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Pas de chamboulement en vue du texte sur les retraites au Sénat

Le Palais du Luxembourg, siège du Sénat. Le débat sur les retraites qu'ont engagé mardi les sénateurs ne devrait pas modifier en profondeur le texte de la réforme, malgré l'union affichée entre l'opposition de gauche et les organisations syndicales. /Phot

Le Palais du Luxembourg, siège du Sénat. Le débat sur les retraites qu'ont engagé mardi les sénateurs ne devrait pas modifier en profondeur le texte de la réforme, malgré l'union affichée entre l'opposition de gauche et les organisations syndicales. /Phot - -

par Clément Guillou PARIS (Reuters) - Le débat sur les retraites qui s'est ouvert mardi au Sénat ne devrait pas modifier en profondeur le texte de...

par Clément Guillou

PARIS (Reuters) - Le débat sur les retraites qui s'est ouvert mardi au Sénat ne devrait pas modifier en profondeur le texte de la réforme, malgré l'union affichée entre l'opposition de gauche et les organisations syndicales.

Pour marquer l'arrivée à la chambre haute de cette réforme qui prévoit le report à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite, quelques centaines de personnes se sont rassemblées à la mi-journée devant le Palais du Luxembourg pour demander aux sénateurs de ne pas adopter une loi "injuste".

Des élus et les numéros un du Parti socialiste, du Parti communiste et du Parti de Gauche, Martine Aubry, Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon, ont fait le déplacement, comme pour signifier que le dernier combat se livrerait au mois d'octobre.

Martine Aubry a souhaité que les Français "soient de plus en plus nombreux à soutenir les syndicats qui sont, je crois, d'une grande responsabilité et qui sont unis pour se battre".

Le premier secrétaire du PS a concédé devant les journalistes qu'en l'état de la mobilisation, la majorité ne reviendrait pas sur les mesures d'âge - report de l'âge légal de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans pour un départ sans décote.

Une nouvelle journée de grèves et manifestations est prévue mardi prochain, le 12 octobre, et les syndicats, déterminés à lui donner une suite, hésitent sur la forme de mobilisation.

"Je crains que si le mouvement ne s'amplifie pas il n'y ait pas grande amélioration, sauf des petites mesurettes", a-t-elle déclaré, tout en s'abstenant de se prononcer sur l'opportunité d'une grève reconductible.

FEMMES

Les deux dernières journées de manifestations ont réuni entre moins d'un million de personnes selon la police et plus de trois millions selon les syndicats.

Le ministre du Travail Eric Woerth s'est comme prévu montré ferme sur ce que le gouvernement appelle "l'équilibre général de la réforme", le relèvement des bornes d'âge qui devraient générer des recettes supplémentaires de 20 milliards d'euros.

"Dans le respect de cet équilibre, de nouvelles avancées pourront sans doute améliorer encore ce texte", a dit le ministre en présentant sa réforme aux sénateurs.

Il a insisté sur la situation des femmes, que la réforme désavantage selon ses adversaires puisque, en raison de carrières hachées et de salaires inférieures, elles seront particulièrement concernées par le départ à 67 ans.

Le président UMP du Sénat, Gérard Larcher, a proposé de maintenir "de manière transitoire" l'âge de départ à taux plein à 65 ans pour les mères de trois enfants.

Eric Woerth a semblé lui donner raison en reconnaissant que les femmes "qui atteindront l'âge de la retraite dans les cinq ans qui viennent" manqueront de trimestres de cotisations.

Le ministre a également confirmé le dépôt d'un amendement fixant à 1% de la masse salariale la pénalité pour les grandes entreprises qui ne lutteraient pas suffisamment contre les écarts de salaires entre hommes et femmes.

LE GOUVERNEMENT COMPTE SUR LES CENTRISTES

Un tel amendement, déposé par la député UMP Chantal Brunel, avait été rejeté à l'Assemblée nationale.

"Aujourd'hui, la véritable cause des écarts de retraite entre les hommes et les femmes ce sont les écarts de salaire et de carrière", a dit Eric Woerth.

Des aménagements devraient également être adoptés concernant les victimes de l'amiante et les seniors au chômage. Le gouvernement a souhaité que ces amendements, déposés en commission, soient discutés en séance publique.

Quelque 1.200 amendements, trois motions de procédure - renvoi en commission, motion préalable, irrecevabilité - et une motion visant à soumettre le projet à référendum ont été déposés. Cette dernière sera défendue mercredi après-midi.

Contrairement à l'Assemblée, le règlement du Sénat ne prévoit pas de limitation du temps de débat et l'examen pourrait donc se prolonger jusqu'à fin octobre.

L'UMP ne détient pas la majorité au Sénat mais les sénateurs du Nouveau Centre, alliés avec le parti présidentiel, n'ont pas indiqué vouloir modifier considérablement la réforme.

Le chef de file des sénateurs NC, Nicolas About, a cependant déposé un amendement prévoyant de retarder le passage à 67 ans pour une pension à taux plein. Il propose que cet âge soit atteint en 2029 et non plus en 2023.

Le gouvernement n'entend pas céder sur ce point.

"Les centristes adhèrent à notre projet, ils vont voté à l'Assemblée nationale notre projet, qui est le leur aussi (...) et j'imagine qu'au Sénat ce sera la même chose", a dit Eric Woerth mardi à la presse.

Edité par Jean-Baptiste Vey