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Motion de censure: les 56 députés de la majorité qui voulaient défier le gouvernement

Les députés de gauche, opposés à la loi Travail, ont échoué, à deux vois près, à réunir les 58 signatures nécessaires pour le dépôt d'une motion de censure. Parmi eux on retrouve 25 socialistes.

"C'est du courage politique, une prise de risque", a expliqué Benoît Hamon sur BFMTV mercredi. Les députés de la majorité, opposés à la loi Travail, ont échoué à déposer une motion de censure contre le gouvernement après que celui-ci a décidé de recourir à l'article 49.3 pour faire passer le texte de loi. Dans cette motion, que s'est procurée BFMTV, ces élus ont mis en avant leurs divergences de valeurs avec l'exécutif.

25 frondeurs du PS

Pour pouvoir déposer ce texte, 58 députés devaient apporter leur soutien. Quelques minutes avant l'heure butoir permettant de présenter cette motion, Laurent Baumel, élu d'Indre-et-Loire, a annoncé qu'elle avait recueillie 56 signatures, dont près de la moitié de députés socialistes. Ils sont finalement 25, auxquels il faut rajouter Thomas Thévenoud et Pouria Amirshahi, qui siègent tous deux dans le groupe des non-inscrits.

Outre Laurent Baumel figure dans la liste des soutiens Alexis Bachelay, Pascal Cherki, Aurélie Filipetti, Yann Galut, Benoît Hamon, Régis Juanico, Christian Paul, Jean-Pierre Blazy, Isabelle Bruneau, Fanelie Carrey-Conte, Dominique Chauvel, Geneviève Gaillard, Edith Gueugneau, Mathieu Hanotin, Serge Janquin, Laurent Kalinowski, Jérôme Lambert, Christophe Leonard, Michel Pouzol, Patrice Prat, Barbara Romagnan, Gérard Sebaoun, Suzanne Tallard et Paola Zanetti.

Neuf députés écologistes signataires

Neuf députés écologistes se sont associés au mouvement, dont Cécile Duflot ou Noël Mamère. La motion de censure des gauches était également soutenue par des élus du groupe Gauche démocrate et républicaine. Ces derniers pourraient être amenés à voter la motion de censure déposée, cette fois-ci, par la droite. Mardi, leur président de groupe, André Chassaigne (PCF) appelait à ne pas laisser à l'opposition "le monopole" de la contestation. 

Une position que ne partagent pas les frondeurs. A l'annonce de l'échec du dépôt de la motion de censure des gauches, Laurent Baumel a fait savoir que les frondeurs ne s'associeront pas à la droite dans cette censure. Pour lui, les raisons de la grogne des députés PS sont à l'opposé des arguments de l'opposition. "Si demain, je vote un texte qui dit le contraire de ce que je pense, je pers ma cohérence", a-t-il insisté.

"A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle"

Dans la motion de censure, soutenue par ces 56 députés, ces derniers expriment leur opposition à ce texte qui "comporte un risque grave d'atteintes aux droits des salariés et à notre modèle social". "La consécration de l'inversion de la hiérarchie des normes en droit du travail (...) constitue une régression historique", dénoncent-ils. Ces députés craignent des mesures "qui facilitent les licenciements".

"Ce projet de loi participe à l'idée fausse selon laquelle la diminution des protections des salariés favoriserait les créations d'emplois", avancent encore les députés.

Mais au delà du fond, c'est la méthode qui est dénoncée. "Reconnaissant le fait qu'il ne dispose pas de majorité pour voter ce projet, le gouvernement bafoue les droits essentiels du Parlement et fait aussi violence à des millions de citoyens", attaquent les députés signataires, qui regrettent l'absence de débats. "A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle", concluent-ils en appelant l'Assemblée à adopter leur motion de censure.

Justine Chevalier