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Syrie: qui savait que quatre parlementaires se rendaient à Damas?

Trois parlementaires français ont rencontré Bachar Al-Assad, comme le montrent des photos publiées par l'agence de presse syrienne.

Trois parlementaires français ont rencontré Bachar Al-Assad, comme le montrent des photos publiées par l'agence de presse syrienne. - Ho Sana - AFP

Alors que quatre parlementaires ont rencontré des responsables du régime syrien, le gouvernement condamne fermement cette visite. Mais des éléments laissent penser que le Quai d’Orsay était a minima au courant de la visite.

Les quatre élus parlementaires qui ont fait le tour de Damas, et dont certains ont même rencontré Bachar Al-Assad, ont-ils pu partir sans prévenir personne?

Manuel Valls évoque, ce jeudi, sur notre antenne une visite à "un boucher" organisée "sans crier gare"… Tout en mentionnant que "la présidence de l’Assemblée" et les "autorités françaises devaient être au courant".

Le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, précise que "ce déplacement n'engage en rien l'Assemblée Nationale". Les quatre parlementaires estiment, eux, avoir prévenu "qui de droit" avant de partir.

Bapt avait échangé avec le Quai d’Orsay

Jacques Myard (député UMP), Gérard Bapt (député PS), Jean-Pierre Vial (sénateur UMP) et François Zocchetto (sénateur UDI) ont organisé leur déplacement avec leurs propres finances. Mais ils ne sont pas pour autant partis sans prévenir le ministère des Affaires étrangères.

Le seul élu de la majorité, Gérard Bapt, aurait refusé de rencontrer Bachar Al-Assad lui-même, même s’il a rencontré d’autres responsables du régime syrien. Il est en effet absent des images publiées par l'agence de presse syrienne.

Ce compromis aurait été une promesse faite avant son départ au quai d’Orsay, selon un article du Monde. Le ministère préfère ne pas commenter l’information, et se contente de réitérer que la visite n’a pas "été décidée en concertation avec" le Quai d’Orsay.

Rentré à Paris, Gérard Bapt maintient avoir prévenu l'Elysée et le Quai d'Orsay, qui auraient tenté de le dissuader de faire ce voyage. Mais François Hollande a affirmé, lors d'un déplacement à Manille, qu'il n'était "pas au courant" de l'organisation du voyage, "et n'avait pas à l'être".

D’autres députés ont failli être du voyage

Certains autres députés étaient également au courant du projet. "J’ai pesé le pour et le contre, et finalement j’ai renoncé" au déplacement, assume François Loncle, député PS, sur RFI.

En revanche, d’autres membres de la commission des Affaires Etrangères disent n’avoir pas été tenu au courant de l’initiative. C’est le cas du député UMP Pierre Lellouche, qui précise au Monde qu’il ne "ne se pose pas en censeur", même s’il n’y serait "pas allé dans ce cadre". La présidente de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée, Elisabeth Guigou, ne fait pas de commentaire sur le sujet.

Comme les parlementaires ont utilisés leurs propres deniers, la seule sanction qui pourrait s’appliquer se fera au niveau du parti. Du côté du PS, Jean-Christophe Cambadélis s’en remet à la haute autorité du parti. A l’UMP, Nicolas Sarkozy qualifie les quatre élus de "gugusses ", mais ne compte pas les sanctionner.

Joseph SOTINEL