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Parlement

Loi anticasseurs: l'interdiction administrative de manifester censurée, l'Élysée "prend acte"

Cet article 2 de la proposition de loi suscitait l'essentiel des inquiétudes des députés de l'aile gauche de la majorité présidentielle.

Le Conseil constitutionnel a censuré, ce jeudi, l'article phare de la proposition de loi anticasseurs qui donnait à l'autorité administrative le pouvoir d'interdire de manifestation toute personne présentant une "menace d'une particulière gravité pour l'ordre public".

"Les dispositions contestées laissent à l'autorité administrative une latitude excessive dans l'appréciation des motifs susceptibles de justifier l'interdiction", écrivent les "sages".

Jeudi dans l'après-midi, l'Élysée et Christophe Castaner ont indiqué avoir "pris acte" de la décision du Conseil constitutionnel. Le ministre de l'Intérieur "étudiera en lien avec les parlementaires, les suites à donner à cette décision", indique le communiqué.

Atteinte à la liberté de manifester

L'article 3 de ce texte, présenté par le gouvernement comme une "loi de protections" dénuée de "tout arbitraire", permettait aux préfets de prononcer des interdictions administratives de manifester sanctionnées de six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.

Aux termes de l'article, cette interdiction ne pouvait frapper que les personnes ayant commis des "atteintes graves à l'intégrité physique des personnes ainsi que des dommages importants aux biens" ou encore "un acte violent" lors de manifestations précédentes. 

Inspirée de l'interdiction de stade, cette mesure préventive qui s'accompagnait d'une inscription au fichier des personnes recherchées (FPR) avait été vivement dénoncée comme percutant les libertés d'aller et venir, le droit d'expression collectif et de réunion, qui sont protégés par la Constitution.

Les autres articles validés

Des arguments qui ont retenu l'attention du Conseil constitutionnel, qui avait été saisi par des parlementaires des oppositions mais également par le chef de l'Etat Emmanuel Macron.

"Compte tenu de la portée de l'interdiction contestée, des motifs susceptibles de la justifier et des conditions de sa contestation, le législateur a porté au droit d'expression collective des idées et des opinions une atteinte qui n'est pas adaptée, nécessaire et proportionnée", écrit dans sa décision le Conseil, où siégeait pour la première fois l'ex-Premier ministre Alain Juppé.

Les "sages" ont en revanche validé les autres articles soumis à son contrôle qui autorisent notamment les fouilles de sacs et de véhicules dans les manifestations et à ses abords (article 2), et créent un délit de dissimulation volontaire du visage puni d'un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende (article 6). 

Jeanne Bulant avec AFP