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Parlement

Une députée à l'Assemblée: "Vous êtes 73% d'hommes sur ces bancs"

La vice-présidente de l'Assemblée Sandrine Mazetier (PS) a rendu hommage aux 33 premières femmes élues députées.

La vice-présidente de l'Assemblée Sandrine Mazetier (PS) a rendu hommage aux 33 premières femmes élues députées. - Jacques Demarthon - AFP

L'Assemblée nationale a rendu hommage mercredi aux 33 premières femmes élues députées il y a exactement 70 ans, auxquelles "l'Histoire peine à rendre justice", selon la vice-présidente de l'Assemblée, Sandrine Mazetier (PS).

La scène aurait été surréaliste il y a 70 ans. Mercredi après-midi, une femme députée a interpellé une femme ministre lors d'une séance à l'Assemblée nationale présidée par une femme. "Sur ces bancs chers collègues, si vous comptez bien nous sommes 151 femmes, dit autrement vous êtes 73% d'hommes", a lancé Catherine Coutelle. Rappelant au passage que son groupe était composé de 118 femmes, la présidente (PS) de la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée a demandé au gouvernement "comment imposer" la parité en 2017.

La secrétaire d'Etat Pascale Boistard lui a répondu qu'il restait "beaucoup de chemin à faire" et "il en va de la responsabilité des partis politiques", dont certains "préfèrent payer des amendes que respecter la loi", dans une allusion notamment au parti Les Républicains.

Au début de cette séance de questions au gouvernement, une partie des députées actuelles ont fait une entrée groupée dans l'hémicycle à cette occasion, sous les applaudissements. "Merci De Gaulle", s'est exclamé un élu de droite.

"L'Histoire peine à leur rendre justice"

Il y a exactement 70 ans, 33 femmes étaient élues pour la première fois députées en France. Ces femmes "ont été les actrices d'une première victoire dans le long combat, toujours inachevé, pour l'égalité entre les femmes et les hommes", a lancé la vice-présidente de l'Assemblée Sandrine Mazetier (PS) depuis le perchoir, à l'ouverture de la séance des questions au gouvernement qu'elle présidait.

Inaugurant dans la matinée une exposition au Palais-Bourbon présentant les portraits et les parcours de ces 33 députées, Sandrine Mazetier a estimé que "ces femmes ont écrit l'histoire de notre pays" mais que "l'Histoire peine à leur rendre justice".

L'égalité de salaire hommes-femmes proposée... dès 1947

Le buste d'Olympe de Gouges, figure de la Révolution guillotinée et pionnière du féminisme, qui devait initialement être installé en salle des Quatre-Colonnes en ce jour anniversaire, le sera ultérieurement, car il n'est pas prêt. Devant un parterre essentiellement féminin, dont de nombreuses députées actuelles, Sandrine Mazetier a salué la mémoire de ces "33 femmes d'exception" élues en 1945, un an et demi après le droit de vote accordé aux femmes.

Il y avait parmi elles "de très grandes résistantes", comme Marie-Claude Vaillant-Couturier, des "survivantes des camps nazis" comme Denise Ginollin, et encore des avocates, parmi les premières inscrites au barreau, dont Madeleine Léo-Lagrange. Elles étaient issues "de familles bourgeoises ou de milieux très modestes" et trois d'entre elles avaient commencé à travailler à 11 ans, a souligné cette vice-présidente de l'Assemblée. Elles se sont révélées "des députées très actives", proposant notamment dès 1947 "une égalité professionnelle et de rémunération entre les femmes et les hommes", a noté cette élue de Paris.

Une seule est encore vivante

Une seule est encore vivante: Raymonde Nédelec fêtera jeudi ses 100 ans. Elle était communiste, tout comme 16 autres, a souligné le chef de file des députés du Front de Gauche, André Chassaigne.

Ces femmes représentaient à l'époque 5,6% du total des 586 députés. Actuellement, elles sont 151 femmes sur 577, soit 26%, une proportion inédite sous la Ve République.

En parallèle, "les droits des femmes ont progressé", mais "ces acquis sont fragiles, sans cesse menacés, et loin d'être universels", a relevé Sandrine Mazetier. Dans la matinée de mercredi, plusieurs dizaines de députées avaient posé pour une photo dans l'hémicycle. "Que des femmes sur les bancs (...) ça fait plus bizarre que si ce n'était que des hommes... mais pourquoi donc", a tweeté, ironique, la coprésidente du groupe écologiste et ancienne ministre Cécile Duflot.

Karine Lambin avec AFP