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Parti socialiste

La macronie jubile après la victoire d'une dissidente socialiste face à une insoumise dans l'Ariège

Olivier Dussopt et Franck Riester à l'Assemblée nationale le 13 février 2023

Olivier Dussopt et Franck Riester à l'Assemblée nationale le 13 février 2023 - Ludovic MARIN/AFP

Majorité et exécutif voient dans le succès de Martine Froger celui d'une "gauche républicaine" face aux "outrances" de La France insoumise. Celle qui s'est présentée contre la volonté du PS l'a emporté face à l'insoumise Bénédicte Taurine, jusqu'ici députée, lors d'une législative partielle.

Mais qu'ont donc gagné les macronistes? Un parfum d'euphorie se dégageait du camp présidentiel dimanche soir. Nombreux sont sortis du bois pour se féliciter des résultats d'une élection législative partielle dans laquelle leur candidate a pourtant échoué dès le premier tour.

Ils ont donc salué la victoire de Martine Froger, une dissidente, suspendue du Parti socialiste après s'être déjà présentée en juin dernier face à Bénédicte Taurine, insoumise choisie par les composantes de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) pour représenter l'alliance des gauches.

"Gauche républicaine"

Arrivée en deuxième position lors du premier tour (26,39%) derrière la représentante de LFI (31,15%), Martine Froger a ensuite bénéficié des réserves de voix de Renaissance et sûrement d'une bonne partie de celles du Rassemblement national (RN), pour devancer sa rivale (39,81%) avec 60,19% des suffrages.

Le parti présidentiel avait appelé à voter "sans ambiguïté", pour elle , après la défaite de sa candidate, Anne Sophie Tribout (10,69%) lors de la première manche.

Depuis le début de la nouvelle législature, l'exécutif et la majorité ne cessent de viser les élus de La France insoumise (LFI), en mettant ces derniers sur le même pied que l'extrême droite, ou en dénonçant leur stratégie de "bordélisation", à l'image de Gérald Darmanin.

Pour eux, la victoire de Martine Froger est celle de "la gauche républicaine" ou "de gouvernement", qu'ils distinguent de la ligne défendue par le parti de Jean-Luc Mélenchon.

"Ce scrutin montre surtout que l’outrance et la radicalité ne paient pas et ne rassemblent pas", a ainsi estimé le ministre du Travail Olivier Dussopt.

Une "place sur l'échiquier politique"

Même son de cloche chez son homologue aux Relations avec Le Parlement. Pour Franck Riester, "les Ariégeois ne voulaient plus semble-t-il être représentés par les outrances de LFI dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale".

Désormais, le camp présidentiel souhaite voir plus loin, rêvant que ce scrutin auquel environ 20.000 électeurs ont participé, signe un affaissement des insoumis. Et de la Nupes, dans laquelle ces derniers représentent la force principale.

"Espérons que ce résultat montre à la gauche responsable que son avenir ne s’écrit pas avec LFI au sein de la Nupes", se projette Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports.

Dans ce sillage, Stéphane Séjourné, patron de Renaissance, et Olivier Dussopt évoquent "une place" et un "espace sur l'échiquier politique" pour "la gauche de gouvernement".

"Je fais le bonheur de la moitié du PS"

A leurs côtés? Pour l'instant, toutes les composantes de la Nupes boudent le gouvernement. Écologistes, socialistes, communistes et insoumis ont adressé une fin de non-recevoir à Élisabeth Borne qui souhaitait les recevoir à Matignon. La Première ministre cherche de son côté à "élargir" sa majorité relative, conformément aux consignes d'Emmanuel Macron.

Certes des "désaccords" existent, mais il y a une "volonté commune de ne jamais se compromettre avec LFI, de ne jamais s'y soumettre", écrit Aurore Bergé, après la victoire de Martine Froger. Cette dernière était soutenue par les socialistes les plus critique de l'alliance des gauches, comme Carole Delga, présidente de la région Occitanie, ou Nicolas Mayer-Rossignol, numéro deux du PS et maire de Rouen.

La nouvelle députée souhaite réintégrer la formation des roses, et siéger sur les bancs du groupe à l'Assemblée nationale.

"Aujourd'hui, je fais le bonheur de la moitié du PS, je suis socialiste depuis trente ans et je reste socialiste", a déclaré celle qui était jusqu'alors adjointe au maire d'Alzen, dans l'Ariège.

Reste que, l'autre "moitié", représentée par Olivier Faure, lui-même élu d'une très courte tête lors du dernier congrès socialiste en janvier, n'a que très peu goûté à cette victoire. Favorable à l'union des gauches, la direction a estimé que "l'intergroupe de la Nupes à l'Assemblée nationale per[d] une députée". Et donc qu'il n'en gagne pas une nouvelle?

Baptiste Farge