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Politique

Patrick Buisson: ses révélations sur Nicolas Sarkozy

Patrick Buisson, l'ancien conseiller de l'ombre de Nicolas Sarkozy, le 15 octobre 2012 à Paris.

Patrick Buisson, l'ancien conseiller de l'ombre de Nicolas Sarkozy, le 15 octobre 2012 à Paris. - AFP

Dans Le Mauvais Génie, à paraître jeudi, deux grands reporters du journal Le Monde dressent un portrait sombre de l’un des plus influents conseillers de la Ve République. Qui est vraiment Patrick Buisson? Quel fut son rôle entre 2007 et 2012? Petit florilège.

C’est un livre explosif qui jette une lumière crue sur Patrick Buisson, l’ex-conseiller de l'ombre de Nicolas Sarkozy. Dans Le Mauvais Génie (Fayard), à paraître jeudi, Ariane Chemin et Vanessa Schneider, deux journalistes au Monde, reviennent sur l'itinéraire du conseiller "le plus influent" de Nicolas Sarkozy. Dans leur opus, les deux grands reporters révèlent que l’ex-directeur de la rédaction de Minute, rattrapé par l’affaire des enregistrements de l’Elysée, a "bénéficié d’une mansuétude fascinante au sein de la Sarkozie", raconte le Monde qui en publie les bonnes feuilles dans son édition datée de mercredi.

Le livre dissèque au laser les années fastes d’un grand "paranoïaque", "familier des chantages", qui a irrigué de ses thèses identitaires "toute la droite" et permis à "un inframonde politique, réactionnaire ou ultracatholique", de retrouver le pouvoir. Petit florilège.

> Quand Sarkozy a failli dénoncer les accords d’Evian

Patrick Buisson avait convaincu l'ex-chef de l'État de dénoncer les accords d'Evian, qui ont mis fin à la guerre d'Algérie, lors de la campagne présidentielle de 2012. "C'est l'idée qui a germé à quelques semaines du premier tour, dans le cerveau du conseiller", écrivent les deux journalistes.

L'ancien journaliste de Minute et de Valeurs Actuelles, ex-conseiller de Philippe de Villiers, suggère ainsi à Nicolas Sarkozy de revenir sur le titre de séjour spécifique que peuvent obtenir les Algériens.

"Un temps déconcerté, le candidat finit par se laisser convaincre" et indique qu'il en parlera sur France 2 le 26 avril 2012, poursuivent-elles. Finalement, Nicolas Sarkozy n'annonce rien. "Je ne l'ai pas senti", dit-il à son équipe en sortant. Ce "nabot" n'a "aucun courage", peste alors Patrick Buisson.

> Quand Buisson surnommait Sarkozy "Naboléon"

Alors que Nicolas Sarkozy voit en lui un "génie", mais aussi sa "boussole" et son "hémisphère droit", Patrick Buisson se montre très imaginatif pour lui trouver de perfides sobriquets. Dans son dos, il l’appelle "le Nain", "le Petit" ou encore "Talonnettes", mais aussi le "Zinzin" et "Tête creuse", raconte encore Le Monde.

"Il ne peut rien faire sans moi, Naboléon", se vante aussi le conseiller.

Dans l'intimité des réunions du "salon vert", "Patrick ouvre la réunion par un de ses longs exposés qui ont fait son succès auprès du président". Il agace le sondeur Pierre Giacometti et le conseiller presse Franck Louvrier.

> Quand Patrick Buisson conseillait "son ami" Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon et Patrick Buisson, on le savait déjà, se connaissent de longue date. Mais on découvre, grâce au Mauvais Génie, que Mélenchon, avant son départ du Parti socialiste, en 2008, a l’habitude "de consulter son nouvel ami avant chaque décision stratégique" afin de profiter de "sa science des sondages".

Patrick Buisson encourage ainsi l’homme de gauche à quitter le parti socialiste. "Les conseils du collaborateur de Nicolas Sarkozy ne sont évidemment pas désintéressés: tout ce qui peut déstabiliser le Parti socialiste est bon à prendre. Lorsque l'ami Jean-Luc se décide à concourir à la présidentielle, son conseiller occulte le convainc, chiffres à l'appui, qu'il a un espace à conquérir à gauche du PS."

> Des rapports de domination perverse

Patrick Buisson, raconte encore Le Monde, n’a pas seulement exercé une "forme d’emprise psychologique" sur Nicolas Sarkozy. Parmi ses autres victimes: le conseiller Camille Pascal, son propre fils Georges Buisson, et son assistante à LCI et à la Chaîne Histoire.

L'homme, fan de Sacha Guitry, goûte peu la gente féminine. "Quand il parle des femmes, c'est le plus souvent pour dire que l'une est ‘stupide’, l'autre moche", rapporte le livre. A Pauline de Préval, sa fidèle collaboratrice pendant plus de dix ans qui dit maintenant avoir été sous son emprise, il lance: "tu aurais mérité d'être un homme" puis la traite de "lesbienne héroïnomane" quand il voit que celle-ci lui échappe.

Désormais, seul Laurent Wauquiez -que Patrick Buisson a "traité d'ectoplasme" devant des salariés d'Histoire- dit publiquement fréquenter le conseiller.

> Les dessous de l’affaire des sondages de l’Elysée

Les deux journalistes du Monde expliquent aussi dans le détail comment après le rapport de la Cour des comptes sur les sondages de l'Élysée, Patrick Buisson et sa société Publifact obtient des contrats avec l'UMP.

Il sera rémunéré par l'UMP "10.000 euros par mois, le montant que lui versait l'Élysée pour ses activités de conseil", relève les deux auteures. Un montant qui passe à "31.993 euros par mois" quand Jean-François Copé devient président de l'UMP. Devant un proche, il "blague: ‘c'est rigolo, non, de piquer de l'argent à un juif?’".

Caroline Piquet avec AFP