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"Gauche des allocs": isolé au sein de la Nupes, Fabien Roussel "assume" pourtant ses propos

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et député Fabien Roussel après avoir rencontré le président français Emmanuel Macron au palais de l'Élysée, à Paris, le 21 juin 2022.

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et député Fabien Roussel après avoir rencontré le président français Emmanuel Macron au palais de l'Élysée, à Paris, le 21 juin 2022. - Ludovic MARIN / AFP

Après avoir suscité la polémique au sein de la Nupes en parlant d'une "gauche des allocs", le secrétaire général du PCF continue d'affirmer sa singularité, quitte à s'isoler.

Fabien Roussel persiste et signe. "J'assume", dit le secrétaire général du Parti communiste français (PCF) dans une tribune au Monde après avoir confronté la "gauche du travail" et celle des "allocs", s'attirant ainsi les critiques de ses alliés de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes).

"Je me bats pour une société qui se fixe comme horizon de garantir un emploi, une formation, un salaire à chacun de ses concitoyens", écrit Fabien Roussel.

Cette semaine, ses partenaires à gauche ont continué d'affirmer leur désaccord. Les insoumis en tête. Selon Éric Coquerel, interrogé par France Info, Fabien Roussel reprend un "vocabulaire de droite" et "pour le coup, parle comme Emmanuel Macron".

Sa camarade au palais Bourbon, Clémentine Autain, dénonce quant à elle sur LCI une "faute morale et politique". D'après la députée de Seine-Saint-Denis, "opposer les uns aux autres, ce n'est pas la gauche".

"Droit à la paresse"

Preuve que le sujet fait débat, même Benoît Hamon, pourtant retiré de la vie politique, est sorti du bois. L'ancien candidat du Parti socialiste (PS) à la présidentielle de 2017 a taclé le patron des rouges .

"Y a quelqu'un pour rappeler à Fabien Roussel que les 'allocs' dont il parle, ça s'appelle la Sécurité sociale et qu'on la doit notamment à un illustre communiste, qu'on appelait 'le ministre des travailleurs', Ambroise Croizat", a-t-il tweeté.

Une question de perspectives. "Cher Benoît, la Sécurité sociale est financée par les cotisations des travailleurs. Si le travail n'existait pas, la sécu n'existerait pas non plus", a répondu le principal intéressé.

L'ancien candidat à la présidentielle creuse son sillage, quitte à s'isoler. Interrogé sur France info ce mercredi, il met en avant des "divergences de vue" avec ses partenaires de la Nupes. Non sans leur adresser une pique à peine déguisée, évoquant ceux qui défendent le "droit à la paresse, l'idée de mettre le RSA à 1000 euros".

A gauche, pas grande monde ne se bouscule au portillon pour le soutenir. Comme les insoumis, socialistes et écologistes ont eux aussi très peu apprécié sa sortie.

"On peut développer une société où il y a du travail sans reprendre les mots de l'adversaire", a fait valoir Julien Bayou, secrétaire national des Verts, lors d'un débat à la fête de l'Humanité.

Même son de cloche chez son homologue socialiste Olivier Faure. Ce dernier a critiqué ceux qui, au sein de la Nupes, "ont une expression cherchant à faire trébucher le voisin".

"No stress"

La séquence donne du grain à moudre aux éléphants socialistes opposés à l'accord passé entre les gauches lors des dernières élections législatives.

"A ce niveau de querelle, il vaudrait mieux vivre séparés", a ironisé François Hollande sur BFMTV ce mardi.

Quelques jours plus tôt, Jean-Christophe Cambadelis, ancien Premier secrétaire du PS, s'était fendu d'un tweet dans lequel il estimait que "lentement mais sûrement, la Nupes se désagrège".

"No stress", répond Fabien Roussel sur France Info. "Je souhaite qu'on se rassemble, on va avancer ensemble", dit-il. Pour justifier sa démarche, il met en avant les résultats des dernières législatives où la gauche a "progressé", mais n'a pas "gagné". Une façon pour lui de dire qu'il faut changer de braquet.

"Je souhaite m’adresser à ceux qui ont pu voter pour des candidats de l’extrême droite", explique ainsi le secrétaire général du PCF.

Un discours qui rapelle celui de François Ruffin. Lequel souhaite reconquérir l'électorat populaire acquis au Rassemblement national dans les zones rurales, en axant son discours sur le travail. Pour autant, le député de la Somme se garde bien de s'aligner sur les récentes déclarations de Fabien Roussel.

"Opposer 'la France qui bosse' à 'la France des allocs', ce n’est pas le combat de la gauche, ce ne sont pas mes mots. Les assistés sont là-haut, gavés de milliards par Macron: c’est notre travail politique quotidien que d'unir le bas contre le haut", a-t-il écrit dans un tweet.

Baptiste Farge