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Politique

Philippe Kemel cherche une brèche entre Mélenchon et Le Pen

Martine Aubry (à gauche), aux côtés du candidat socialiste Philippe Kemel (au centre), dans une rue de Hénin-Beaumont. Le candidat socialiste Philippe Kemel rêve de tirer profit de la "guerre des Fronts" entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélénchon qui braqu

Martine Aubry (à gauche), aux côtés du candidat socialiste Philippe Kemel (au centre), dans une rue de Hénin-Beaumont. Le candidat socialiste Philippe Kemel rêve de tirer profit de la "guerre des Fronts" entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélénchon qui braqu - -

par Patrick Vignal HENIN-BEAUMONT, Pas-de-Calais (Reuters) - Marine Le Pen et Jean-Luc Mélénchon braquent sur eux tous les projecteurs dans la 11e...

par Patrick Vignal

HENIN-BEAUMONT, Pas-de-Calais (Reuters) - Marine Le Pen et Jean-Luc Mélénchon braquent sur eux tous les projecteurs dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais mais un troisième larron, le socialiste Philippe Kemel, rêve de tirer profit de cette "guerre des Fronts".

Sur le champ de bataille le plus médiatique des élections législatives des 10 et 17 juin prochains, le maire de Carvin, deuxième ville de la circonscription de Hénin-Beaumont, à l'ombre des terrils du bassin minier, joue la proximité.

"On ne doit pas voler ces élections aux électeurs, qui veulent qu'on réponde aux vraies questions qui les préoccupent", a-t-il dit jeudi à des journalistes. "On ne rejoue pas ici l'élection présidentielle".

Pratiquement inconnu hors de son territoire, ce discret professeur d'université de bientôt 64 ans n'offre ni la gouaille du candidat du Front de gauche, ni le capital engrangé par la présidente du Front national au premier tour de la présidentielle, où elle avait recueilli 17,9% des voix.

Il ne manque cependant pas d'atouts, dans un secteur qui vote toujours massivement à gauche et le plus souvent socialiste, comme dernièrement lors de la présidentielle, où François Hollande a recueilli ici plus de 60% des voix.

Mais il a du mal à exister face à deux bêtes médiatiques et le soutien qu'il a reçu jeudi de la première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry, qui a tenu avec lui un point de presse à Hénin-Beaumont avant de le rejoindre en meeting dans la commune voisine de Courrières, était le bienvenu.

"Il n'y a pas ici que deux candidats, il y en a au moins trois et il y a surtout celui qui va gagner, Philippe Kemel", a dit Martine Aubry. "Il est le seul qui va battre Marine Le Pen, car de toute évidence elle sera battue, et qui va défendre au Parlement le projet de François Hollande".

UN PEU SEUL ?

Dans la matinée, Philippe Kemel avait croisé Marine Le Pen sur un marché de Libercourt, bastion socialiste, et échangé avec elle un "bonjour" plutôt froid, sans poignée de mains.

"Il était temps", ironisait un peu plus tard Marine Le Pen devant quelques journalistes au sujet de l'appui apporté au candidat socialiste par la maire de Lille. "Il commençait à se sentir un peu seul".

Face à un Jean-Luc Mélenchon qui symbolise une gauche plus radicale, Philippe Kemel se range fièrement dans le camp de François Hollande avec un message clair martelé sur ses affiches de campagne : "Donnons une majorité au changement".

La confusion qu'entretient auprès des électeurs la présence d'un autre candidat de gauche et les soupçons de corruption qui pèsent sur la fédération socialiste du département représentent cependant deux écueils de taille pour le candidat PS.

Pour corser le tout, son investiture s'est déroulée dans un climat troublé avec une primaire interne marquée par des prises de becs et des accusations de tricherie.

Si ses deux rivaux éconduits, le député sortant Albert Facon et Jean-Pierre Corbisez, maire d'Oignies et président de la communauté d'agglomération d'Hénin-Carvin, affichent aujourd'hui une unité de façade, les tensions demeurent vives au sein de la famille socialiste locale.

FACE À UN "CANDIDAT COMMUNISTE"

A en croire un récent sondage, Philippe Kemel arriverait en troisième position au premier tour avec quelque 18% des voix, loin derrière les deux "stars" qui lui sont opposées.

Le "parachutage" de Jean-Luc Mélenchon est bien le principal problème du candidat PS dans une circonscription où Albert Facon l'avait emporté largement face à Marine Le Pen en 2007 avec plus de 58% des voix et qui a été redécoupée depuis, au profit de la gauche selon ses adversaires.

"Comme chaque année, il y a un candidat du Parti communiste et cette fois-ci, c'est Mélenchon", a dit jeudi Philippe Kemel à propos du candidat du Front de gauche, une alliance qui regroupe principalement le Parti de gauche et le PCF.

"C'est une voix nomade ; il vient, il part, il partira", a-t-il ajouté.

Marine Le Pen, qui avait démarré sa campagne en désignant comme son principal adversaire le candidat socialiste, représentant selon elle d'un système "féodal et corrompu", veut elle aussi reléguer Jean-Luc Mélenchon au rang d'outsider.

Le candidat du Front de gauche n'a pas été ménagé non plus par Albert Facon, qui lui a reproché jeudi "d'être venu se mêler au festival des caméras".

"Les caméras n'ont pas encore le droit de vote", a ajouté le député socialiste sortant. "C'est rassurant".

Edité par Yves Clarisse