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Mort de Michel Rocard: Christiane Taubira ne mâche pas ses mots envers François Mitterrand

Christiane Taubira s'exprime aux Rencontres internationales des magistrats antiterroristes le 27 avril 2015

Christiane Taubira s'exprime aux Rencontres internationales des magistrats antiterroristes le 27 avril 2015 - Lionel Bonaventure - AFP

Dans un entretien à France Inter ce lundi, Christiane Taubira a salué la mémoire de Michel Rocard. Evoquant la relation difficile qu'il entretenait avec François Mitterrand, elle a n'a pas mâché ses mots à l'égard de l'ancien président de la République.

Deux jours après la disparition de Michel Rocard, décédé samedi soir à Paris à l'âge de 85 ans, les éloges continuent de pleuvoir. Christiane Taubira, l'ancienne garde des Sceaux, lui a rendu un vibrant hommage ce lundi matin sur France Inter. Saluant son intelligence, elle a évoqué, face à la journaliste Léa Salamé "la rapidité avec laquelle il raisonnait".

"Il y a des moments où il s’envolait complètement (…) cela crée une sorte de distance avec une parole politique qui s’est beaucoup banalisée, qui s’est beaucoup abêtie aussi et qui a installé les gens dans l’idée qu’il ne fallait pas faire d’effort, que tout était binaire et simpliste", a déclaré Christiane Taubira.

La "haine" entre Rocard et Mitterrand

L'ancienne ministre a également évoqué la relation difficile que Michel Rocard entretenait avec François Mitterrand, dont il fut le Premier ministre. "Le bout le plus lointain de la planète savait qu’il y avait une haine entre Rocard et Mitterrand", a-t-elle rappelé, prononçant au passage quelques mots durs à l'égard de François Mitterrand: "Son histoire, c'est l'histoire d'un homme de droite. C'est l'histoire de quelqu'un qui a collaboré dans un premier temps, qui a quand même incontestablement résisté dans un deuxième temps", a estimé Christiane Taubira.

"C'est l'histoire d'une personne qui a fait main basse sur la gauche, il faut dire les choses, qui s'est installé dans les institutions de la 5e République qu'il avait très fortement critiquées, il s'y est installé avec grand confort", a-t-elle poursuivi.

L'amertume de Michel Rocard

Un avis qui n'est pas sans rappeler celui de Michel Rocard lui-même qui, de son vivant, n'a jamais chanté les louanges de François Mitterrand. Interrogé sur France Inter également en février dernier, l'ancien Premier ministre avait confié que, d'après lui, on en faisait "trop", sur François Mitterrand, et qu'il ne méritait pas cela. "Je pense que l'histoire lointaine réglera ça (...) il y a un peu de partialité là-dedans, sans doute", avait-il reconnu. 

En 1991, François Mitterrand avait contraint son chef du gouvernement à la démission. Une éviction brutale, que Michel Rocard avait apprise à quelques minutes d'un Conseil des ministres. Un épisode douloureux qu'il avait raconté en 2014 sur BFMTV.

"Je n'ai pas ouvert la bouche du Conseil des ministres, en laissant passer des trains et en regardant par la fenêtre. (...) Et puis je suis monté dans mon bureau écrire ma lettre de démission, que j'ai soignée un peu, de façon à ce qu'il soit clair qu'on me l'a demandée."

Charlie Vandekerkhove