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Direction du PS: les coulisses du départ de Martine Aubry

Emmanuel Macron à Oradour-sur-Glane.

Emmanuel Macron à Oradour-sur-Glane. - Capture BFMTV.

Dimanche, Martine Aubry et ses proches ont annoncé qu’ils ne feraient plus partie de la direction du PS. Des déclarations qui soulignent un peu plus les fractures du parti, et laissent craindre une rupture toute proche.

Le Parti socialiste serait-il en réalité bien plus fragile qu’il ne le laisse paraître? Seulement quelques jours après la publication de sa tribune au vitriol contre la politique menée par le gouvernement, Martine Aubry a décidé de faire suivre ses paroles par des actes: elle a annoncé, ce dimanche, qu'elle et ses proches s’apprêtaient à quitter la direction du Parti socialiste, le 7 ou le 8 mars prochain. Des rebondissements qui font couler décidément beaucoup d’encre. Le PS serait plus que jamais un parti fracturé, divisé.

Dans une tribune publiée dans Le Monde le mercredi 24 février, la maire de Lille ainsi que d’autres personnalités de gauche, dont Daniel Cohn-Bendit, reprochaient notamment à l’exécutif de recourir à un "désolant débat sur la déchéance de nationalité" et de renverser "la construction des relations sociales" avec le projet de loi sur le travail de Myriam El Khomri. Des accusations qui n’ont pas laissé de marbre: interviewé par Le Parisien, Jack Lang qualifie cette attaque comme étant "un coup de poignard dans le dos" du gouvernement.

Mais que se passe-t-il donc au sein du PS ?

Pour faire face à la montée du socialisme "social-libéral" de Manuel Valls et la tentative du Premier ministre de prendre le contrôle du parti, l’entourage de Martine Aubry avait décidé de se positionner au sein de la majorité du parti lors du dernier congrès.

"On pensait pouvoir peser de l’intérieur; on voit que ça ne marche pas", avait expliqué un proche de l’ancienne première secrétaire à Apolline de Malherbe, éditorialiste politique de BFMTV.

Forcée de constater qu’elle n’exerce quasiment plus d’influence au sein de la direction de son parti, la maire de Lille s’incline. "C'est la première fois depuis que Martine Aubry est membre du Parti socialiste qu'elle ne sera plus dans le courant majoritaire, ni dans la direction", explique notre spécialiste. 

Un point de non-retour

Jean-Christophe Cambadélis ne tentera même pas de sauver les apparences en faisant mine de retenir Martine Aubry avant qu’elle ne claque la porte. "Il y a une forme de lâcheté dans ces postures du Parti socialiste", estime Apolline de Malherbe.

Au contraire, le patron de Solférino pourrait très bien s’accommoder de ce départ. Les derniers opposants au sein du Parti socialiste laisseraient la voie libre à Manuel Valls, qui pourra enfin le remodeler à son image, sans obstacle ni coup de gueule dans les médias? Le Premier secrétaire se laisse porter par la musique. 

Comme Hollande

"De ce point de vue là, Jean-Christophe Cambadélis est le digne héritier de François Hollande: un Premier secrétaire de synthèse et de non-choix", ajoute l'éditorialiste. 

François Hollande entamera bientôt la dernière année de son quinquennat. Cette révolution n'arriverait-elle pas un peu tard? Alors qu’il n’était encore que conseiller à l’Elysée, Emmanuel Macron le pensait déjà. "Ce n’est pas depuis le début du quinquennat que François Hollande a perdu du temps", avait-il confié à Apolline de Malherbe à l’époque.

"Cela fait dix ans qu’il était à la tête du Parti socialiste en ne le réformant pas."
P. P. G. avec Apolline de Malherbe