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Parti socialiste

L'exécutif et la direction du PS cherchent à neutraliser l'appel à une primaire à gauche

Jean-Christophe Cambadélis, le 20 juin 2015.

Jean-Christophe Cambadélis, le 20 juin 2015. - Thomas Samson - AFP

Le frondeur Christian Paul a encore insisté dimanche sur la nécessité de tenir une primaire de la gauche. Une demande de consultation que l'exécutif et la direction du PS cherchent à torpiller.

L'exécutif et la direction du PS cherchent à temporiser et à neutraliser l'appel samedi de l'aile gauche du Parti socialiste à organiser une primaire à gauche pour 2017, Jean-Christophe Cambadélis considérant qu'une telle consultation "de toute la gauche est mal engagée".

L'un des porte-voix des "frondeurs" du PS, le député Christian Paul, est revenu à la charge dimanche sur iTélé, en insistant sur la nécessité d'une telle consultation, de façon à "ramener quelques repères au sein de la gauche qui est en train, pour une part d'entre elle, avec Manuel Valls, Emmanuel Macron, de dériver dangereusement vers le libéralisme économique".

Pour le député de la Nièvre, qui envisage pour une telle primaire une candidature de l'économiste Thomas Piketty, "personne n'a un droit de veto sur ces primaires. Ce n'est pas parce qu'un d'entre eux ne voudrait pas y participer que, tout d'un coup, il faudrait remballer les primaires".

L'inspiration Piketty

Thomas Piketty, "un de ceux qui ont inspiré notre mouvement parlementaire", selon les mots de Christian Paul, avait été l'un des signataires de l'appel publié début janvier dans Libération par plusieurs intellectuels, pour une primaire "des gauches et de l'écologie".

Quant aux opposants ou récalcitrants à une telle consultation, qui se tiendrait à l'automne prochain, Christian Paul est persuadé qu'un "mouvement citoyen puissant" est susceptible de faire bouger les lignes. Il pense aussi que cette primaire permettrait à "4 ou 5 millions" de Français "de retrouver une façon de s'engager en politique".

Primaire de toute la gauche ou rien

L'exécutif, par la voix de Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, de Jean-Yves Le Drian (Défense) et Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, ont réagi plus que froidement à cet appel. Pour ne pas dire qu'ils l'ont purement et simplement rejeté.

Jean-Christophe Cambadélis n'a pas critiqué frontalement l'initiative de son aile gauche, concédant qu'il était possible d'en débattre, tout en soulignant qu'"une "primaire de toute la gauche est mal engagée". "Cela peut être un moyen, si tout le monde participe, s'il n'y a pas d'oukase envers untel ou untel. Maintenant, si c'est une primaire dans laquelle il ne peut pas y avoir le président de la République, autant dire que les socialistes auront du mal à y participer", a-t-il ajouté.

Or, Jean-Christophe Cambadélis "observe que Pierre Laurent (PCF) dit, dans son document de congrès, que cette primaire ne peut pas intégrer François Hollande, que Cécile Duflot (EELV) est pas loin de penser la même chose, et que Mélenchon (Parti de gauche) ne veut pas en être pour ne pas avoir à se mettre derrière le vainqueur". Et d'enfoncer le clou:

"Si c'est une primaire de toute la gauche, il faut simplement se mettre d'accord sur le fait que celui qui l'emporte verra les autres gauches se mettre derrière lui", martèle-t-il en sachant bien que de telles conditions compromettent une telle consultation.

"Nous sommes la gauche!"

Stéphane Le Foll, au Grand rendez-vous Europe 1-iTélé-Le Monde, a été encore plus direct. "Quel est le rapport électoral?", a-t-il lancé aux "frondeurs" et à la gauche du PS. Sont-ils "capables de porter une alternative à gauche? Aujourd'hui, non, et toutes les élections qui se sont succédé l'ont montré. La gauche qui gouverne arrive en tête et largement en tête".

Il s'est déclaré "personnellement" défavorable à la tenue de cette primaire. "Il y a un président sortant qui assume une responsabilité (...) Penser, s'est-il agacé, qu'on va faire descendre le soir un président de la République pour venir débattre à une primaire..." "Nous sommes la gauche!" , a même assuré le porte-parole en défendant vigoureusement le bilan du quinquennat.

"Je ne vois pas" le chef de l'Etat, a renchéri Jean-Yves Le Drian au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, "dans cette période tendue, y compris sur la nécessaire reprise de la croissance, la lutte contre le chômage, passer en plus du temps à aller défendre le soir sur les estrades sa candidature à une primaire. Honnêtement, ce ne serait pas convenable".
V.R. avec AFP