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Benoît Hamon sur la déchéance: "Je demande à François Hollande d'abandonner ce texte"

Benoît Hamon, député PS des Yvelines et ancien ministre de l'Education nationale, était mercredi matin l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et sur RMC.

Invité mercredi matin sur BFMTV et RMC, Benoît Hamon affirme que la déchéance de nationalité "créera des apatrides". "Cette question a créé de la discorde là où il y avait de la concorde. Après les attentats de novembre, les Français se sont resserrés, et l'unité nationale était palpable. On a vu l'unité nationale dans des manifestations qui étaient spontanées. Et la question de la déchéance de nationalité est venue créer de la discorde, et ça reste pour moi un mystère et surtout un regret". "Aujourd'hui", juge-t-il, "on en paye les conséquence, c'est une erreur de mettre en débat des questions qui heurtent des centaines de milliers de Français".

Selon Benoît Hamon, des parlementaires ont subi des pressions de l'exécutif pour voter la réforme. "Le gouvernement, et le Premier ministre en tête, s'est mis dans l'embarras. Et beaucoup de collègues qui, sans être convaincus de l'importance d'inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution, n'ont pas voulu mettre le gouvernement encore plus dans l'embarras", explique Benoît Hamon. "Le Premier ministre a appelé certains députés à voter contre leurs convictions".

"Je voterai contre" la réforme, rappelle l'ancien ministre de l'Education nationale. "J'ai l'impression qu'on s'est un peu perdu (...). (La déchéance de nationalité) est inefficace à dissuader quelqu'un de faire un attentat. La question c'est, philosophiquement, est-ce qu'on veut organiser une forme de meurtre symbolique par quelqu'un perd sa nationalité? Ca n'a pas beaucoup de sens. J'ai envie de dire au président de la République: la voie qui ramène à l'unité nationale, c'est l'abandon de ce texte. C'est mieux d'abandonner un texte qui divise".

"Je serai candidat" s'il y a une primaire à gauche

Benoît Hamon a des mots durs contre le gouvernement Valls: "Aujourd'hui il y a une forme de vision de l'avenir du pays qui s'appuie sur le pessimisme, une forme de libéralisme économique décomplexé, et une approche du débat politique qui fait primer la question de l'identité sur la question sociale". Aujourd'hui a question identitaire "a pris beaucoup de place dans le débat politique" et Manuel Valls "est un de ceux qui avancent beaucoup sur ce terrain-là". "Il faut se méfier de cette pente qui est celle de la France", prévient Benoît Hamon.

La nécessité d'une primaire à gauche "s'impose" pour la présidentielle. "Si les primaires ont lieu, je serai probablement candidat", annonce Benoît Hamon "mais je ne serai pas un acteur supplémentaire de la division". Le député PS veut porter "une espérance": "On a le sentiment, pour les hommes et les femmes de gauche, d'avoir perdu beaucoup de terrain sur le fond. On a l'impression que nos idées sont minoritaires, mais aussi le sentiment d'avoir laissé quelques valeurs en route", dans une allusion là encore au choix de l'exécutif d'inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution.

Dans les rangs de la gauche, aujourd'hui, "on subit", résume Benoît Hamon. "On n'assume plus de manière décomplexée notre vision du monde. Oui il y a deux visions du monde: moi je suis pour un monde ouvert".