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Faure propose un "droit de regard" pour les policiers sur les décisions de justice, tollé à gauche

Lors de la manifestation des policiers, le premier secrétaire du PS a suggéré que les policiers pourraient avoir "un avis" sur les décisions de justice. Une déclaration qui fait polémique à gauche.

C'est une déclaration qui n'est pas passée inaperçue au sein de la gauche. Interrogé lors du rassemblement des policiers ce mercredi devant l'Assemblée nationale à Paris, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) a suggéré que les policiers devraient avoir "un droit de regard" sur les décisions de justice.

"Il faut que la police ait le sentiment, non pas d'être dépossédée, comme c'est le cas aujourd'hui, des peines qui sont ensuite administrées aux prévenus, mais qu'elle puisse avoir un avis sur la question, jusqu'au moment des aménagements de peine", a ainsi affirmé le chef de file du PS face à la caméra de BFMTV. Avant d'ajouter: "Qu'ils aient un droit de regard, même si on ne va pas remplacer les juges par les policiers."

Le député de Seine-et-Marne, qui a expliqué que "les peines plancher (réclamées par les syndicats de police, NDLR) ne fonctionnent pas", a par ailleurs avancé qu'il ne fallait "surtout pas opposer" la police et la justice, "des services publics qui ont la même vocation: protéger les Français". Une intervention en marge d'un rassemblement au cours duquel la magistrature a été la cible des syndicats, le syndicat Alliance assurant que "le problème de la police, c'est la justice".

"Dérive du PS"

Plusieurs figures de pointe au sein de d'Europe Écologie-Les Verts et de la France Insoumise - qui avait boycotté le rassemblement - ont rapidement fustigé les propos d'Olivier Faure qu'ils voient comme une atteinte à la séparation des pouvoirs. "Le fond est-il atteint?", a interrogé Jean-Luc Mélenchon. "Faure propose de rétablir les tribunaux d'exception supprimés par François Mitterrand. Un tribunal contrôlé par les policiers. Au secours, Jaurès !"

Bastien Lachaud, député LFI, a dénoncé une "dérive du PS qui n'a aucune limite". "Après la déchéance de nationalité, voici qu'ils veulent maintenant atteindre au principe fondamental de séparation des pouvoirs en donnant un 'droit de regard' à la police. Consternant", a-t-il condamné sur Twitter.

Sur le même réseau social, le député LFI Ugo Bernalicis s'est demandé "à quel point la démagogie d'Olivier Faure est révélatrice de sa perte de repère idéologique et politique".

Du côté des écologistes, l'eurodéputé David Cormand s'est fendu d'un tweet ironique. "Bas ouais... ça va... on va pas se mentir, ça a toujours été un peu surfait quand même ce principe à la con de séparation des pouvoirs...", a écrit l'ancien secrétaire national d'EELV.

Ne pas "transformer les policiers en juges"

Face au tollé suscité par ses propos, Olivier Faure a réagi sur Twitter dans la soirée pour clarifier son idée, précisant qu'il ne s'agit pas "de transformer les policiers en juges". "Pourquoi ne pas élargir aux policiers les Commissions pluridisciplinaires uniques (...) qui évaluent la dangerosité ou la vulnérabilité des détenus, examinent les parcours d’exécution de peine", s'est-il interrogé.

"C'est un lieu d'échange (...) on y entend les moniteurs de sport, aumôniers, visiteurs de prison... mais on ne pourrait pas entendre les policiers sur les récidivistes ou les criminels ?", a-t-il détaillé, exhortant à "un échange régulier entre les deux services publics qui assurent notre protection".

D'après les organisateurs du rassemblement, 35.000 personnes étaient présentes ce mercredi pour cette "marche citoyenne", dont de nombreux membres des forces de l'ordre. Au-delà de l'hommage à leur collège tué à Avignon début mai, Eric Masson, les fonctionnaires de police demandaient notamment plus de sévérité dans la réponse pénale apportée à leurs agresseurs.

Fanny Rocher