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Refus de la légion d'honneur de Piketty: Christian Paul parle d'"un acte politique"

Le député socialiste frondeur de la Nièvre, Christian Paul, s'exprime sur BFMTV au sujet du refus de la Légion d'honneur de Thomas Piketty le 1er janvier 2015.

Le député socialiste frondeur de la Nièvre, Christian Paul, s'exprime sur BFMTV au sujet du refus de la Légion d'honneur de Thomas Piketty le 1er janvier 2015. - BFMTV

Le député socialiste frondeur de la Nièvre, Christian Paul, a commenté jeudi après-midi sur BFMTV la décision de l'économiste français Thomas Piketty de ne pas accepter sa nomination pour la Légion d'honneur au rang de chevalier.

Il comprend sa décision pourtant controversée. La position d'un député socialiste frondeur sur le refus de la Légion d'honneur du médiatique économiste français Thomas Piketty est intéressante. Le député de la Nièvre, Christian Paul, a réagi jeudi après-midi sur BFMTV à l'acte fort de l'auteur de livre "Le Capital au XXIème siècle" déjà vendu à 1,5 million d'exemplaires dans le monde.

Thomas Piketty a déclaré, ce 1er janvier, qu'il refusait la Légion d'honneur car il "ne pense pas que ce soit le rôle d'un gouvernement de décider qui est honorable". On connait les divergences des députés frondeurs avec le gouvernement en matière d'économie. Et comme on pouvait s'en douter, Christian Paul voit dans le choix de l'économiste une prise de position. "Je comprends sa décision et je l'approuve, je crois que c'est une décision personnelle qui ne vise pas la Légion d'honneur. C'est un acte politique", a-t-il déclaré.

Quelqu'un qui a beaucoup inspiré la gauche

Selon le député, Thomas Piketty a voulu pousser un cri de colère en début d'année "en disant, aujourd'hui, la réforme fiscale est en panne, elle manque d'ambition, d'audace. C'est quelqu'un qui a beaucoup inspiré la gauche quand nous étions dans l'opposition et pas assez depuis deux ans. Le meilleur hommage à rendre à Thomas Piketty serait de s'inspirer de ses travaux en 2015."

En effet, l'économiste avait été assez proche du camp du candidat socialiste pendant la campagne 2012. Il pensait que ses travaux allaient servir pour une réforme fiscale assez progressive. Christian Paul estime qu'il y a probablement de la déception mais il n'y a pas de l'abandon. "C'est quelqu'un qui a un caractère entier et qui a envie de mener cette bataille des idées. De mener une bataille politique autour de la fiscalité. Quand il n'y a pas de justice fiscale suffisante dans une société, c'est le cas en France aujourd'hui, cela crée beaucoup d'inégalités, de ressentiments. Si nous voulons aller de l'avant dans ce pays, il faut être capable de réformes structurelles courageuses. Réformer la fiscalité est l'une des réformes structurelles courageuses qu'il faudrait entreprendre en 2015 dans la foulée des travaux de Thomas Piketty", détaille-t-il.

"Je ne parle pas de rupture"

Interrogé sur une possible rupture avec la politique du gouvernement, il s'est voulu plus nuancé: "Je ne parle pas de rupture. Je crois qu'il faut ressouder la majorité en 2015, le plus tôt sera le mieux. C'est la mission du président de la République. C'est à lui d'en choisir les formes et le moment. En ce début d'année, je ne forme pas des vœux de rupture. Je forme plutôt des vœux de réformisme courageux. Je pense que le geste, le choix de Thomas Piketty, qui surprend et qui parfois peut choquer me paraît aussi une façon de montrer du doigt la nécessité de prendre le bon chemin en début d'année en particulier en matière de réformes fiscales".

Reste à savoir si ce message sera entendu. Geneviève Fioraso, secrétaire d'Etat chargée de l'Enseignement supérieur et de la recherche, qui avait proposé le nom de Thomas Piketty pour la Légion d'honneur, a fait savoir jeudi soir qu'elle avait "pris acte" de son refus mais aussi salué "l'excellence" de son travail.

Elise Maillard