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Jacques Delors : "les Européens ont le choix entre la survie ou le déclin"

Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne et ancien ministre de l'Economie et des Finances de François Mitterrand.

Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne et ancien ministre de l'Economie et des Finances de François Mitterrand. - -

L'ancien président de la Commission européenne et ancien ministre de l'Economie et des Finances de François Mitterrand était l'invité de BFMTV.

"L'Europe, sur la base de valeurs communes, c'est dire oui à la paix, oui à la compréhension mutuelle entre les peuples", a déclaré Jacques Delors sur BFMTV/RMC/Le Point, dimanche soir. L'ancien président de la Commission européenne a ajouté qu'il fallait "faire en sorte que l'Europe avec son histoire et ses traditions demeure une puissance qui compte dans le monde".

Le souvenir de la guerre

Adolescent lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, jeté sur les routes en 1940, Jacques Delors évoque avec émotion le souvenir de son père, mutilé "à 98%" de la Grande guerre et farouche antiallemand. "Mais, après la guerre, il m'a dit (NDR : son père) : 'il faut arrêter ces guerres civiles européennes, il faut trouver une voie d'entente'. Cela m'a beaucoup influencé", confie Jacques Delors.

"Le nationalisme, c'est la guerre", avait déclaré François Mitterrand lors de l'une de ses dernières apparitions publiques, devant le Parlement européen. A l'époque, Jacques Delors avait applaudi debout. Interrogé sur la résurgence des nationalismes européens, Jacques Delors déclare que "la capacité d'oubli des peuples et des politiques est très grande". "Sans mémoire on ne construit pas l'avenir", explique l'ex-président de la Commission européenne. "Toute sa vie, François Mitterrand a donné la priorité à l'Europe", ajoute-t-il.

L'Europe aujourd'hui

Interrogé non plus sur le passé, mais sur la situation actuelle de l'Europe, Jacques Delors a estimé qu'un changement de traité européen était à la fois nécessaire et favorable aux "intérêts français", jugeant que la "solidarité, ça passe par un abandon de souveraineté".

"Je considère qu'un changement de traité, même du point de vue des intérêts français, est meilleur que son report. La solidarité, ça passe par un abandon de souveraineté en ce qui concerne la gestion de la monnaie commune, l'harmonisation progressive des fiscalités, l'effort de cohésion à l'intérieur de la zone euro", a-t-il détaillé.

"Sans pouvoir politique, l'Europe disparaîtra"

En revanche, a-t-il poursuivi, "les systèmes sociaux sous contrôle économique doivent relever des décisions de politique nationale".

"Aujourd'hui, c'est simple : les Européens ont le choix entre la survie ou le déclin, a-t-il expliqué. "Vous remarquerez que (la chancelière allemande) Mme Merkel a fait allusion à un nouveau traité. Et une fois de plus, c'est la France qui a dit: 'On verra ça plus tard'", a-t-il ajouté.

"Si nous ne faisons pas cela, c'est-à-dire consolider l'euro, trouver un bon accord avec la Grande-Bretagne, alors nous irons vers une zone de libre-échange. Une zone de libre-échange sans pouvoir politique, sans aller de l'avant, sans politique de solidarité, c'est une Europe qui disparaîtra", a-t-il pronostiqué.

David Namias