces beaucoup plus grandes : le Canada, Singapour… Or, plus la surface est importante, plus l’impact est important. Et c’est important d’avoir des images des deux côtés, l’efficacité du dispositif est ainsi renforcée. »

« Les ados vont collectionner ces vignettes paninis du tabac ! »

En colère, Yves Trévilly, porte-parole de British American Tobacco, assure que « dans les 20 pays où on a mis des photos choc, on s’est aperçu qu’il n’y avait aucune vente en moins ». S’interrogeant « sur la notion-même de photos gores », il poursuit : « quand au cinéma on veut faire un film pour les ados, on met des images gores. Alors peut-être qu’avec ces espèces de vignettes paninis du tabac, on est en train d’inciter des jeunes à reprendre le chemin des bureaux de tabac pour aller acheter des cigarettes et faires des collections ! »

« Ils collent des papiers dessus et ils continuent à fumer »

La photo n'étant que d'un côté, les buralistes la cachent soigneusement lorsqu'ils font leurs rayons. C’est le cas de Marie-Cécile, qui tient le tabac de la place de Clichy. Certes, ses clients sont dégoûtés quand ils voient ces images, « mais ça ne les empêche pas d’en acheter ! Et puis les jeunes ils collent des papiers dessus et ils continuent à fumer. »

En effet, du côté des fumeurs, personne ne semble convaincu, même si les photos font leur petit effet. Mathilde, qui fume un paquet par jour, reconnaît qu’elle a été « obligée de mettre un papier sur celles qui sont vraiment horribles. Mais ça ne m’empêchera pas de fumer, malheureusement », ajoute-t-elle en riant… jaune.

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La Rédaction, avec Yannick Olland