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Parlement

Vallaud-Belkacem: pour "la prostitution, on parle de putes"

"Le sujet avec la prostitution, ce n’est pas la sexualité", a affirmé la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, vendredi à l'Assemblée.

"Le sujet avec la prostitution, ce n’est pas la sexualité", a affirmé la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, vendredi à l'Assemblée. - -

"La prostitution a changé de visage et, avec elle, les mots ont décrit une réalité toujours plus crue: on parle de putes", a lancé la ministre Najat Vallaud-Belkacem à l'ouverture du débat à l'Assemblée nationale sur la prostitution.

"La prostitution a changé de visage et, avec elle, les mots ont décrit une réalité toujours plus crue: on parle de putes, pourquoi ne pas dire le mot, puisqu’il a envahi notre vocabulaire!", a lancé la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, vendredi au début de l'examen à l'Assemblée nationale de la proposition de loi sur le sujet.

Ce texte, qui vise à sanctionner les clients, "est une proposition d'abolition de la prostitution", issue d'un travail dépassant "les clivages traditionnels" en politique, a-t-elle souligné. "Le sujet ça n'est pas la sexualité, nous ne sommes pas là pour faire la police des mœurs (...) Le sujet c'est l'argent qui nourrit le proxénétisme", selon la ministre.

Najat Vallaud-Belkacem a dénoncé "un système qui brasse dans le monde 40 milliards de dollars chaque année", et "n'existerait pas si à l'autre bout de la chaîne il n'y avait pas quelqu'un pour payer". Le délit de racolage sera abrogé via cette loi, conformément à l'engagement de François Hollande, a-t-elle rappelé. La ministre a rejeté une "loi cachée du monde" selon laquelle les femmes s'achèteraient, comme une "perpétuation du droit de cuissage".

Des opposants devant l'Assemblée...

Entamé à la mi-journée, le débat à l'Assemblée a démarré dans un hémicycle où avaient pris place à peine une vingtaine de députés. Sur l'esplanade des Invalides, souvent cachées derrière des masques blancs ou rouges, sous des cagoules ou protégées par leur écharpe, environ 150 prostituées ont dit leur opposition à un texte qu'elles qualifient d'"anti-putes".

La proposition de loi prévoit notamment de sanctionner l'achat d'un acte sexuel d'une amende de 1.500 euros, doublée en cas de récidive, ce qui selon ces prostituées, reviendrait indirectement à les pénaliser.

"Ils essaient de nous empêcher de travailler", déplore Thierry Schaffauser, militant du Syndicat du travail sexuel (Strass), qui appelait au rassemblement. "On fait un amalgame entre le travail forcé et l'exploitation consentie".

... et des partisans venus soutenir la loi

"Ni à vendre, ni à prendre, le corps des femmes n'est pas une marchandise". A quelques centaines de mètres, le ton était tout autre: une cinquantaine de personnes, pour la plupart issues de mouvements féministes, sont venues de leur côté soutenir la proposition de loi, derrière une banderole "Ensemble pour l'abolition du système prostitueur".

"C'est un changement de société qu'on demande, un changement de société c'est toujours difficile", a reconnu Anne-Cécile Mailfert, porte-parole d'Osez le féminisme. Mais "c'est un changement bénéfique. Cette loi va dire aux clients: 'vous êtes en train d'alimenter les réseaux de traite'".

Karine Lambin